Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
Vom Netzwerk:
lâcha
sur un ton détaché : « J’ai vu ton bouchon couler, cousin Bob. »
Jesse oublia aussitôt sa colère pour se consacrer avec ferveur à la pêche. Il
rembobina la ligne en enroulant le fil autour de sa main droite et vérifia l’hameçon
de Bob. La mystérieuse substance malodorante que Jesse avait utilisée en guise
d’appât n’était plus là et il prit sur lui de la renouveler en recueillant à l’intérieur
de sa joue un bout de chique qu’il piqua sur l’hameçon ; après quoi il s’accorda
quelques grandes gorgées de bière, prit Tim sur ses genoux et nicha son menton
barbu dans le cou de l’enfant en faisant des bruits de mastication à l’oreille
pour le faire rire.
    « Tu sais faire un feu, Timmy ? lui
demanda Jesse.
    — Oui.
    — Bob va dire que tu mens, si tu ne lui
montres pas. »
    L’enfant se pencha en avant pour regarder Bob.
    « Je sais faire.
    — Alors fais-en un pour nous. Prouve au
cousin Bob que tu as six ans. » Jesse fournit des allumettes à Tim, qui s’éloigna
vers les arbres pour ramasser du petit bois et des bûches pourries. Jesse
siffla encore quelques rasades de bière, puis boucha le bocal avec du papier
huilé et revissa le couvercle. « Tu te souviens de John Newman Edwards ?
    — Le type du journal, acquiesça Bob.
    — Quand il bambochait, c’était pendant
deux ou trois semaines de rang – il se saoulait jusqu’à en être aveugle ; et
quand il rentrait à Kansas City, il disait : “J’ai fait une équipée en
territoire indien.” Ça me faisait toujours sourire d’entendre ça.
    — J’ai fait une équipée en territoire
indien », répéta Bob pour s’assurer qu’il avait bien compris.
    Il y eut un silence, puis Jesse fit observer :
« Garfield meurt vraiment avec bravoure », avant d’évoquer les
entrevues avec Charles J. Guiteau publiées dans la presse.
    Le 2 juillet, le président James A. Garfield
était entré dans la gare de Baltimore en compagnie du secrétaire d’État James G.
Blaine afin d’attraper un train matinal à destination de Long Branch, New
Jersey, où Lucretia, l’épouse du président, était en convalescence. Les deux
hommes avaient traversé la salle d’attente pour dames sans remarquer un évangélisateur
dérangé – et, plus généralement, un scélérat – du nom de Charles J. Guiteau, qui
avait passé les trois mois précédents à les harceler pour être nommé consul à
Paris et qui, depuis juin, avait entrepris des préparatifs en vue de « mettre
sur la touche » le président républicain. Guiteau s’était approché de
Garfield par-derrière, avait ajusté son revolver British Bulldog de calibre .44
et tiré une balle dans le dos du président, puis une autre dans le bras, alors
que Garfield tentait de se retourner et s’écriait : « Mon Dieu !
Qu’est-ce que c’est ? » Guiteau s’était ensuite esquivé hors de la
gare, avant d’être appréhendé par un policier à qui il avait glissé :
« Pas d’esclandre, mon ami, pas d’esclandre. Je souhaite aller tout droit
en prison. »
    Jesse savait beaucoup de choses à propos de
Charles J. Guiteau : qu’il mesurait un mètre soixante-cinq, qu’il avait
trente-neuf ans et qu’il avait par le passé affirmé avoir pour employeur Jesus
Christ & Co. C’était un escroc, un représentant en assurances, un encaisseur
de dettes, un membre du barreau de l’Illinois ; il ne réglait pas ses
notes d’hôtel, avait publié un ouvrage religieux intitulé en toute simplicité La Vérité et avait fait don de ses œuvres complètes, ainsi que de son
calibre .44 à la bibliothèque du département d’État.
    En grandissant, Jesse James Jr devint un homme
séduisant, mais c’était alors un garçon grognon au physique ingrat, aux cheveux
blond cendré hirsutes, qui faisait toujours la moue. Il avait toutefois
rassemblé du bois avec un certain savoir-faire et ce fut avec des gestes de
grand-père que, à croupetons, il promena une allumette de part et d’autre du
tas de branchages pendant que son père continuait à parler de l’assassinat de
juillet et que Bob l’écoutait telle une dame de compagnie.
    Tim se laissa choir sur les genoux de son père
et lança à Bob :
    « Tu le vois, le feu ?
    — Il brûle bien, dis donc.
    — Je l’ai fait tout seul, l’informa le
garçonnet.
    — Oh ! s’exclama Jesse. Je viens de
sentir quelque chose. Il se pourrait que j’aie une touche. »
    Bob referma avec prudence

Weitere Kostenlose Bücher