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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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faisions la queue et ils ont fermé à trois hommes devant moi.
    –  Vous ne connaissez personne qui y soit allé ?
    Christian réfléchit.
    –  Si, dit-il. Un caporal blessé à la tête.
    –  Qu’en a-t-il dit ?
    Christian essaya de s’en souvenir.
    –  Il a dit j e crois, que les Grecques ne valaient pas grand-chos e et aussi – Christian se souvenait, à présent – que c’était beaucoup trop officiel. Il a eu du mal à y arriver dans le temps accordé. Et la fille n’a rien fait. Elle s’est contentée de le subir sans bronche r. Il m’a dit que l’armée devrait lever des volontaires, au lieu de prendre n’importe qui.
    –  Votre camarade est un idiot, coupa Hardenburg.
    –  Oui, mon lieutenant, dit Christia n.
    Il se tut.
    –  Continuez.
    Hardenburg secoua violemment la tête, comme pour s’éclaircir la vue.
    –  Continuez à parler. Qu’avez-vous fait à Berlin, pendant votre permission ?
    –  Je suis allé à l’Opéra, répondit vivement Christian, et aussi à quelques concerts.
    –  Vous êtes un idiot, vous aussi.
    –  Oui, mon lieutenant, dit Christian, en songeant : il commence à dérailler. »
    –  Pas de femmes ?
    –  Si, mon lieutenant.
    Christian réfléchit soigneusement.
    –  J’ai fait la connaissance d’une jeune fille qui travaillait dans une usine d’aviation.
    –  Vous avez couché avec elle ?
    –  Oui.
    –  Comment était-ce ?
    –  Excellent, dit Christian, regardant anxieusement le désert, par-dessus la tête du lieutenant.
    –  Bravo ! dit Hardenburg. Comment s’appelait-ell e ?
    Christian hésita.
    –  Marguerite, dit-il.
    –  Était-elle mariée ?
    –  Je ne le pense pas. Elle ne me l’a pas dit.
    –  Toutes des putains, conclut Hardenburg, parlant des jeunes filles de Berlin. Vous n’êtes jamais allé à Alexandrie ?
    –  Non, mon lieutenant, dit Christian.
    –  Je me faisais une fête d’y aller, reconnut Hardenburg.
    –  Je ne pense pas que nous y allions jamais, à présent, dit Christian.
    –  Taisez-vous ! hurla Hardenburg.
    La motocyclette décrivit une violente embardée avant qu’il reprenne le contrôle de sa direction.
    –  Nous irons ! Vous m’entendez ! Nous irons ! Et très bientôt ! Vous m’entendez !
    –  Oui, mon lieutenant, cria Christian.
    Le lieutenant se tordit sur sa selle. Son visage était convulsé et ses yeux brillaient sous ses paupières lourdes de crasse. Sa bouche était ouverte et ses dents d’une blancheur étonnante, entre ses lèvres noires.
    –  Je vous ordonne de vous taire ! cria-t-il avec rage, comme s’il s’adressait à une escouade de « bleus » mal dégrossis. Fermez-la ou je…
    Puis la roue avant dérapa, les poignées du guidon échappèrent au lieutenant. Christian se sentit tomber et se jeta sur Hardenburg pour le saisir. Le choc courba le lieutenant sur la roue avant, la machine quitta la piste, le moteur s’emballa. Soudain, la moto se coucha sur le côté et s’arrêta. Christian se sentit projeté dans les airs. Il savait qu’il criait, mais au fond de lui, une voix murmurait calmement : « Cette fois, c’en est trop, c’en est trop ! » Puis il entra en contact avec le sol. Une sorte de paralysie envahit son épaule, mais il parvint à se relever sur un genou.
    Le lieutenant gisait sous la motocyclette, dont la roue avant tournait toujours dans le vide. La roue arrière n’était plus qu’un amas de ferraille tordue. Le lieutenant ne bougeait pas. Son front était ensanglanté, ses jambes bizarrement repliées sous la moto. Christian essaya de le tirer à lui et n’y parvint pas. Alors, péniblement, il releva la moto et la laissa retomber dans l’autre sens, à côté de Hardenburg. Puis il s’assit et se reposa. Au bout d’une minute ou deux, il sortit sa trousse de premier secours et ajusta maladroitement un bandage sur le front du lieutenant. Le pansement avait une allure professionnelle et fort satisfaisante. Puis, le sang l’imprégna et le bandage ressembla à n’importe quel autre bandage.
    Brusquement, le lieutenant s’assit. Il regarda la motocyclette, constata :
    –  Il ne nous reste plus qu’à marcher.
    Mais, lorsqu’il tenta de se mettre debout, il n’y parvint pas.
    –  Ce n’est rien de sérieux, dit-il, comme pour s’en convaincre lui-même. Je vous assure que ce n’est rien de sérieux. Comment allez-vous ?
    –  Très bien, merci, répondit machinalement Christian.
    –  Je

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