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L'avers et le revers

L'avers et le revers

Titel: L'avers et le revers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Merle
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jolie petite blonde de
l’auberge, c’est que mon maître – se peut qu’il avait épuisé là son sac à
merveilles – en vint à lui causer de notre affaire, mais tout à la
prudence, lui celant proprement sa véritable issue. Je suis sans doutance
aucune qu’il n’y avait pas là préméditation de sa part, mais plus sûrement,
ayant bien avancé d’un côtel – l’oiselle étant près du nid –, il
songea soudain qu’il pourrait tout autant avancer de l’autre par la même
occasion.
    — Sais-tu, Guillemette, que mon père m’a demandé de
quérir certaines draperies pour notre logis et j’ai ouï dire d’un certain
Delacombe, drapier de son état, et habitant la cité. En as-tu vent
parler ?
    — Sur la cité, répondit Guillemette, d’autres plus
réputés se trouvent, et que je vous indiquerai, non pas que Delacombe n’offre
du drap de qualité, mais on dit de lui qu’il est âpre en affaires, retors
assez, et aime à parfumer ses clients de farine.
    — Adonc, un autre sans doute aura ma clicaille, mais
peux-tu cependant me bailler son adresse ?
    — Rue du Chapon, mes parents sont sis en la même rue.
    — Grammerci, Guillemette, et demain matin me
donneras-tu le nom des autres drapiers ?
    — Je suis tout à votre service, Moussu Pierre, ce sera
où bon vous semble et quand vous le désirerez, fit-elle avec un sourire tant
charmant que j’aurais été un bien beau nigaud du dernier œuf à ne pas
l’identifier pour ce qu’il signifiait.
    Lors il fut temps pour nous quatre de nous acheminer en
notre chambre, la salle étant vide, les tables dégagées, les couverts rangés en
leur bonne et propre place, et l’alberguière passant un à un les calels sous
l’éteignoir.
    Les émeuvements du jour écoulé ne me poussaient guère à la
veillée et je fus le premier allongé sous ma coite, prêt à fermer les yeux et à
m’ensommeiller, en songeant que, de retrouver Margot saine et vive, l’espoir
renaissait derechef et que du drapier Delacombe, peut-être, nous en
obtiendrions davantage. Tel, pourtant, ne fut-il pas de mon étonnement, à voir
mon maître, loin de se coucher, effectuer mille détours au milieu de la pièce,
puis se posant soudain face à la fenêtre, observer dans la rue en une plus
quiète attitude, les mains derrière le dos mais le bout des doigts s’agitant en
tous sens. Le paisible et doux ronronnement de Samson, lequel, tel à son
habitude, s’était étendu pour s’endormir aussitôt, sembla attirer l’attention
de mon maître qui se retourna, lorgna un instant vers son frère, et nous jeta
un regard incertain.
    — J’ai grand besoin, dit-il à voix basse en s’adressant
à Jonas et à moi, de marcher et de respirer l’air plus frais du dehors, afin
que de réfléchir à notre affaire, et à ce Delacombe que nous verrons demain.
    — N’est-il pas périlleux de s’aventurer en la rue
asteure où coupe-gorge et assassins doivent rôder en quête d’égarés ou de
retardataires ? demandai-je, assez inquiet d’imaginer mon maître
déambulant seul en les rues mal famées de la cité.
    — Rassure-toi, mon bon Miroul, point n’irai là, mais
simplement en la cour de l’auberge, laquelle est close de murs et toute de
sûreté. Dormez, éteignez le calel, et n’espérez pas de sitôt me revoir.
    Là-dessus, du plus silencieusement qu’il put, mon maître
ouvrit la porte et disparut dans le sombre corridor. Ai-je besoin de préciser,
tel le plus tatillon des historiographes, que mon maître de la nuit ne revint,
et que sa coite le lendemain n’avait été du tout touchée, aussi lisse et plate
que la veille. Je ne suis pas gardien de la morale, et oncques ne le serai,
tenant que celle-ci œuvre souvent au mal plus qu’au bien mais, de cette équipée
nocturne, j’eus un pincement au cœur en songeant à notre pauvre petite Hélix
qui se desséchait en son lit. Autant nous en pend à l’œil, dit-on, et je ne
veux guère ergoter plus avant sur cette vérité.
    Nous fîmes retrouvailles avec mon maître en la grande salle de
l’auberge, où une Guillemette joyeuse, mais les traits tirés, nous servit de
quoi nous émerveiller, tant le déjeuner du matin en cette auberge était comme
une repue du midi ou du soir, lard et bacon d’abondance, œufs à gober crus,
fromage et pain sans retenue, dont nous fîmes de bonnes gorges chaudes.
D’aplomb pour la suite, nous préparâmes notre département, ce qui ne prit pas
long vu que de

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