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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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caboche ?
    — Rien », affirma Charley.
    Jesse s’esclaffa.
    « Je parlais de sa tête à lui, pas de la
tienne. »
    Bob ricassa servilement et Jesse lui décocha
un regard de travers. Il se leva pour aller récupérer les journaux que Tim
avait laissés sur le canapé et faillit ne pas voir le Kansas City Times, partiellement
dissimulé sous un châle. Il se rassit avec solennité et tourna sa cuillère dans
son café, invoquant des fantômes tourbillonnants au-dessus de sa tasse.
    Bob était à l’affût de chaque mouvement de
Jesse, guettait chaque détail physique : le plissement de son front, le
ballet de ses yeux qui lisaient, la position de son doigt taché par les cigares.
Bob orienta vers lui le second journal et parcourut la première page : actualités
législatives et politiques, réclames pour des remèdes et des habits, outrages
sur la personne d’une jeune femme de Memphis, effusions de sang diverses et
variées… Un homme de Grandview avait été déclaré fou ; des incendiaires
avaient brûlé une ferme ; le Pony Express fêtait son vingt-deuxième
anniversaire.
    Jesse défit sa redingote et en coinça les pans
derrière ses pistolets. Tim quitta la table avec une tranche de bacon entre les
dents et Mary descendit de sa chaise haute à sa suite. Jesse lissa le Kansas
City Times par-dessus le journal qu’il venait de finir et s’appuya sur la
table les bras croisés afin de survoler les titres.
    « Tiens donc ! grinça-t-il. Dick
Liddil s’est rendu.
    — Pas possible ! » s’exclama
Charley, avec un rien trop d’emphase.
    Jesse haussa la tasse vers ses lèvres et
dévisagea Bob à travers les vapeurs.
    « Jeune homme, je vous ai questionné hier
à propos de Dick et vous m’avez dit que vous ne saviez rien.
    — Et c’est vrai », jura Bob.
    Jesse fit glisser son doigt sur la page comme
pour guider sa lecture.
    « C’est très étrange », fit-il, sans
plus de commentaires jusqu’à ce qu’il eût atteint la fin de l’article.
    Dans la cuisine, Zee débarrassa les assiettes
des enfants des reliefs du petit-déjeuner, puis les immergea dans de l’eau
savonneuse. Elles s’entrechoquèrent avec un son mat évoquant un battement de
cœur. Jesse but une gorgée de café sans lever les yeux du quotidien.
    « Il est écrit ici que la reddition de
Dick remonte à trois semaines, ajouta-t-il en regardant Bob avec suspicion. Tu
devais être pile dans le coin.
    — Apparemment, ils ont tenu ça secret. »
    Jesse s’affala contre le dossier de sa chaise,
les doigts entrelacés sur l’estomac, et foudroya du regard Bob, puis Charley.
    « Ça me semble louche.
    — Si je passe à Kansas City un de ces
quatre, je me renseignerai », promit Bob.
    Il sortit de la pièce la main droite sur son
pistolet. Il leva les stores, ouvrit les fenêtres du séjour et tâcha de s’installer
confortablement dans le fauteuil à bascule, incapable de tenir en place. Tim, accroupi
sur le perron, tournait de force la manivelle du moulin à café. Sa petite sœur,
accroupie elle aussi à côté de lui, pressait des deux bras sa robe pâle entre
ses cuisses et frappait le sol avec une cuillère estropiée en répétant, pour
Dieu sait quelle raison, « Fais pas ça, fais pas ça. »
    Jesse alla chercher quelque remède dans l’armoire
à pharmacie du garde-manger et conféra en privé à mi-voix avec son épouse. Charley
reparut dans le séjour, se plaignit du temps lourd, prédit un après-midi
brûlant comme le canon d’un revolver. Il s’assit sur le lit, attrapa son
ceinturon suspendu à un montant et le sangla avec un regard lourd de sens à l’adresse
de Bob.
    Jesse se figea sur le seuil de la pièce, comme
pour reconsidérer ses intentions, puis se planta au milieu du tapis vert à
franges, un cache-poussière en lin sur un bras, des sacs de selle remplis à
craquer sur l’autre et un pistolet dans un journal à la main. Bob bondit du
rocking-chair, qui se cabra, rua et cogna par terre jusqu’à ce que Bob l’immobilisât
de la main.
    « Prêts, tous les deux ? s’enquit
Jesse.
    — Donne-moi jusqu’à midi », requit
Charley.
    Bob alla jusqu’au porte-revues en paille
accroché au mur et sentit le regard pesant de Jesse sur son revolver. Il s’empara
d’un livre pour enfants, puis s’accota contre le papier peint à fleurs et lut
sans comprendre la première phrase du chapitre un : « Passé l’agitation
et la confusion de la mi-journée, la petite cuisine

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