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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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en panne et j’ai l’ordre de…
    –  Je vous ai entendu, cria le major, exaspéré. Je sais que vos ordres sont formels !
    –  Veuillez donner aux autres officiers l’ordre de descendre, continua Hardenburg. Le chauffeur peut rester.
    –  Dégagez le chemin, coupa le major. Je ne vous ai déjà que trop écouté.
    Il tourna bride et se dirigea vers la voiture.
    –  Major ! dit doucement Hardenburg.
    Le major s’arrêta, se retourna, lui fit face, ruisselant de sueur. Les autres Italiens le regardaient anxieux, sans comprendre.
    C’est absolument hors de question, lieutenant, dit le major d’une voix tremblante. Ce véhicule appartient à l’armée italienne et nous sommes chargés de…
    –  Je regrette, major, l’interrompit Hardenburg, mais le général Aigner a un grade plus élevé que le vôtre, et nous sommes ici sur le territoire de l’armée allemande. Veuillez donc me remettre votre automobile…
    –  Il n’en est pas question, dit le major d’une voix faible.
    –  De toute façon, expliqua Hardenburg, il y a un barrage un peu plus loin, et les hommes ont l’ordre de confisquer tous les transports italiens. Vous devrez expliquer ce que font trois officiers de votre rang, en un moment tel que celui-ci, loin de leur formation. Vous devrez également expliquer pourquoi vous avez jugé bon de ne pas tenir compte des ordres formels du général Aigner, qui commande toutes les troupes stationnées dans ce secteur.
    Son regard froid ne quittait pas le major. Le major leva la main, en un geste sans signification. L’expression de Hardenburg n’avait pas varié d’une ligne. Elle était dédaigneuse et lasse et plutôt ennuyée. Il tourna le dos au major et s’approcha de la voiture. Par une sorte de miracle, il parvint même à faire ces cinq pas sans boiter.
    –  Fuoril dit-il en ouvrant la portière de devant. Sortez ! Le chauffeur peut rester, ajouta-t-il en italien.
    Le soldat qui était assis auprès du conducteur se tourna vers les deux officiers installés sur le siège arrière. Mais ceux-ci évitèrent son regard et se tournèrent eux-mêmes vers le major, qui avait suivi Hardenburg.
    Hardenburg frappa sur l’épaule du soldat.
    –  Fuori ! répéta-t-il calmement.
    Le soldat s’essuya le visage et obéit, les yeux fixés sur ses chaussures Debout près du major, il lui ressemblait comme un frère : deux visages italiens, doux, bruns et inquiets, et aussi peu militaires que possible.
    –  Messieurs .
    Il était impossible de se méprendre sur la signification du geste de Hardenburg à l’adresse des deux autres officiers.
    Ceux-ci regardèrent le major, et l’un d’eux lui dit, en italien, quelques paroles rapides. Le major soupira, répondit en trois mots. Les deux officiers descendirent et rejoignirent le majo r.
    –  Sergent, cria Hardenburg sans regarder pardessus son épaule.
    Christian s’approcha et se mit au garde-à-vous.
    –  Montez dans la voiture, sergent, ordonna Hardenburg, et donnez à ces gentlemen tout ce qui leur appartient en propre.
    Méthodiquement, Christian plaça aux pieds du major deux boîtes de rations et trois bouteilles de chianti. Il y avait aussi des bidons d’eau, et Christian hésita. Les trois officiers le regardaient tristement décharger leurs biens sur le sable du désert.
    –  L’eau également, mon lieutenant ? demanda Christian.
    –  L’eau également, répondit Hardenburg, sans hésitation.
    Christian déposa les bidons d’eau à côté des boîtes de rations.
    Hardenburg contourna la voiture, derrière laquelle étaient amarrés, à l’aide de courroies de cuir, trois épais rouleaux de literie. Il sortit son couteau. En trois coups rapides, il sectionna les courroies. Les trois rouleaux tombèrent et s’ouvrirent sur le sol. L’un des officiers se répandit en imprécations, dans sa langue maternelle, mais le major lui intima l’ordre de se taire. Le major se dressa, très droit, devant Hardenburg.
    –  J’exige, dit-il en allemand, que vous me délivriez un reçu en échange du véhicule.
    –  Naturellement, dit gravement Hardenburg.
    Il tira sa carte de son étui, en déchira un coin rectangulaire et écrivit lentement, au dos .
    –  Est-ce que cela ira ? demanda-t-il.
    Puis il lut à haute voix, d’un ton calme et sans se hâte r –  Reçu du major Untel… – J’ai laissé un blanc, major, vous pourrez le remplir vous-même à loisir…, – une voiture d’état-major Fiat,

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