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L'archipel des hérétiques

L'archipel des hérétiques

Titel: L'archipel des hérétiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mike Dash
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à une solution aussi simple
qu'efficace. Il envoya ses hommes explorer l'archipel dès que les marins eurent
terminé le premier des esquifs qu'ils construisaient à partir du bois récupéré.
Leur but n'était pas tant de trouver des points d'eau et de nouvelles colonies
d'otaries - ce qui fut le prétexte officiellement présenté aux autres occupants
du campement - que de fournir à Cornelisz des informations détaillées sur
l'environnement dans les autres îles de l'archipel. A ses yeux, peu importait
que ses hommes repèrent ou non de nouvelles sources de ravitaillement. Il ne
cherchait qu'une excuse pour éloigner des groupes de rescapés et les envoyer
dans les autres îles.
    Ses hommes revinrent un ou deux jours plus tard, et
annoncèrent qu'ils n'avaient rien trouvé d'intéressant. Tout comme Pelsaert et
ses marins, ils avaient exploré les deux grandes îles situées au nord sans y
trouver trace d'eau douce. Ils s'étaient aussi arrêtés sur deux îlots de
dimensions plus modestes, dont l'un était situé à moins d'un kilomètre de là, à
l'ouest du chenal qui longeait la côte ouest du Cimetière du Batavia, et
l'autre un peu plus bas, vers le sud. Le plus proche de ces îlots était une
étroite langue de terre sablonneuse qui s'étendait dans le sens nord-sud sur
plus d'un kilomètre. Cette île était couronnée d'une étroite corniche couverte
d'une herbe rude et d'une végétation rase. Elle abritait des nuées d'oiseaux et
des centaines d'otaries - à tel point qu'elle prit par la suite le nom d'île
aux Otaries. Mais l'eau des quelques mares qu'ils y avaient découvertes près de
la pointe sud était saumâtre et impropre à la consommation. L'autre île, celle
sur laquelle Ariaen Jacobsz avait naguère établi son camp provisoire, était
tout aussi déserte et désolée. Les hommes de Jeronimus n'y avaient trouvé que
quelques barils vides ayant contenu des biscuits 41 , et avaient
baptisé le récif l'île aux Traîtres 42 , en souvenir de ceux qui les
avaient abandonnés. Ce n'était qu'une langue de terre aride, dont la seule
ressource était les morceaux de bois qui venaient s'échouer en grand nombre,
tout le long de la côte sud.
    Ni l'une ni l'autre de ces îles n'aurait pu offrir à une
poignée d'hommes de quoi subsister, mais c'était bien le dernier des soucis de
l'intendant adjoint : « Il déclara que la population rassemblée sur l'île (le
Cimetière du Batavia ), qui ne comptait pas moins de deux cents âmes,
devrait être réduite à quelques-uns 43 », déclara par la suite
Gijsbert Bastiaensz. Cornelisz leur annonça sans sourciller que ses hommes
avaient fait d'importantes découvertes. « À leur retour, ses gens savaient
parfaitement qu'il n'y avait là-bas rien qui puisse consoler âme qui vive,
souligne le pasteur. Mais l'intendant adjoint les enjoignit de dire qu'ils
avaient trouvé de l'eau et de quoi manger. Après quoi, il y envoya d'autres
personnes et d'autres encore partirent de leur plein gré pour aller voir par
elles-mêmes s'il y avait de l'eau douce. »
    Un groupe de quarante hommes, femmes et enfants fut ainsi
transféré vers l'île aux Otaries 44 . On les abandonna avec quelques
barils d'eau et la promesse qu'ils recevraient d'autres provisions, lorsque le
besoin s'en ferait sentir.
    Un autre groupe de quinze personnes, ayant à sa tête le
prévôt Pieter Jansz, partit en direction du sud, vers l'île aux Traîtres. Ils
emportèrent avec eux les outils nécessaires à la confection d'embarcations et
de radeaux. Jeronimus leur promit qu'ils pourraient ensuite gagner les îles les
plus grandes, situées au nord, dès que les bateaux seraient prêts à prendre la
mer 45 .
    Peu après, vers la fin de la troisième semaine de juin 46 ,
on annonça que l'« île Haute » et sa voisine 47 , située au nord,
devraient à leur tour être colonisées. Ces deux îles avaient déjà été explorées
à deux reprises et sans succès - le 6 juin, par Pelsaert, puis, quinze jours
plus tard, par Zevanck et ses hommes. Mais les survivants du Cimetière du Batavia ignoraient qu'il n'y avait pas d'eau. Personne n'éleva donc la
moindre protestation, lorsqu'un détachement de vingt personnes y fut envoyé, en
quête d'improbables points d'eau. La plupart de ces groupes étaient constitués
d'hommes de troupe, qui restaient fidèles à la Compagnie et comptaient parmi
eux, à en croire le pasteur, « certains des soldats les plus braves 48 ». Jeronimus s'arrangea pour ne

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