Le Bal Des Maudits - T 1
trois de ces salauds.
– Merci.
Michael remit son portefeuille à sa place. Il n’avait plus aucune envie de causer avec Parrish.
– Vous restez ici au bar.
– Y a-t-il un bon bordel dans la maison ? demanda Parrish.
– Non.
– Alors, je reste ici.
– Je vous reverrai tout à l’heure, dit Michael. Je vais me dégourdir les jambes.
– Bien sûr, mon pote, approuva distraitement Parrish. Merci pour la galette.
– N’en parlons plus, dit Michael.
– Bien sûr, mon pote.
Parrish retourna à son verre. Ses larges épaules carrées formaient un rempart de serge bleue au milieu des épaules nues et des revers de satin qui l’entouraient.
Michael marcha lentement à travers la pièce, vers le groupe qui en occupait le coin opposé. Longtemp s avant d’y parvenir, il y aperçut Louise et son sourire de bienvenue. Louise était ce que Laura appellerait probablement « une de ses anciennes passades », à ceci près qu’avec Louise cela n’avait jamais cessé. Louise était mariée, à présent, mais de temps en en temps, et pour des périodes plus ou moins longues, elle et Michael continuaient à coucher ensembl e. Il y aurait un jugement moral à prononcer tôt ou tard, se disait parfois Michael, mais Louise était une des plus jolies filles de New York, petite, brune et intelligente, et elle était confortable et jamais exigeante. Sur un certain plan, elle lui était plus chère que sa femme. Parfois, lorsqu’ils étaient allongés l’un près de l’autre dans des appartements empruntés, Louise soupirait et regardait le plafond et disait :
– Est-ce que ce n’est pas merveilleux ? Et dire qu’il faudra que ça cesse, un jour ou l’autre.
Mais ni elle ni Michael ne prenaient ces paroles vraiment au sérieux.
Elle était debout près de Donald Wade. Une seconde, Michael eut une vision déplaisante de la complexité de la vie, mais elle disparut dès qu’il l’embrassa et lui dit :
– Bonne année.
Il serra gravement la main de Donald Wade, se demandant, comme toujours, pourquoi les hommes se croient obligés d’être aussi cordiaux avec les anciens amants de leurs femmes.
– Hello ! dit Louise. Il y a une éternité que je vous ai vu. Vous avez fière allure dans votre beau costume. Où est M me Whitacre ?
– Elle se fait dire la bonne aventure, répondit Michael. Le passé ne lui suffit plus. Elle veut aussi pouvoir s’inquiéter pour l’avenir. Où est votre mari ?
– Je ne sais pas.
Elle fit un geste vague et lui adressa un des sourires sérieux et chauds qu’elle lui réservait toujours, en privé.
– Quelque part alentour.
Wade s’inclina et les quitta. Louise le suivit des yeux.
– Est-ce qu’il ne… flirtait pas avec Lama ? demanda - t-elle.
– Pas de perfidies, répondit Michael.
– C’était juste pour savoir.
– Cette pièce, dit Michael, est bourrée de types qui ont « flirté » avec Laura.
Il promena son regard sur les invités, avec un soudain mécontentement. Wade, Talbot, et un troisième qui venait d’arriver, un acteur long et svelte du nom de Moran, qui avait joué avec Laura dans un de ses films. Les journaux à scandale de Hollywood avaient accouplé leurs deux noms, et Laura avait appelé Michael à New York, un matin, pour lui expliquer qu’il s’agissait d’une soirée officielle, au studio, et c.
– Cette pièce, dit Louise en le regardant obliquement, est pleine de femmes qui ont « flirté » avec toi. Ou peut-être ai-je tort de parler au passé ?
– Il y a beaucoup trop de monde aux parties, de nos jours, éluda Michael. Je les évite le plus souvent possible. Y a-t-il un coin, dans cette maison, où nous puissions aller nous asseoir tranquillement, la main dans la main ?
– Nous pouvons essayer, dit Louise.
Elle lui prit le bras et le conduisit le long du hall, à travers les groupes d’invités, vers la partie postérieure de l’appartement. Elle ouvrit une porte, jeta un coup d’œil à l’intérieur. La pièce était sombre, et elle fit signe à Michael de la suivre. Ils entrèrent sur la pointe des pieds, refermèrent soigneusement la porte derrière eux, et s’installèrent sur un petit canapé. Après la lumière aveuglante qui régnait dans les autres pièces, Michael resta un bon moment sans rien voir. Il ferma les yeux avec volupté, sentit Louise se serrer contre lui, se pencher et l’embrasser doucement sur la joue.
– Là, dit-elle.
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