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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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passé une partie de l’après-midi à
jouer avec un dé donné par un marchand de passage, se doutait bien que quelque
chose d’important allait se produire.
    « Mes enfants, écoutez-moi. »
    Hannah était distraite, et Judas lui prit ce
qu’elle avait dans les mains. Elle fit mine de pleurer, mais la solennité
ambiante ôta tout intérêt à son chagrin.
    « Je vais partir pour un long voyage, commença
Simon. Je ne sais combien de temps cela durera, sans doute un grand moment. Vous
allez rester avec votre maman. Ce n’est pas à cause d’elle que je m’en vais, même
si vous nous avez beaucoup entendu crier ces derniers temps. Je l’aime toujours
et je vous aime aussi. Mais je n’ai pas le choix. Judas, tu es l’aîné. Je te
confie ta petite sœur. Ne rendez pas la vie trop difficile à votre mère. »
    Un sac contenant quelques vêtements pendait à
son épaule.
    « Judas, je vais être obligé de fermer l’atelier.
Mais je souhaite que tu continues de travailler. Si des gens viennent passer
des commandes, dis-leur que nous sommes fermés pour un moment. »
    Il embrassa la famille et partit. Judas pleura
un peu dans la soirée. Sa sœur avait recommencé à jouer, ne remarquant l’absence
qu’au moment de se coucher.
    Les Romains furent
là dès la semaine suivante. Flavius n’avait, cette fois, pas jugé bon de se déplacer :
sans doute avait-il compris aux remarques du préfet qu’un nouvel exemple n’était
pour l’instant pas souhaité.
    Antonius l’avait remplacé. Il n’était plus
venu dans le village depuis la mort de Zaïre, mais était parfaitement au
courant de ce qui s’y était passé, en particulier des disparitions de Jochanaan
et Zacharie.
    Son araméen était très correct, et il pouvait
se déplacer sans traducteur. Plusieurs heures par jour, il s’était consacré à l’étude
de la langue, sentant qu’il y avait là un moyen de mieux comprendre le peuple
auquel il était confronté, voire de susciter chez lui un début de sympathie. Ses
efforts avaient jusque-là été très peu payés de retour, ce qui le désolait.
    « Habitants de Chorazim, je suppose que
vous savez tous que des brigands se sont attaqués au réservoir d’eau qui
dessert Césarée. Cet acte ne peut être toléré. Il nous faut des coupables. Je n’ai
pas l’intention de… »
    Il réalisa alors que ce qu’il allait dire
serait un désaveu flagrant de ce qu’avait fait son supérieur, et se reprit.
    « De laisser se perpétrer des actes de ce
genre. Il s’est passé ici il y a quelque temps des événements qui me font
soupçonner fortement que certains d’entre vous pourraient être impliqués dans
cette affaire. Mes hommes vont venir vous interroger. Je ne veux pas recourir à
la violence, du moins pour l’instant, mais tout mensonge sera puni. »
    Le village lui parut encore plus uni que lors
de sa précédente visite. Il comprit, si tant est qu’il en doutât encore, combien
les violences de Flavius n’avaient fait que le dresser davantage contre le
pouvoir qu’il représentait. Il soupira. Rome ne voulait pourtant apporter que
la civilisation à ces sauvages. Comme avec des enfants turbulents mais dans le
fond bien-aimés, n’était-ce pas son devoir de les y contraindre s’ils ne s’y
pliaient pas d’eux-mêmes ?
    Ciborée fut convoquée avec Judas et sa sœur
dans la tente montée à l’entrée du village.
    « Où est ton époux ? » demanda
Antonius.
    Elle avait instinctivement serré les petits
contre elle.
    « Il est parti en voyage. Pour son
travail.
    — Pour son travail ?
    — Il… »
    Elle parut chercher ses mots, et son
hésitation n’échappa pas au Romain.
    « Il est allé vers Jérusalem, voir un
maître potier qui va lui apprendre tout ce qu’il ne sait pas encore.
    — Séjour prometteur et formateur. Et qui
devrait durer combien de temps ?
    — Un mois au moins.
    — Quelle humilité chez cet homme que
celle qui lui fait recevoir encore de si longs conseils des années après avoir
commencé de travailler… C’est une leçon que nous devrions tous méditer. J’ai
donc peu de chances de le voir ?
    — Non, officier. À moins que tu n’ailles
le chercher jusqu’à Jérusalem. »
    Judas regarda sa mère avec étonnement. Il vit
dans ses yeux une fierté, une lueur de défi nouvelle pour lui. Il se serra
encore plus fort contre elle.
    « Je suppose qu’il était déjà parti quand
le réservoir de Césarée a été

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