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L'armée perdue

L'armée perdue

Titel: L'armée perdue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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eaux.
    Alors qu’ils se reposaient, ils aperçurent sur l’autre rive un vieillard, une femme et deux enfants qui pénétraient dans une grotte sous un surplomb rocheux et y dissimulaient des baluchons renfermant peut-être leurs seuls biens.
    « S’ils sont passés, nous pouvons passer nous aussi », déclara Archagoras.
    — Essayons sans tarder », approuva Amphicratès. Ils descendirent sur la rive, ôtèrent épée, ceinturon et armure puis s’enfoncèrent dans le courant, armés de leur seul poignard. Le fond était constitué de sable et de gravier très fin. Une fois parvenus au milieu de la rivière, ils constatèrent que l’eau ne leur arrivait même pas à l’aine.
    « Tu sais ce que cela signifie ? demanda Archagoras.
    — Que nous avons découvert le gué, que l’armée peut passer par ici et prendre les Arméniens de revers.
    — Bien. Courons vite aviser les nôtres avant qu’ils fassent une folie. »
    Ils rebroussèrent chemin et, ayant rendossé leur armure, s’acheminèrent vers une colline couverte d’un bois de chêne qui se dressait non loin de là. Un sentier, ménagé par le passage de bergers et de troupeaux, menait à son sommet, et les deux officiers le parcoururent jusqu’au bout. Enfin, le campement et la vallée s’offrirent à leur vue. L’armée, alignée en colonne et sur le pied de guerre, marchait vers les Arméniens, tandis que les Cardouques s’engageaient sur les pentes pour les attaquer par-derrière. Archagoras s’écria : « Arrêtez-vous ! Arrêtez-vooooous !
    — Ils ne peuvent pas t’entendre. Essayons de les rejoindre, vite, courons ! » Amphicratès s’élançait quand il se heurta à un ours énorme, tout juste sorti du bois. « Va-t’en, malédiction ! » hurla-t-il en agitant un bâton, mais ses mouvements agacèrent l’animal qui se dressa sur ses pattes et se mit à grogner, exhibant des crocs gigantesques et de puissantes griffes.
    Amphicratès se glissa sur le côté, or la bête le précédait avec rapidité et se rapprochait, de plus en plus menaçante. Archagoras hurla : « Viens vers moi, vite, recule, recule ! » Mais Amphicratès voulait rejoindre à tout prix ses camarades engagés dans une bataille mortelle avec la rivière et l’ennemi. L’ours se ruait vers lui quand Archagoras l’attrapa et le projeta au sol, plus loin.
    « Qu’est-ce que tu fais ? » s’écria Amphicratès en bondissant sur ses pieds.
    Puis il remarqua que l’ours s’était calmé, qu’il traversait le sentier en direction de la rivière. C’était une femelle. Elle réunit ses petits qui jouaient au bord du précipice et les ramena paisiblement vers le bois. Hors d’haleine, il interrogea : « Comment as-tu…
    — J’ai vu les oursons, et j’ai compris. Je viens d’Arcadie, je connais bien ces animaux. Il y a des règles à respecter en leur présence. En premier lieu, éviter de se placer entre une mère et son petit. Sinon on est mort. Par chance, je les ai vus. Et maintenant, courons. »
    Ils dévalèrent la pente à bout de souffle.
    Deux sentinelles qui montaient la garde le long de la rivière les virent approcher à toute allure.
    « Halte ! s’écrièrent-ils. Ou vous êtes morts ! » Tandis que l’un avançait, le second brandissait sa lance, prêt à frapper.
    « Imbécile, tu ne me reconnais pas ?
    — Commandant Archagoras… Commandant Amphicratès…
    — Allez avertir le général Sophos, dites-lui que nous avons trouvé le gué ! Vite ! »
    Les deux jeunes gens s’élancèrent, on aurait dit des athlètes tant leur foulée était rapide. Pendant ce temps, Archagoras et Amphicratès s’effondrèrent, épuisés.
    La colonne fut arrêtée alors qu’elle s’apprêtait à entrer dans la rivière.
    Les deux officiers furent conduits auprès de Sophos. Le conseil fut aussitôt convoqué pour écouter ce qu’ils avaient à dire. Le nouvel ami de Xéno, Lykios de Syracuse, qui commandait le petit groupe de cavalerie constitué après l’abandon des chariots, y assistait aussi.
    Un détachement de deux mille hommes se dirigea vers les Cardouques qui, surpris, s’immobilisèrent. Le reste demeura aligné le long de la rivière.
    « Un arbre déraciné par une tempête se tendait vers le milieu de la rivière, commença Archagoras. J’ai réussi à attraper une de ses branches. Amphicratès, que vous voyez ici, s’est alors agrippé à ma jambe droite et nous avons fini par nous hisser tous deux

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