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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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elle t’a remis sur pied. Il faut croire que Dieu ne voulait pas de toi. Comme de moi, d’ailleurs. Il s’entête à ne pas me laisser mourir.
    —    Tu dois avoir une tâche à terminer, toi aussi, suggérai-je. Ou des fautes à expier.
    —    Un peu de tout ça, sans doute. Avec la vie que j’ai menée, il ne peut en aller autrement.
    Il but un peu de vin, toussa et reprit son souffle avant de continuer.
    —    Je présume que c’est sous l’influence de dame Pernelle que tu as repensé tes allégeances. Dès lors, tu es devenu un des pires cauchemars de Simon de Montfort et de ses croisés. Depuis Cabaret, tu lui en as fait voir de toutes les couleurs, à ce diable. Le bougre se réveillait sans doute la nuit pour te détester ! Puis, quand l’ordre a été donné de conduire tous les Parfaits à Montségur, tu as pris en charge ceux de Cabaret. Les circonstances t’ont mis sur la route d’Esclarmonde de Foix, que tu as escortée elle aussi.
    —    Mais comment sais-tu tout cela ? explosai-je à nouveau. C’est à croire que tu avais un espion caché dans mes braies !
    —    Hum. tu n’es pas si loin de la réalité, répondit-il avec un sourire énigmatique. Mais nous reviendrons sur cela en temps et lieu. Alors que tu conduisais dame Esclarmonde vers Montségur, ton chemin a croisé pour la première fois la cassette qu’elle transportait. Les templiers qui l’accompagnaient, parmi lesquels se trouvait Montbard, sont tombés dans une embuscade menée par ton ancien comparse Evrart. Ton intervention providentielle a sauvé la cassette et son contenu. Comme sire Drogon avait péri dans la bataille, Esclarmonde s’est dit, avec raison, que les Neuf auraient avantage à pouvoir compter sur un guerrier de ta trempe pour prendre sa place. Son autorité est grande et sa suggestion a été acceptée par Ravier de Payns. Tu as été reçu dans l’Ordre des Neuf dès ton arrivée à Montségur. Un peu à ton corps défendant, je crois. La Vérité t’a été révélée et il semble que tu aies eu du mal à t’y faire, mais qui pourrait t’en blâmer ? Après tout, tu avais été élevé en bon chrétien par le curé de ton village et il n’est pas facile d’apprendre que l’Église en laquelle on a placé sa foi est fondée sur une supercherie.
    Il toussa et s’interrompit pour se désaltérer. Puis il me fixa sans rien ajouter. Comprenant qu’il attendait une réaction de ma part, je la lui donnai.
    —    Tu es fort bien informé, admis-je. Disons qu’apprendre que Jésus n’est pas mort sur la croix a été un choc.
    Il parut satisfait, car il reprit son récit.
    —    Après ton initiation, les événements se sont bousculés. Les documents ont été volés et, in extremis, tu as réussi à les récupérer. Dame Daufina a chèrement payé pour ton succès, la pauvre.
    —    Tous les indices menaient vers elle, me justifiai-je.
    —    Je sais, Raynal était habile. Quelque temps plus tard, à la mort de Ravier de Payns, tu as été élu Magister des Neuf. Dans les instructions qui lui sont réservées, tu as appris qu’il existait un autre Ordre des Neuf, quelque part, qui protégeait la seconde part de la Vérité. Jusque-là, tout était bien. Mais tu as décidé de partir pour Toulouse en prétextant vouloir occire Simon de
    Montfort et ralentir ainsi les croisés. Tu es assez intelligent pour savoir que tu n’avais aucune chance de réussir. Tu avais une autre raison. Tu espérais convaincre le Cancellarius Maximus de te révéler l’emplacement du suaire. Et tu as obtenu les informations que tu cherchais. Par contre, ton succès a eu un prix : la vie de Bertrand de Montbard. Le pauvre bougre est mort comme il a vécu : sans compromis et avec honneur, pour sauver des vies qu’il estimait précieuses. On me dit d’ailleurs que tu as vu à ce qu’il soit inhumé convenablement et je t’en remercie. Il le méritait. Ton geste révèle la force du lien qui vous unissait. Un pommier ne produira jamais que des pommes.
    Ne sachant que faire d’autre, j’acceptai le compliment d’un hochement de tête.
    —    C’est ainsi que tu as pris la route pour Gisors, en compagnie de dame Pernelle et d’Ugolin de Bisor. Et tu es tombé à pieds j oints dans le piège qu’Arnaud Amaury et Montfort t’avaient tendu.
    —    Comment savaient-ils ? demandai-je, pressé d’obtenir la réponse à la question qui me turlupinait depuis des semaines.
    —

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