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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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durement Nogaret. Je vous supplie, Sire, de changer vos plans.
    — Absurde ! rétorqua Philippe. C’est moi qui ai mis ce code au point. En changer provoquerait une confusion certaine, voire un délai. Les envoyés d’Édouard font déjà des pieds et des mains au Saint-Siège pour pousser ce balourd de Boniface VIII à rédiger une bulle condamnant nos visées sur la Flandre.
    — Et nous, nous versons de l’argent au Saint-Père pour retarder la proclamation de cette bulle.
    — En ce cas, conclut le monarque dans un souffle, Édouard d’Angleterre va attendre jusqu’aux calendes grecques.
    Philippe le Bel s’assit sur sa cathèdre :
    — Il nous reste Achitophel : a-t-il envoyé des messages ?
    Amaury de Craon fit une grimace :
    — Comme il ne pouvait recueillir aucun renseignement à Londres, il a expédié de fausses lettres au manoir de Corbett à Leighton afin de savoir où se trouvait ce dernier. Et il était installé à Nottingham, souligna Craon d’un ton jubilatoire, bien avant que n’y arrive le clerc préféré d’Édouard.
    — Nottingham ? s’étonna le souverain.
    — Une aubaine pour nous, Sire : le roi Édouard a du mal à contrôler les routes du Nord vers l’Écosse. On parle de hors-la-loi et d’embuscades meurtrières. C’est un autre bâton dans les roues pour l’Angleterre, ajouta-t-il, narquois, avant de redevenir sérieux. Mais est-ce bien sage de vouloir tuer Corbett ?
    Philippe le Bel fixa son énigmatique garde du Sceau privé avant d’éclater de rire. Ses deux conseillers le regardèrent, le visage de marbre.
    — Sire ?
    Le roi menaça Craon du doigt :
    — Vous vous faites du mauvais sang, Amaury ! Je devine ce que vous pensez : « Si nous assassinons le clerc attitré d’Édouard, le roi d’Angleterre ripostera en expédiant l’un des nôtres ad patres. »
    Le monarque se pencha et pinça le poignet de Craon :
    — Vous, le cas échéant !
    Craon cligna des yeux en s’efforçant de ne rien laisser paraître. Il ne se faisait aucune illusion sur son maître. On disait que Philippe le Bel avait un coeur de pierre et qu’il était habité par une ambition et une seule : la gloire des Capétiens. Il rêvait de bâtir un empire qui rivaliserait avec celui de Charlemagne. Craon jeta un regard oblique par-dessus la table. Lui ou même Nogaret n’étaient que de simples pions en regard d’une telle entreprise.
    Le monarque hocha la tête et contempla la statue d’albâtre de Saint Louis.
    — Cessez de vous soucier de Messire Corbett ! Achitophel a des ordres bien précis ! Le clerc doit périr d’une façon qui ne soulèvera aucun soupçon et Édouard d’Angleterre aura bientôt d’autres chats à fouetter que la mort d’un simple sujet. Bien !
    Il repoussa des pièces d’échiquier et parcourut rapidement les parchemins étalés sur la table :
    — Tout est-il prêt ?
    — Tout, sauf la date, répondit Nogaret.
    Le roi se renfonça sur son siège et se balança doucement. Dieu lui enverrait un signe, il en était convaincu. Il entendit un autre hurlement dans la cour et compta les cierges brûlant devant la statue de Saint Louis.
    — À la fin juin, murmura-t-il, les blés seront mûrs et prêts à être moissonnés.
    Il recompta les bougies : dix, en tout. Il se pencha vers ses conseillers :
    — Envoyez un message au commandant de mes troupes. Dites-lui d’envahir la Flandre à l’aube du 10 juillet…
    Son beau visage aux cheveux argentés se tourna vers la fenêtre :
    — ... et, au fait, les cris de ce misérable m’importunent ! J’ai changé d’avis : s’il est encore vivant au crépuscule, pendez-le !

CHAPITRE X
    L’accueil que reçut Corbett au prieuré de Kirklees fut loin d’être cordial. Il dut ronger son frein un bon bout de temps à la grande porte avant qu’une soeur converse bougonne ne le conduisît au logis de la prieure, en traversant une cour envahie par l’herbe sèche. Mère Elizabeth Stainham ne se montra guère plus affable. Grande et mince, les traits bien dessinés, elle répondit froidement aux salutations du clerc. Ce n’est que lorsque celui-ci fit abruptement part de son rang et de la confiance dont le roi l’honorait qu’elle se radoucit et l’invita à s’asseoir pour partager vin et friandises.
    — Bon ! Bon ! murmura-t-elle en s’installant plus confortablement et en tirant les manches de son habit marron foncé.
    Corbett remarqua avec amusement les poignets

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