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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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la menace que je faisais planer sur son supérieur, que j’utilisais comme bouclier. Il écarquilla les yeux et, malgré le sang qui commençait à maculer son visage, il blanchit distinctement.
    — Halte ! cria-t-il d’une voix forte. Bas les armes !
    Après une brève hésitation, les chocs métalliques se firent plus rares et cessèrent complètement, les templiers essoufflés baissant leur arme avec obéissance. Indécis, mes compagnons regardèrent dans ma direction. Le poing d’Ugolin frappa une dernière fois, puis se figea dans les airs et mon ami me dévisagea, perplexe et déçu. De la tête, je leur fis signe d’imiter leurs adversaires. Je tenais contre moi notre seule chance de sortir de cet endroit. Il ne servait à rien de risquer les blessures et la mort. Et puis, force m’était de reconnaître que l’intervention de mes compagnons tombait mal car, si la Vérité n’était pas celle que j’avais crue, je devais absolument en connaître la nature. Il en allait de la vie de Cécile et du salut de mon âme.
    Délivré de l’avalanche de coups, Jacques de Payraud se releva et fit quelques pas vers moi en titubant et en frottant son poignet endolori.
    —    Ils nous ont surpris, maître, haleta-t-il à l’intention de Norbert, la lèvre inférieure fendue. Nous leur portions à manger lorsque le gros nous est tombé dessus. Littéralement. Il s’était accroché aux poutres du plafond et il s’est mis à nous tabasser comme un démon sorti de l’enfer. Les autres en ont profité pour désarmer quelques-uns d’entre nous et.
    —    Je comprends, dit Norbert, toujours prisonnier de ma prise. N’en conçois aucune honte, mon frère. Les Neuf sont à la hauteur de leur tâche et c’est fort bien ainsi. Je serais déçu s’il en était autrement.
    Le vieil homme tourna la tête pour me regarder du coin de l’œil.
    —    Si tu veux bien me lâcher, maintenant, Gondemar, nous pourrons poursuivre notre discussion.
    —    Puisque mes compagnons se sont invités à notre tête-à-tête, aussi bien les informer en même temps que moi. Après tout, ils sont des Neuf et Eudes est notre Magister.
    —    Je n’avais pas prévu cela tout de suite, mais tu as sans doute raison. Et puis, tu auras besoin d’eux.
    Je relâchai un peu la pression et il inspira profondément, l’air sifflant dans son gosier. Puis, après une ultime hésitation, je le laissai aller. Il se retourna vers moi en frottant sa gorge douloureuse. Les yeux remplis d’eau par la suffocation, il me détailla.
    —    Mais soyons clairs, Gondemar, dit-il avec un filet de voix, ce que j’allais te dévoiler, je le partagerai avec eux aux mêmes conditions. Soit qu’ils l’acceptent et jurent fidélité, ou qu’ils meurent. C’est compris ?
    Je considérai un moment les modalités qu’il venait d’énoncer. Chacun de nous avait servi une cause qui se révélait fausse. Nous ne pouvions que gagner en sachant de quoi il retournait. Et puis, malgré le courage et la détermination de mes compagnons, nous ne sortirions jamais de cet endroit par nos propres moyens. Au pire, nous allions mourir les yeux grands ouverts. Nous méritions au moins cela.
    —    Entendu.
    —    Ho ! Hé ! s’écria Ugolin, mi-figue, mi-raisin. Tu pourrais me consulter avant de jouer ma vie !
    Eudes, Foix et Odon ne dirent rien, mais ne lâchèrent pas leur arme, jetant des regards méfiants aux templiers.
    —    Faisons confiance au Cancellarius Maximus, dis-je en haussant les épaules avec impuissance.
    Les yeux d’Eudes, d’Ugolin et de Foix s’agrandirent à la mention de ce nom. Norbert se retourna vers Payraud.
    —    Des fauteuils pour ces hommes, ordonna-t-il. Et un pour toi. Tu resteras avec nous. Les autres peuvent disposer. Que personne ne soit armé. Y compris toi.
    Le templier adressa à son maître un air contrarié, mais il obéit. Ses hommes ramassèrent les armes de mes compagnons, qui ne les cédèrent qu’à regret, puis se retirèrent. Nous nous retrouvâmes tous assis autour de la table. Payraud, lui, se contenta de rester debout derrière Norbert, son regard méfiant passant sans cesse de l’un à l’autre. Un des templiers revint avec une cruche pleine et six coupes, puis repartit. Le vieillard nous servit lui-même avec civilité. Puis, sans plus de préambule, il amorça son récit.
    —    Vous avez tous entendu sire Gondemar me désigner comme le Cancellarius Maximus ?

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