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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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dur de tuer un homme, hein ? »
lui demanda-t-il.
    Judas tenta de sourire, sans y parvenir. Nathanaël
l’enlaça.
    « Viens. Tu as fait ce qu’il fallait. Personne
n’aime cela, mais c’est nécessaire. »
    Ils redescendirent. Nathanaël avait tué le
cousin et sa femme. Il avait fait très vite, et l’enfant qui dormait à leurs
côtés ne s’était pas réveillé.
    En bas, ils retrouvèrent les trois autres. Barabbas
avait dans les bras un sac rempli de l’argent pris dans le coffre.
    « Cela va nous aider un moment. Vite, partez.
Je mets le feu et vous rejoins.
    — Il y a un enfant là-haut, l’interrompit
Nathanaël.
    — Il fallait le liquider. Tant pis :
on verra s’il a de la chance. Allez, vite. »
    Les ânes et le dromadaire étaient toujours là.
Charger les sacs sur leur dos fut l’affaire d’un instant. Ils partirent, en se
forçant à ne pas aller trop vite.
    Puis ils aperçurent une lueur s’élever
au-dessus de l’horizon.
    « Ça y est, il a mis le feu. »
    Barabbas les rejoignit.
    « Poussons jusque chez Siméon. Il nous
attend. »
    Ils firent entrer les bêtes dans sa maison, en
bas. Les sacs furent déchargés, et portés dans une grange où ils furent enfouis
sous le foin.
    « Demain, les Romains seront sur les
dents. Nous reviendrons dans une semaine ou deux reprendre l’argent. »
    Ils se couchèrent près des sacs enfouis. Judas
ne parvint à trouver le sommeil que tard. Jusqu’au petit matin, il vit l’œil de
sa victime qui le fixait.
    Le retour ne se
passa pas aussi bien que prévu. Ils furent arrêtés par une patrouille romaine. Les
soldats étaient particulièrement soupçonneux, mais finirent par les laisser
aller, après avoir fouillé tous les bagages très scrupuleusement.
    « Il faudra faire attention en rapportant
l’argent. »
    La route qui menait aux grottes était
heureusement déserte. En arrivant, Isaac, qui s’était blessé au pied sur un
morceau de vase cassé dans la cour, fut soigné avec un cataplasme à l’huile de
lin et à la farine.
    Dès le lendemain, Judas nota que l’attitude
des autres avait changé. Il n’eut plus systématiquement à aller aux corvées, dont
d’autres à sa place se chargèrent. Personne ne lui parla de ce qu’il avait fait,
mais il sentit que tout le monde le savait.
    Le soir, Barabbas vint le voir. Il lui tendit
une lampe.
    « Je l’ai remplie d’huile pour qu’elle
dure. Fais attention à ne pas en renverser. »
    Le halo de la lampe les emprisonnait tous les
deux, et ils étaient visibles de loin. Mais personne n’approcha.
    « Je ne t’ai pas demandé comment cela s’était
passé. »
    Le ton était si incompréhensiblement doux que
Judas sentit une boule monter dans sa gorge. Il ne put répondre de peur d’éclater
en sanglots.
    « Ça a été dur ? Je le sais, je suis
passé par là moi aussi. Mais il le fallait. Le monde n’est pas fait pour les
faibles. Tu dois te battre si tu veux obtenir ce que tu désires. Si ton souhait
est juste, Dieu sera à tes côtés. Mais Il ne fera pas le travail à ta place. Ta
violence Lui prouve que tu es capable de faire ce qu’il attend de toi. Il n’y a
pas d’autre loi. Tu as fait ce qu’il fallait, et tu continueras de le faire, jusqu’à
ce que ta récompense te soit donnée. Et elle le sera, crois-moi. »
    Judas ne fut pas totalement convaincu par ce
que lui dit Barabbas. Mais il éprouva à son égard, pour la première fois, une
vraie admiration. Et l’image de son père vint se superposer à celle du bouillant
chef.
    L’argent leur arriva
une quinzaine de jours plus tard. Les contrôles s’étaient un peu relâchés et
une dizaine d’hommes, se répartissant les pièces par petites quantités, avaient
réussi à les passer. Leur action avait visiblement perturbé les Romains, qui ne
pensaient pas que le foyer éteint par les crucifixions se rallumerait aussi
vite. Des rafles avaient eu lieu chez toutes les familles des meneurs des
révoltes précédentes. Barabbas afficha un contentement réel, lorsqu’il réunit
le groupe pour le leur raconter.
    « C’est la preuve que nous les avons
atteints.
    — Mais tout ceci ne retombera-t-il pas
sur les nôtres ?
    — Et alors ? Ne doivent-ils pas eux
aussi participer à la lutte ? Nous sommes tout un peuple, pas seulement
quelques individus. »
    Nathanaël tiqua à cette remarque, mais Judas, encore
sous le coup du meurtre difficile du percepteur, sentit qu’elle le déchargeait
un

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