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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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rit.
    –  Te voilà qui fais preuve de noblesse. Je t’adore quand tu fais preuve de noblesse.
    Michael rit aussi, bien qu’il ne pût s’empêcher de se sentir agacé.
    –  Maintenant, dit Laura sous son menton, il te faut payer ta gentillesse.
    –  De quoi s’agit-il ? demanda Michael.
    –  Ne prends pas un ton résigné, dit Laura. Je te déteste quand tu prends un ton résigné.
    Michael se contrôla et écouta sa propre voix répondre d’un ton poli, agréable :
    –  Que veux-tu que je fasse ?
    –  D’abord, dit Laura, ferme cette satanée radio.
    Michael ouvrit la bouche pour protester, mais s e ravisa. Le speaker disait :
    –  La situation est toujours confuse, mais il semble que les Britanniques soient parvenus à évacuer la plus grande partie de leur armée, et on s’attend prochainement au développement de la contre-offensive de Weygand…
    –  Michael chéri, dit Laura.
    Michael ferma la radio.
    –  Voilà, dit-il. Tout pour te faire plaisir.
    –  Merci, dit Laura.
    Ses yeux étaient secs, et brillants, et souriants.
    –  Maintenant, autre chose.
    –  Quoi donc ?
    –  Rase-toi.
    Michael soupira et passa sa main sur son menton hérissé .
    –  J’en ai vraiment besoin ? demanda-t-il.
    –  Tu as l’air de sortir d’un asile de nuit.
    –  À ce point-là ?
    –  Tu te sentiras mieux ensuite, insista Laura, eu ramassant les journaux épars sur le plancher.
    –  Bien sûr, dit Michael.
    Presque automatiquement, il se dirigea obliquement vers la radio et mit la main sur le bouton du condensateur.
    –  Une heure, supplia Laura, plaçant sa main en travers du cadran, une heure seulement. Ça me rend folle. Ils répètent toujours la même chose !
    –  Laura chérie, dit Michael, c’est la semaine la plus importante de nos vies.
    –  Ce n’est pas une raison, dit-elle avec une prompte logique, pour nous rendre complètement fous. Ça n’aidera pas les Français, n’est-ce pas ? Et, quand tu redescendras, chéri, installe donc le filet de badminton.
    Michael haussa les épaules.
    –  O. K, dit-il.
    Laura l’embrassa légèrement sur la joue et lui passa la main dans les cheveux. Il monta.
    Pendant qu’il se rasait, il entendit arriver quelques-uns des invités. Les voix s’élevaient du jardin, perdues, de temps à autre, dans le bruit de l’eau courante. Ç’étaient des voix de femmes, et, à cette distance, elles paraissaient musicales et douces. Laura avait invité deux des institutrices d’une école voisine, où elle était allée à l’âge de quatorze ans. Toutes deux étaient Françaises, et toutes deux avaient été bonnes pour elle. Écoutant à demi leurs voix, Michael ne put s’empêcher de constater à quel point les Françaises étaient plus agréables à entendre parler que la plupart des Américaines qu’il connaissait. Il y avait dans le ton de leurs voix et la ponctuation de leurs paroles quelque chose de modeste et d’artistique qui était beaucoup plus plaisant à l’oreille que la sonorité assurée du parler des Américaines. « Voilà, pensa-t-il en souriant, une remarque que je n’oserais jamais faire en public. »
    Il se coupa, s’énerva et grogna en voyant la petite source rouge, persistante, sous son menton.
    Du grand arbre qui s’élevait à l’autre extrémité du jardin parvenait le croassement des corbeaux. Toute une colonie s’était établie dans ses branches, et, de temps en temps, ils partaient en expédition, noyant dans leurs clameurs tous les autres bruits de la campagne avoisinante.
    Il descendit et se glissa dans le salon et alluma doucement la radio. Elle chauffa rapidement, mais, pour une fois, il n’y trouva que de la musique. «  Moi, je n’ai jamais rien eu… » , chantait une voix de femme. Il tourna l’aiguille. Une clique militaire jouait, à un autre poste, l’ouverture de Tannh ä user. C’était un petit poste sans grande puissance, avec lequel il n’était pas possible de capter plus de deux ou trois émissions. Michael ferma la radio et sortit dans le jardin pour aller à la rencontre des invités.
    Johnson était arrivé, en chemise de tennis jaune, avec des raies brunes horizontales. Il avait amené avec lui une grande et jolie jeune fille, au visage sérieux et intelligent. Machinalement, Michael leur serra la main, en se demandant où était passée M me  Johnson, en ce bel après-midi d’été.
    –  M lle  Margaret Freemantle…
    Laura faisait les

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