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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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pour les meurtres et les
vols susmentionnés.” Tada-tada. »
    Timberlake utilisa la tasse à café de Dick
comme cendrier. « Vous comprenez pourquoi je vous ai donné ce papier, n’est-ce
pas, Mr Siderwood ? »
    Dick gratta une tache incrustée dans les
fibres de son pantalon à l’endroit où sa blessure avait suppuré. La douleur
fouillait les muscles et la moelle de sa cuisse, telles les racines d’une
mauvaise herbe vivace.
    « Mettons que je croise un ami à moi, un
ami qui a commis quelques erreurs et qui a pu tremper dans un ou deux sales
coups, envisagea Dick. Vous pensez que je pourrais lui dire que le gouverneur
passera l’éponge sur ce qu’il a fait s’il vous vient en aide ?
    — Allez trouver Henry Craig à Kansas City
si vous souhaitez passer un marché. »
    Le shérif Timberlake tira sur sa cigarette qui
avait tellement raccourci qu’elle devait lui roussir la moustache. Il laissa
tomber dans le fond de café le mégot qui s’éteignit avec un petit pschitt avant
de remonter à la surface.
    « Dis à ton ami que la bande des frères
James file des migraines au gouverneur. À mon avis, il serait prêt à accepter n’importe
quoi pour les faire passer. »
    Dans le courant de
la semaine de Noël, Thomas Howard et son cousin Charley Johnson gravirent
Lafayette Street, à pied, dans la neige fondue, en compagnie d’un conseiller
municipal du nom d’Aylesbury qui cherchait à leur louer une maison de sept
pièces pour le compte de Mrs August Saltzman, la propriétaire. La côte
était raide comme un toboggan et Aylesbury dut s’arrêter à plusieurs reprises
afin de reprendre son souffle.
    « Au moins, quand on est fatigué de
grimper, on peut toujours s’accoter à la colline », plaisanta Jesse avec
un sourire.
    Aylesbury secoua la tête, haletant, les mains
sur les hanches :
    « Je ne sais pas ce que je préférerais :
des escaliers ou un treuil à poulie. »
    Charley atteignit le sommet et fit en
pataugeant dans la neige le tour du 1318 Lafayette Street, un pavillon blanc
aux volets verts qu’on appelait « la Maison sur la colline ». Il
compta deux chambres chichement meublées, un séjour et une salle à manger, ainsi
qu’une cuisine d’adjonction récente pourvue d’une véranda ombragée donnant à l’est,
sur un ravin et, par-delà, sur la nature sauvage. On avait vue à quatre-vingts
kilomètres à la ronde au nord, à l’est ou à l’ouest et, depuis le terrain
voisin qui faisait le coin, Charley apercevait le Kansas, le Missouri brunâtre,
un pont métallique couleur rouille, des wagons de marchandises qui se
tamponnaient et faisaient la navette au milieu des panaches de vapeur sur les
voies du dépôt ferroviaire, les magasins en brique et les commerces du centre, les
rues boueuses enneigées sous un plafond de fumée de charbon.
    Aylesbury racla la neige du pied afin de
révéler le sol de lœss, puis suivit en retrait les deux hommes qui escaladaient
les congères, du fumoir à l’écurie creusée dans la terre, d’une resserre pour « les
outils de jardinage, et ce qui vous chante » à des cabinets en extérieur
où il faisait bon et qui pouvaient accueillir deux personnes.
    « On voit jusqu’à la semaine prochaine, d’ici,
s’émerveilla Charley. Tu n’auras plus à craindre les visites imprévues. »
    Jesse fit mine de ne pas avoir entendu.
    Le conseiller municipal les guida d’une pièce
à l’autre à travers le pavillon, les bras grands ouverts, d’une voix qui s’assourdissait
quand il mettait la tête dans un placard. Il fermait les portes, ouvrait, puis
abaissait les fenêtres à guillotine, démontrait le moelleux des matelas et des
coussins du canapé. Il informa Mr Howard que le voisin d’en face se
nommait Thomas Turner et qu’il vivait avec son épouse et une nièce âgée de
trois ans, Metta.
    Tesse sembla se perdre en rêveries.
    « Comme ça, ma fille aura une camarade de
jeux…
    — Et l’emplacement n’est-il pas
romantique, au faîte de cette altière éminence ?
    — Moi, c’est l’adresse qui me plaît le
plus, intervint Charley. Lafayette Street. Quand j’étais gamin, je jouais avec
une boîte à musique que le marquis de Lafayette avait offerte au père de notre
pays. »
    Émanant d’une source aussi improbable, l’information
était si déconcertante qu’Aylesbury se borna à toiser Charley pendant quelques
instants, avant de reporter son attention sur l’homme qui était pour lui

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