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L'archipel des hérétiques

L'archipel des hérétiques

Titel: L'archipel des hérétiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mike Dash
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l'armée comptaient parmi ses plus fidèles alliés -
ces jeunes aristocrates, tels que Coenraat Van Huyssen, ou Gysbert Van
Welderen, qui avaient jusque-là voyagé dans le relatif confort de la poupe, ne
s'étaient guère découvert de goût pour la vie au grand air, sur ce banc de
corail. Vu leur jeune âge (ils n'avaient pas plus de vingt et un ans) 34 et leur inexpérience, ils ne risquaient pas de remettre en question le pouvoir
de l'intendant adjoint - et leur habileté dans le maniement des armes suffisait
à en imposer à la canaille et à la plèbe de l'île. Il y avait aussi quelques
soldats de la Compagnie, sous les ordres du caporal Jacob Pietersz qui avait
lui aussi trempé dans le complot du Batavia. Parmi ces derniers, les
plus efficaces étaient deux jeunes mercenaires allemands, déterminés et
robustes, Jan Hendricxsz, natif de Brème, et Mattys Beer, de Munsterbergh, tous
deux âgés d'une vingtaine d'années. Comme certains de leurs camarades, ils
avaient dû prendre part à certains épisodes particulièrement sanglants de la
guerre de Trente Ans 11 ,
glanant en chemin une inestimable expérience militaire. Le troisième groupe de
mutins, le moins nombreux, était constitué d'une poignée de marins - les
recrues de Jacobsz ; ceux qu'il n'avait pu emmener avec lui sur la chaloupe. A
leur tête se trouvait Allert Janssen, l'ami du capitaine, celui qui avait mené
l'expédition contre Lucretia Jans.
    Les mutins du Batavia avaient si bien caché leur
véritable nombre qu'il est à présent impossible de dresser la liste exacte de
ceux déjà recrutés avant le naufrage du navire. On peut néanmoins avancer le
nom de Rutger Fredricx 35 , un artisan de vingt-trois ans, originaire
de Groningue, qui fut l'une des premières recrues de Jacobsz. Il était le
serrurier du Batavia et ses compétences auraient été précieuses pour les
rebelles, qui envisageaient d'emprisonner ou d'enchaîner leurs deux cents camarades.
Parmi les commis de la VOC, un ou deux avaient eu vent du complot et, comme ils
comptaient parmi les plus proches collaborateurs de Jeronimus à bord du Bata-via , eux aussi durent figurer parmi les premières recrues. Les autres
complices de l'intendant adjoint furent recrutés après le naufrage 36 .
Sans doute furent-ils choisis parmi les amis des mutinés, ou parmi ceux qui se
plaignaient le plus amèrement de la vie sur l'île.
    David Zevanck 37 , l'un des commis, natif d'une
région rurale du nord d'Amsterdam, jouait un rôle d'une importance particulière
auprès de Jeronimus. Comme les autres, il était tout jeune et sans doute issu
d'une famille honorable, possédant quelques biens, voire quelques quartiers de
noblesse. On ignore tout des circonstances qui l'ont poussé à s'engager sur le Batavia. En sa qualité d'employé administratif du navire, il devait avoir
un minimum d'instruction, mais son caractère présentait des côtés plus sombres
et plus coriaces. Ce garçon robuste, capable de se servir d'une épée, était
peut-être à bord la personne dont le caractère se rapprochait le plus de celui
de Cornelisz, par son cynisme, surtout, et par la férocité de ses ambitions. Il
devint donc, tout naturellement, le bras droit de l'intendant adjoint. Il
faisait office de relais entre lui et ses hommes, tout en veillant à la bonne
exécution de ses ordres.

Dès la troisième semaine de juin, Cornelisz et Zevanck
commencèrent à passer à l'action, mais de façon «très discrète et très
progressive 38 , de sorte que, durant les vingt premiers jours,
personne ne s'aperçut de rien ». L'intendant adjoint sépara ses hommes d'avec
les autres rescapés. 11 les installa dans deux tentes distinctes 39 ,
avec leurs armes, et rassembla toutes les autres armes de l'île dans un magasin
central auquel lui seul avait librement accès. Puis il interdit aux
charpentiers d'entreprendre la construction de leurs propres bateaux de
sauvetage à partir des restes de Y indiaman 40 et se mit en
quête de moyens de réduire la population de l'île. Cette dernière précaution
était strictement indispensable, s'accordait-il à penser avec Zevanck, car il
leur fallait à la fois préserver les ressources et limiter les risques de voir
leur complot démasqué. En l'état, la proportion des mutinés n'était encore que
d'un contre six, par rapport à la population totale de l'île. Aussi se
fixèrent-ils comme premier objectif de ramener cette proportion à un contre
trois.
    Jeronimus eut recours

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