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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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possédez un
tempérament artistique. Le travail ne vous fait pas peur… » Charley éclata
de rire. « … mais vous vous laissez facilement décourager par les obstacles
ou les revers passagers. Soyez ferme et résolu, persévérez.” »
    Bob attira l’almanach à lui.
    « Comment ça se fait que je sois le seul
pour qui c’est négatif ?
    — “Généreux”, souligna Martha.
    — C’est tout.
    — Et “Artistique”.
    — Tu parles ! interjeta Charley. Bob
n’est même pas capable de faire un cercle à main levée et c’est un artiste ? »
    Bob eut un sourire.
    « Je ne saurais pas faire une mouche sans
mal. »
    Wood Hite arriva du salon.
    « Pourquoi vous êtes tous en train de
papoter dans la cuisine et que je suis tout seul ?
    — Espèce de vieille baderne ! le
houspilla Martha. Qu’est-ce que tu crois ? À force de toujours chercher la
petite bête et de dire aux gens ce qu’ils ont à faire ! »
    Robert Woodson Hite allait vers la trentaine. C’était
un homme si grincheux et si dogmatique qu’on eût presque pu le prendre pour une
personne âgée, si bien qu’au sein de la bande des frères James, il était
surnommé « Papy Ronchon ». Sa mère lui avait légué bon nombre de
gènes des James et il avait davantage l’air d’être le frère de Frank que Jesse
– mêmes grandes oreilles, même nez de fourmilier, même mépris et même
malveillance dans les yeux quand il vous fusillait du regard. Martha avait
repoussé ses avances, aussi avait-il reporté ses attentes sur la fille de
celle-ci, mais Ida était trop jeune et les attentions de Wood avaient pour
principal effet de la déconcerter, ce pour quoi il avait passé la majeure
partie de l’après-midi à bouder.
    Bob Ford se balança en arrière sur sa chaise
et fit une nouvelle tentative : « Wood ? J’ai fait une équipée
en territoire indien, Wood. »
    Wood faisait la tête.
    « Comment c’était ? » s’enquit-il
sans entrain en fronçant les sourcils à la vue des mains de Clarence.
    Infichu de songer à une repartie spirituelle, Bob
reposa les pieds de sa chaise par terre et marmonna : « Comme on
pouvait s’y attendre. » Il se leva de la table. « Je crois que je
vais aller me faire beau. Ces fringues sentent un peu le rance. »
    Wood y alla de son petit couplet :
« Je suis dans la même chambre, Bob. Ne dérange pas mes affaires. »
    Bob sortit de son manteau le mégot d’un cigare
fumé le 7 septembre après l’attaque de Blue Cut et grimpa les escaliers quatre
à quatre, jusqu’à une chambre abritant deux lits jumeaux et un lit de camp. Le
mur est, au-dessus du lit de camp, était tapissé de réclames pour des corsets, découpées
dans des journaux et le rasoir, le peigne, la brosse à dents et la poudre
dentifrice de Wood étaient disposés au pied du lit sur une couverture verte
impeccablement pliée, tels des articles de toilette dans la valise d’un commis
voyageur. Le lit à côté de la fenêtre à meneaux donnant au nord était celui de
Charley. Son pendant, celui de Bob, était un lit à lattes pourvu d’un matelas
dont les plumes (de canard) formaient des amas gros comme des melons quand Bob
dormait. Près de la porte du placard se trouvait une coiffeuse blanche sur
laquelle était vissé un miroir ovale devant lequel Bob peaufinait les poses et
les feintes qu’il espérait un jour utiliser, l’épaule gauche effacée, tel un as
de la gâchette, le pouce levé tel le chien d’un pistolet, soufflant la fumée
qui s’échappait du canon de son index tendu.
    Du bout du pied, Bob extirpa de dessous son
lit une boîte à chaussures. Il s’assit sur le matelas avec la boîte sur les
genoux et ôta le couvercle qu’il coinça entre son cou et son menton. Il
enveloppa le mégot de cigare dans son foulard blanc percé de trous pour les
yeux et le glissa dans un coin. Il enleva ses bottes en se tortillant et se
débarrassa des vêtements qu’il portait depuis un mois, jusqu’à ce qu’il n’eût
plus que sa combinaison sale sur le dos, puis emprunta à Ida une serviette, un
pain de savon qui flottait dans l’eau et une brosse à récurer qu’il alla
récupérer dans la chambre rose de sa nièce, de l’autre côté du couloir. Il
redescendit au rez-de-chaussée sur la pointe des pieds, traversa de même le sol
froid du parc à bétail et s’arrêta devant le large réservoir à eau.
    Deux veaux détaillèrent Bob avec inquiétude
lorsqu’il se déshabilla et

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