Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'armée perdue

L'armée perdue

Titel: L'armée perdue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
Vom Netzwerk:
sur le tronc. Un prodige ! Nous étions gelés et à bout de forces.
    — Nous avons sauté sur la rive, poursuivit son camarade, et nous sommes aussitôt mis en route. Le courant nous avait entraînés à une distance de plusieurs stades. Nous craignions d’être abandonnés…
    — … ou de rater la fête au cas où vous auriez décidé d’attaquer, intervint Amphicratès.
    — Oui. À l’aube, nous avons compris où nous étions : à moins d’une heure de marche du campement. Nous inspections les environs quand des voix se sont fait entendre, et nous nous sommes cachés. Un couple de vieillards et deux enfants guéaient la rivière. Il y avait là un éperon rocheux dans lequel s’ouvrait une grotte où l’homme et la femme semblaient dissimuler des baluchons. Bref, si deux vieillards et deux enfants ont réussi à traverser, je pense que nous le pourrons nous aussi. »
    Amphicratès relata également l’épisode de l’ourse, et chacun estima que les dieux avaient accompli un prodige en indiquant ainsi une issue à l’armée.
    On élabora aussitôt un plan : une partie des troupes feindraient de traverser la rivière, tandis que le reste la guéerait en aval et prendrait les Arméniens de revers. Un bataillon tiendrait les Cardouques à distance.
    Xéno me demanda de porter le vin qui nous restait aux deux hommes qui avaient découvert le gué.
    « Buvez, vous l’avez mérité ! » Les deux officiers ne se firent pas prier et déclarèrent qu’ils étaient prêts à tout.
    « Et maintenant, en route ! » ordonna Sophos.
    L’armée longea la rivière derrière Archagoras et Amphicratès. Comme d’habitude, Xéno commandait l’arrière-garde. Au centre cheminaient les bêtes de somme et les filles qui suivaient l’armée. On les avait regroupées : elles étaient nombreuses.
    Le bataillon demeuré en arrière s’appuya à la rivière d’un côté et affronta les Cardouques de l’autre. Mais quand les Arméniens virent que les nôtres marchaient le long de la rive dans le sens du courant, ils détachèrent deux escadrons à cheval et les dépêchèrent dans la même direction. J’avançais avec les filles et Lystra sans cesser de chercher Mélissa du regard. Où avait-elle échoué ?
    Une fois parvenus au gué, les nôtres traversèrent. Les cavaliers arméniens se tenaient déjà sur l’autre rive, et nos soldats se lancèrent en avant. « Alalalaï ! »
    Les capes rouges étaient réapparues, irrésistibles, téméraires, irrépressibles. De la rive, les filles les encourageaient à tue-tête :
    « Allez ! En avant, en avant ! Plus vite !
    — Montrez-leur qui a le plus de couilles ! »
    Je criai avec elles des obscénités que je n’ose pas répéter, mais que les nôtres entendirent. Pendant ce temps, Xéno et Lykios de Syracuse se jetèrent à l’eau avec la cavalerie, soulevant une nuée d’éclaboussures et attaquant aussitôt l’ennemi sur le flanc.
    Les filles étaient tellement sûres de leurs hommes qu’elles entreprirent à leur tour de traverser. Pour éviter de mouiller leurs vêtements, certaines les remontèrent jusqu’à l’aine, montrant la récompense qui attendait nos guerriers. Mais ceux-ci ne pouvaient certes pas détourner les yeux des Arméniens pour le moment.
    J’aperçus deux cavaliers arméniens au sommet d’une colline, peut-être deux officiers, qui faisaient pivoter leurs chevaux et s’élançaient à toute allure vers le nord. Ils avaient compris comment les choses allaient se terminer. Peu après, la cavalerie arménienne se replia sous le choc des nôtres. Le fait d’avoir trouvé une issue aussi inespérée dans des conditions quasi prodigieuses avait démultiplié leurs forces. Voilà que frappait de nouveau l’avalanche de bronze qui avait balayé tous les obstacles des Portes de Cilicie jusqu’au Tigre et aux montagnes de l’Arménie.
    Sophos délogea les fantassins du promontoire qui surplombait la grotte et continua d’avancer, mais la cavalerie avait reculé pour mieux charger. Le comprenant, le général en chef aligna ses hommes. Il cria : « Première ligne : à genoux ! Deuxième ligne : derrière ! Troisième ligne : debout ! Lances… vers le bas ! »
    J’étais si près que je pouvais entendre ses ordres et voir la cavalerie arménienne attaquer sur ses destriers massifs. Elle accéléra, lança une, deux salves de javelots et finit par se heurter à un mur de bronze. Les nôtres ne cédèrent pas

Weitere Kostenlose Bücher