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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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de discerner ce que
celui-ci ne comprenait pas de ce qu’il gardait par-devers lui, mais il ne
décela aucune trace de rouerie ni de tromperie.
    « Mince, tu es aussi ramollo du bulbe qu’une
pêche moisie, tu le sais, ça ? Tucker Bassham est déjà à l’ombre pour dix
ans et Whiskeyhead Ryan est en taule ; il suffirait qu’ils décident de
raconter au gouvernement tout ce qu’ils savent sur Jesse pour qu’on les libère
et on les amnistie. Jesse ne veut pas qu’on se rende. Il ne veut pas qu’on se
fasse capturer. Et il ne veut pas qu’on maraude à moins que ce soit sous ses
ordres. »
    Ils entendirent le portail de l’enclos grincer
et aperçurent le massif Wilbur qui répandait une gerbe de pieds de maïs du
jardin dans une mangeoire près de l’écurie. Il arrosa les tiges d’eau salée
avec une bouilloire afin d’appâter les vaches laitières, puis parut envisager
de rejoindre son frère cadet frissonnant. Néanmoins, Bob l’en dissuada d’un
signe de tête et Wilbur s’en fut donc à travers la cour en direction de la
cuisine en faisant sonner la bouilloire contre son genou. Le crépuscule
approchait, le fond de l’air s’était rafraîchi et il tardait à Bob de passer un
manteau – au lieu de quoi il demanda :
    « Alors, qu’est-ce que vous combinez tous
les trois ?
    — Je ne sais pas si je dois en parler.
    — Il y a beaucoup, en jeu ?
    — Des milliers et des milliers de dollars.
    — Bon sang, Dick, je ne vais pas te
soutirer tous les renseignements un à un.
    — Et si on préservait le mystère, histoire
que ni l’un ni l’autre nous ne regrettions cette petite discussion. »
    Bob prit la brosse à récurer entre ses dents, adressa
un regard en coin exaspéré à Dick, puis serra la serviette autour de lui et se
baissa pour saisir son ceinturon. Dick posa le pied dessus.
    « Laisse-moi porter ton six-coups pour
toi.
    — ‘a’ord », acquiesça Bob à cause de
la brosse dans sa bouche.
    À peine eut-il effectué deux pas en direction
de la maison qu’il sentit Dick collé contre lui et le revolver froid, insistant
sous la serviette, dur contre son scrotum. Bob laissa choir la brosse et tâcha
de se dérober au nickel glacé du canon.
    « Alors, on se sent seul, Dick ? fanfaronna-t-il.
    — Toi et moi, on chahute, on fait les
pitres, on se baratine, mais de temps à autre, il est bon de mettre les choses
à plat. À savoir : si tu fais ne serait-ce que mention de mon nom à Jesse,
tu peux me croire, je le découvrirai. Et ensuite je te retrouverai, j’irai te
voir et je serai plus furibard qu’un frelon – je serai chaud-bouillant.
    — Fais gaffe avec ce feu. »
    Dick retira le pistolet et le fit claquer dans
l’étui en cuir de Bob, puis emboîta le pas à ce dernier.
    « Maintenant que tu connais ma position, inutile
d’épiloguer. On peut redevenir copains comme cochons.
    — Il se pourrait que je ne revoie plus
jamais Jesse. »
    Dick ouvrit en grand la porte treillissée pour
Bob et la bloqua avec son épaule pendant qu’il se déchaussait au moyen d’un
tire-botte encroûté de boue.
    « Oh non, répliqua-t-il. J’ai l’intuition
que Jesse ne tardera pas à venir nous tourner autour, à Ed, Jim et moi, et tant
qu’il sera dans les parages, il en profitera pour rendre visite aux frères Ford.
    Il n’y a pas des masses de choses qui
échappent à Jesse. Il a un sixième sens. »
    L’intérieur de la maison était parcouru d’odeurs
de frichti – foie de veau, patates douces, oignons confits, chou –, d’effluves
aussi tranchés que des couleurs. Dick entra dans la cuisine en chaussettes, écarta
Clarence d’une bourrade, pétrit par surprise la croupe de Martha sans laisser à
la maîtresse de maison le temps de réagir et se mit aussitôt à badiner avec les
diverses personnes présentes. Bob gagna la chambre de sa sœur, déchira le
papier kraft dans lequel étaient emballés ses vêtements et revêtit sa
combinaison blanche toute neuve. En inclinant le miroir carré posé sur le chiffonnier
de Martha, il pouvait s’admirer de pied en cap et il venait de remarquer sa
tignasse brun roux hirsute et hérissée d’épis quand un pressentiment le
submergea comme une nausée et il se rua vers sa chambre à l’étage, où Wood et
Charley furetaient dans ses reliques. La boîte à chaussures gisait par terre, écrasée,
des coupures de presse voletaient au gré des courants d’air et tous les
trophées qu’il avait accumulés ou

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