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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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et, évidemment,
tout le monde est mort de trouille et tu gueules : “Je suis Jesse James !
Je vais vous piquer votre fric ! Je vais vous piquer vos montres et vos
bijoux ! Je vais vous piquer tout ce que vous avez !” La femme du
pasteur grince des dents, le vieux schnock la réconforte et là, tu ajoutes :
“Et ensuite, je vais passer dans l’allée et je vais violer toutes les femmes !”
    — Je n’aime pas la direction que prend
cette histoire.
    — Oui, mais tout le monde sait que ce n’est
pas vrai, Jess ; c’est pour de rire. Après que tu aies dit ça, le Quaker
se lève et il fait : “Vous n’allez tout de même pas violer la femme d’un
pasteur !” Et c’est là que c’est drôle : son épouse se fiche en
colère contre lui, elle lui envoie un coup de coude et elle le rabroue : “Tais-toi,
Homer ! C’est le train de Jesse, laisse-le le dévaliser comme il veut !” »
Bob jeta un coup d’œil en biais à Jesse et vit qu’il ne riait pas. « Tu ne
trouves pas ça marrant ?
    — Diable, pourquoi je trouverais ça
marrant si ce n’est pas vrai ?
    — Une blague, ça n’a pas besoin d’être
vrai, Jesse.
    — Alors il va falloir que tu m’expliques
pourquoi je devrais rire.
    — C’est bon, oublions ça », trancha
Bob avec irritation.
    Il eut aussitôt le sentiment d’être en danger,
car son impudence était manifeste, l’expression de Jesse fermée et Bob entrevit
la possibilité qu’un gosse le retrouvât dans le fleuve un de ces quatre matins.
Ses cheveux flotteraient dans l’eau, son corps putride enflerait jusqu’à ce que
les boutons de ses vêtements sautent, un orme abattu par le vent lui
emporterait un œil, puis le Missouri abandonnerait son corps sur une digue où
des escargots palperaient sa peau de leurs cornes froides et des écrevisses
rouges lui pinceraient les chevilles.
    « Je ne voulais pas paraître cassant »,
s’excusa-t-il.
    Jesse rajusta simplement les manches de sa
veste et déclara.
    « J’ai une bonne histoire pour toi et
elle est aussi vraie que deux et deux font quatre. Ça te donnera un exemple de
type que Frank et moi on a remis à sa place, et elle ne prête pas à
tergiversations. Une fois, moi et Frank on chevauchait à travers la campagne et
comme on avait faim, on s’est arrêtés dans une ferme et on a demandé à la veuve
à qui elle appartenait si elle pouvait nous servir à dîner.
    — Ah, celle-là, coupa Bob.
    — Tu l’as déjà entendue ?
    — Rien qu’une vingtaine de fois. »
    Jesse se tut, pareil à une machine qu’on vient
d’éteindre.
    « Mais j’adorerais quand même t’entendre
la raconter, ajouta Bob. J’imagine que tu sauras la rendre encore plus
intéressante. »
    Jesse reprit :
    « Je lui ai dit que je la paierais
volontiers, mais elle a répondu que ce n’était pas la peine, vu qu’on avait l’air
de bons chrétiens, elle ferait une bonne œuvre. Fiston, je peux te dire qu’on a
fait un repas succulent. Elle s’était vraiment mise en frais. Mais Frank a vu
qu’elle pleurait et quand il lui a demandé pourquoi, elle nous a expliqué qu’elle
avait hypothéqué sa propriété et que le créancier devait arriver d’une minute à
l’autre pour prendre possession des lieux. Et elle qui n’était qu’une pauvre
veuve ! Tu imagines ? Du coup, Frank et moi, on insiste pour payer et
tu sais combien on lui donne ?
    — Assez pour rembourser l’hypothèque.
    — Effectivement, tu l’as déjà entendue.
    — Mais personne ne m’avait jamais dit que
le repas était délicieux. C’est fascinant.
    — Donc on lui donne ce qu’il lui fallait,
puis on part et sur le chemin, qui on croise ? Le créancier. Il nous salue,
mais il ne fait pas attention à nous, tellement il est impatient de mettre la
main sur cette ferme. Bien sûr, à sa grande surprise, la veuve lui rend son
argent et en un rien de temps, il repart en sens inverse, une bosse sous le
manteau à la place du portefeuille, un sourire un peu plus pincé sur le visage.
Et à ce moment-là, Frank et moi, on sort des bois, on le détrousse et on
récupère tout notre argent ! »
    Jesse partit d’un rire tonitruant de bûcheron
et se claqua même la cuisse.
    « Et tu prétends que c’est une histoire
vraie…
    — Mais oui !
    — Jesse !
    — Tu me traites de menteur ? »
    Tim remonta du fleuve en feignant d’être
quelque chose qu’il n’était pas et, lorsqu’il eut rejoint les deux hommes,

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