Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
Vom Netzwerk:
s’élevait un pavillon blanc aux volets verts. Bob distingua du
linge gonflé par le vent sur une corde à linge, les piquets blancs réguliers de
la clôture du jardin, une balançoire dans un sycomore.
    « Jesse s’est finalement dégoté une
demeure à la hauteur de son renom, déclara Charley en plagiant Zee.
    — De là-haut, je pourrais dégommer un
millier de canailles sans utiliser plus d’une balle par tête de pipe, fanfaronna
Jesse. Je ne serai plus jamais pris au dépourvu. »
    Leurs montures gravirent Lafayette Street en
peinant et s’arrêtèrent dès qu’elles entendirent les enfants. Jesse se laissa
glisser de sa selle et prit sa fille dans ses bras tandis qu’il se baissait
pour embrasser Tim, puis, avec l’arrogance d’un chef d’état-major, il confia à
Charley la tâche de s’occuper des chevaux, à Bob celle de trimballer leur
fourbi, et gagna l’arrière du pavillon avec Mary accrochée à sa jambe droite.
    Bob traîna leur paquetage et tout le
saint-frusquin jusqu’au perron et prêta l’oreille à une conversation trop
distante pour qu’il pût la comprendre. Il ôta son chapeau melon et pressa son
front pâle contre le treillis de la contre-porte close.
    « Hello ! » lança-t-il en
secouant la porte retenue par un crochet.
    Zerelda James s’écarta de son fourneau, l’aperçut
et esquissa une grimace.
    « Tu n’avais pas mentionné que Bob serait
avec vous », reprocha-t-elle avec humeur à Jesse.
    Mais elle s’essuya tout de même les mains sur
son tablier et alla ouvrir avec un sourire indulgent.
    « Il ne m’avait pas prévenue, précisa-t-elle.
    — Il devait vouloir vous faire une
agréable surprise. »
    Nichée dans les jupes de sa mère, la petite
Mary foudroyait Bob du regard. Zee lissa les cheveux de la fillette et lui dit :
    « Maintenant tu vas avoir deux cousins
pour te tenir compagnie. »
    Puis elle entraîna l’enfant vers la cuisine.
    Bob se débarrassa des vêtements et du reste de
leur bazar, puis retira son ceinturon et sa capote en examinant la pièce. Les
clous du plancher, qui n’avaient pas été noyés dans le bois, saillaient et
rutilaient, polis par les semelles des chaussures. Une balle rouge et deux
osselets gisaient sur le tapis vert à franges. Les Cinq petits Pepper et
comment ils grandirent était ouvert sur le rebord d’un porte-revues en
paille cloué au mur et décoré d’un paquet de graine de glaïeuls. Les coussins
du canapé étaient habillés de dentelle et les têtières blanches qui coiffaient
le dossier des fauteuils, brunies par les huiles et les pommades capillaires. À
droite de la porte, une haute fenêtre agrémentée de stores vénitiens et dont
les vitres présentaient des défauts jetait sa clarté sur un lit en chêne
recouvert d’une couverture grossière. À gauche, une seconde fenêtre faisait
pendant à la première ; le mur adjacent était tapissé de papier peint à
roses, enluminé d’un motif complexe gribouillé au crayon de couleur. Contrairement
aux inventions des magazines et autres productions théâtrales, ce n’était pas
un ouvrage de broderie portant l’oraison : « Puisse Dieu veiller sur
ce foyer », mais une aquarelle représentant un cheval de course du nom de
Skyrocket dans un cadre en noyer ouvragé qui ornait la paroi. Un plumeau bleu
et brun d’une variété exotique dépassait d’un panier de couture en osier. Une
table à vin et une chaise pourvue d’une assise en jonc étaient poussées contre
un autre mur, un fauteuil à bascule occupait le coin opposé et, contre la
cloison qui séparait la salle à manger du séjour, un large canapé tenait
compagnie à une femme noire en ferronnerie dont les jambes grandes écartées
tenaient lieu de tire-bottes. Soudain, Bob avisa Jesse qui le fixait. Son hôte
repartit vers la cuisine et marmonna à Zee sur un ton amusé :
    « Avec ce garçon, notre séjour prend tout
de suite des allures spectaculaires. »
    Bob et Charley
séjournèrent au 1318 Lafayette Street jusqu’au 3 avril et ce fut donc un peu
plus d’une semaine qui s’écoula en besognes sans importance, en siestes
digestives sur le canapé et en repas bruyants et interminables. Ils se levaient
à sept heures, pansaient les bêtes, puis descendaient au bureau de poste où
Thomas Howard recevait les journaux auxquels il était abonné, impeccablement
roulés dans un manchon de papier kraft. Les trois hommes s’installaient ensuite
à califourchon sur des

Weitere Kostenlose Bücher