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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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bordés de fourrure blanche et la soie chatoyante de la cotte. Il fut frappé par l’opulence de la pièce : tapis de laine, lourds meubles vernis, minces bougies de cire vierge dans des candélabres, bols d’eau de rose, verres de Venise posés sur un plateau d’argent et tentures murales en damas, brodées de fils d’or ou d’argent. Mère Elizabeth, conclut-il, vivait sur un grand pied, à l’instar d’une dame de haute noblesse. Quant au vin blanc frais qu’elle lui offrit, il flatta agréablement son palais, preuve qu’elle se servait chez les meilleurs marchands de York ou de Londres.
    — Sir Hugh ?
    Corbett tressaillit. La prieure lui avait posé une question.
    — Veuillez m’excuser, ma mère. La chevauchée m’a rompu les os.
    Elle eut un sourire de convenance.
    — Sir Hugh, je vous ai demandé en quoi notre humble demeure pouvait bien intéresser un émissaire spécial du roi.
    — La raison de ma présence ici n’est pas tant le prieuré qu’un visiteur récent et une dame qui y a séjourné. Vous les connaissez, je crois : Robin de Locksley, un de vos parents éloignés, et Lady Mary.
    Mère Elizabeth était certes capable de dissimuler ses émotions sous un masque de froideur, mais – Corbett l’aurait juré – elle faillit lâcher son verre et s’empressa d’ailleurs de le poser sur la table. Son tremblement nerveux et la lueur angoissée qui passa dans son regard n’échappèrent pas au clerc.
    — Vous semblez bouleversée, ma mère ?
    La prieure hésita.
    — Bouleversée, non. Plutôt irritée. Nous avons entendu parler des exactions commises par ce hors-la-loi. J’ai honte de ce que le même sang coule dans nos veines et suis encore plus navrée d’avoir donné refuge, dans ce prieuré, à une femme qui s’est acoquinée avec des brigands et vit à présent, comme une vraie sauvage, au coeur de la forêt.
    — Ma mère, reprit Corbett en s’appuyant sur le bureau qui les séparait, notre souverain a la ferme intention d’obliger ce scélérat à rendre des comptes. Cela dit, d’après les renseignements que j’ai pu glaner, Robin de Locksley a quitté l’armée d’Écosse bien décidé à épouser Lady Mary et à finir tranquillement ses jours dans son manoir. C’est ce que m’a affirmé le père Edmund, le prêtre qui dessert cette paroisse, et c’est ce qu’a confirmé le vieil intendant de Locksley. Alors, qu’est-ce qui a bien pu le faire changer d’avis ?
    La prieure se mit à arpenter la pièce en s’efforçant de donner le change : elle ajustait ostensiblement sa guimpe ou lissait ses manches volumineuses, mais Corbett n’avait aucun mal à voir qu’elle cherchait à dissimuler sa nervosité.
    — Ma mère, enchaîna-t-il doucement, je suis l’émissaire du roi dans cette enquête et j’aimerais que vous répondiez à ma question.
    Elle s’immobilisa et lui décocha un regard venimeux qui le fit tressaillir.
    — Je déteste Robin de Locksley ! siffla-t-elle. Je l’ai toujours exécré. Pour son affection envers les vilains, pour la façon dont le menu peuple chantait ses exploits, pour son arrogance et sa vantardise et enfin pour son mépris des lois, qui ne l’empêcha pas d’être comblé d’honneurs par le roi en personne !
    Elle reprit haleine, les mains crispées.
    — Mais en ce cas, s’étonna Corbett en observant son visage durci par la haine, pourquoi avoir donné refuge à sa bien-aimée ?
    — Parce qu’il me l’a demandé ! répondit-elle, acerbe. Parce que j’ai eu pitié de Lady Mary. Parce que j’ai cru pouvoir la sauver et la remettre dans le droit chemin.
    « Oh, je n’en doute pas une seconde ! pensa Corbett. Vous vous seriez fait une joie de voir leur amour se briser et de cacher aux yeux de Robin et aux yeux du monde la femme qu’il adorait. »
    — Lady Mary a-t-elle pris le voile ?
    — Non. Elle n’a pas prononcé ses voeux, elle est restée ici comme d’autres dames, veuves ou non, qui ont fui la tyrannie des hommes. Et elle vivait heureuse jusqu’au...
    — Jusqu’au retour de Robin ?
    — Exactement !
    — Mais enfin, pourquoi est-elle venue dans ce prieuré ?
    — L’une des conditions de l’amnistie de Robin était qu’il serve un certain temps dans l’armée royale d’Écosse. Lorsque Lady Mary vit qu’il l’oubliait si vite et faisait passer les ordres du roi avant ses désirs à elle, elle en conçut un vif dépit ainsi qu’une profonde amertume.
    Mère

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