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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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paroles de la vieille. La satanée boule de suif a même contribué à en percer le sens. Il a facilement pu les rapporter à Montfort et à Véran, qui te les auront répétées.
    Norbert soupira, visiblement impatienté par mon incrédulité, et se leva à nouveau. Je restai assis et le regardai marcher lentement, de long en large, les mains derrière son dos voûté. Il finit par s’arrêter et se retourna pour me faire face.
    —    Dans le temple des Neuf de Montségur, à l’Orient, se trouve une cache sous une des dalles du plancher. Là sont conservées des instructions destinées au Magister nouvellement élu. Après ton élection, selon la tradition, Esclarmonde te les a remis puis t’a laissé seul pour que tu puisses en prendre connaissance.
    —    Et alors ? fis-je. Il y avait sans doute la même cachette à Gisors et on t’aura appris son existence.
    —    Alors, poursuivit-il, si ma pauvre cervelle a encore un peu de mémoire, les instructions disaient ceci : N’oublie jamais que la protection de la Vérité est la seule raison d’être de l’Ordre et rien ne doit primer sur elle, pas même la vie des Neuf. Elle doit être le seul guide de tes décisions jusqu’à la réunion des deux parts. Celle-ci ne pourra être décrétée que par le Cancellarius Maximus, à sa seule discrétion. Le moment venu, il remettra son sceau au Magister de son choix, faisant de lui le Lucifer, porteur de la Lumière divine. Le Lucifer partira alors sans attendre pour Toulouse. Sous la parole divine, il trouvera une dalle portant le sceau, y déposera un mot annonçant son arrivée et attendra ses instructions. La tâche qui t’échoit est lourde et je prie Dieu pour qu’il t’arme de courage et te mène à bonne fin.
    Je le dévisageai avec arrogance.
    —    Cela aussi, on a pu te le rapporter. Grâce au vieux Jehan, les imposteurs de Gisors disposaient des mêmes instructions.
    Il vint se rasseoir et plongea ses yeux dans les miens.
    —    Soit, je te le concède. Mais je suis celui qui en a dicté le contenu.
    —    Dis-tu.
    —    J’ai fait de même pour tous les messages qui t’étaient adressés à Toulouse.
    Il se mit à compter sur ses doigts à mesure qu’il les énumérait.
    —     Ta requête est à l’étude et une réponse te parviendra en temps opportun. D’ici là, ne quitte Toulouse sous aucun prétexte. Daté du vingt-huitième jour de juin de l’An du martyre de Jésus 1211. Ta requête est rejetée. La seconde part de la Vérité demeurera cachée jusqu’au moment de la Révélation. Seul celui qui prouvera sa valeur pourra prétendre au titre de Lucifer. Retourne à la mission qui est la tienne et ne te mêle plus des choses qui ne te concernent pas. Daté du neuvième jour de septembre de l’An du martyre de Jésus 1211. Puis deux notes plus hâtives, puisque les événements se bousculaient : Ce matin, à trois heures, sur la place, remis à dame Cécile de Foix, et Je t’attends dans la ruelle où tu as fait l’aumône , sous la dalle de la place. Alors ? Tu es convaincu ?
    Cette fois, j’étais médusé. À part Cécile, Raymond Roger, Ugolin, Pernelle et la mendiante, personne sur cette terre ne pouvait connaître le contenu de ces messages. Sur ce point, j’étais formel. Et pourtant, Norbert venait de me les citer ad litteram. Certes, Montfort aurait pu torturer Cécile pour en apprendre le contenu, mais les aurait-elle rapportés avec une telle précision ? Et ne m’aurait-elle pas prévenu qu’elle l’avait fait ? Incapable d’accepter les implications de ce qu’il venait d’affirmer, je dévisageai Norbert, sidéré.
    —    Tu. ne devrais pas connaître ces messages, murmurai-je.
    —    Bien sûr que si, rétorqua-t-il, puisque ces mots sont les miens. Ils ont été écrits sur cette table et ont été relayés par
    Jacques de Payraud jusqu’à celle que tu appelles la mendiante. Celle-ci les a fait déposer sous la dalle, sur la place de Saint-Sernin, par dame Cécile de Foix.
    —    Tu veux dire que, que la vieille n’était pas le Cancellarius Maximus ? Qu’elle recevait ses ordres de toi ?
    Il fit une courte pause et son regard se fixa dans le mien, intense et pénétrant. Puis, songeur, il fit tourner le médaillon entre ses doigts noueux.
    —    Ce n’est pas aussi simple. Ta mendiante agissait au nom du Cancellarius Maximus. Elle a reçu celui-ci voilà longtemps, dit-il en désignant le mien de la tête.

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