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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Corbett :
    — Vous voyez, Messire, quand Robin était dans la forêt de Sherwood, il m’faisait souvent parvenir des messages. Mais comme, pour sûr, il avait peur de s’faire prendre au piège, on avait décidé qu’il s’servirait toujours d’encre violette et qu’il mettrait sur chaque lettre son sceau secret.
    Corbett étudia les manuscrits. L’encre était délavée sur certains, plus récente sur d’autres.
    — Avait-il poursuivi des études ? demanda Corbett. Savait-il au moins lire et écrire ?
    — Un peu, mais c’était toujours un clerc qui rédigeait ses lettres. Dieu sait, Messire, qu’y a bien assez de fripouilles qu’ont commencé leurs carrières dans les collèges de Cambridge ou d’Oxford, sauf votre respect !
    La remarque amusa Corbett qui examina les parchemins de plus près.
    — Et le sceau secret ?
    Naismith montra une tache de cire au coin du manuscrit. Corbett s’approcha de la fenêtre et, à la lumière du jour, détailla soigneusement le dessin, rudimentaire mais explicite, gravé dans la cire : un homme debout, arc dans une main, flèche dans l’autre. Ce genre de sceaux était très répandu, car les seigneurs et même les simples francs-tenanciers devaient certifier des documents et se protéger des faux.
    Corbett parcourut rapidement les messages les plus récents qui ordonnaient à Naismith de vendre les biens meubles et le bétail et qui l’avertissaient qu’on viendrait prendre, en pleine nuit, les fonds ainsi récoltés.
    — Comment cela s’est-il déroulé ? questionna Corbett. Est-on venu chercher l’argent de Robin ?
    — Oui, la nuit, deux ou trois fois seulement. Un homme est arrivé, porteur d’un message de Robin. J’lui ai donné de l’or et il a disparu comme un feu follet.
    — Pourquoi ? interrogea Corbett.
    — Pourquoi quoi ?
    — Pourquoi un hors-la-loi vendrait-il tous ses biens ?
    Naismith voûta les épaules, comme si tout lui était devenu indifférent.
    — J’suis vieux, comme le frère Edmund, reconnut-il. J’ai fait ce que j’ai pu et n’en peux mais. Je sers cette famille depuis que j’sais marcher. Ce que le maître ordonne, Naismith l’exécute. Mais à dire le vrai, j’ne pense pas que Robin de Locksley désire r’venir vivre ici.
    L’intendant eut un geste résigné en regardant autour de lui :
    — Après tout, le manoir ne vaut pas tripette : des écuries, des pâturages, què’ques terres. Peut-être que l’maître veut s’en aller définitivement ?
    — Vous ne voyez rien d’autre à m’apprendre ?
    — Non. Ce que je sais, vous l’savez à présent. C’est tout.
    Corbett le remercia, alla chercher son cheval et reprit la route. La brume matinale s’était complètement dissipée et il sentait déjà la chaude caresse du soleil sur son dos. Il écouta les menus bruits de l’été : le bourdonnement des insectes dans les champs, les cris suraigus des martinets en chasse et le roucoulement monotone des tourterelles des bois. Il observa les alentours en se félicitant d’être hors de danger. Soit son poursuivant avait renoncé à le traquer, soit il préférait agir un autre jour et à un autre endroit. Corbett pressa doucement les lianes de sa monture, puis s’arrêta un instant pour contempler le manoir en ruine. Tous les indices ramenaient à Kirklees. C’est là-bas que s’était produit l’événement qui avait fait basculer l’esprit de Robin de Locksley dans un maelström de folie meurtrière. Un homme tout entier voué à la vengeance. Mais pourquoi ? Et comment l’attirer dans un traquenard ?
    Corbett se rongea, jusqu’au vif, l’ongle du pouce. On approchait déjà de la fin juin. Le roi exigeait qu’une solution au message codé fût trouvée dans les jours suivants. L’angoisse étreignit Corbett. Mais comment résoudre cette énigme, tout en se gardant d’Achitophel, le sicaire, et en poursuivant un hors-la-loi qui, aussi insaisissable qu’une ombre, apparaissait et disparaissait à volonté dans les profondeurs de Sherwood ? Il regarda sa bague. Le roi lui avait donné un choix, en dernière ressource.
    — Si vous en êtes incapable, Corbett, avait-il rugi, si vous êtes incapable d’arrêter ce maudit coupe-jarret, alors offrez-lui une amnistie pour tous ses délits, à condition qu’il me rende l’argent des impôts et s’acquitte du prix du sang pour les hommes qu’il a massacrés.
    Corbett contempla l’horizon, l’esprit ailleurs. Devait-il

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