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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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servaient s’en trouvait renforcée.
    —    Nous savons tout cela, grogna Eudes.
    —    J’en suis conscient, répondit le vieil homme. Vous savez aussi que l’Eglise chrétienne a récupéré ce mythe et a érigé dessus un immense édifice. Elle a déifié, sanctifié et transfiguré Ieschoua et a promis la résurrection à tous les croyants. Le chef de guerre est devenu Iesus hominum salvator 4 . Le pouvoir de l’Eglise s’est accru au fil des siècles et le pape a assis son autorité sur les rois et leurs peuples. Il est maintenant le plus puissant de tous les souverains. Une seule chose menaçait sa puissance : le fait qu’exis-taient des preuves matérielles de la survie de celui dont elle avait fait son Christ. La rumeur courait depuis les premiers temps de la chrétienté. La lettre de Joseph d’Arimathie, que Gondemar et Ugolin ont lue, démontrait qu’un groupe de fidèles de Ieschoua était déjà conscient qu’une mystification se construisait et qu’ils avaient préservé ce qui s’était vraiment produit pour en assurer la transmission de génération en génération.
    —    Abrège, bougre de bonimenteur ! gronda le Minervois. J’aimerais bien sortir d’ici avant d’être aussi décrépit que toi !
    —    Crois-moi, Ugolin, j’ai mille fois imploré Dieu de me rappeler à sa Lumière, mais il n’a pas encore jugé bon de le faire. Je ne te souhaite pas la déchéance de la vieillesse. Tu n’y trouveras que douleur et regrets.
    —    Tais-toi et écoute ce que Norbert de Craon te fait l’honneur de te dire ! dit sèchement Payraud.
    Ugolin fit mine de se lever pour aller tabasser Jacques et ce dernier lui rendit la pareille. Pendant un moment, la tension fut palpable.
    —    Du calme, messires, soupira Norbert. Cette attitude ne nous mènera nulle part.
    Les deux se rassirent en se lançant des regards mauvais.
    —    Dès les commencements, reprit le vieillard fatigué, l’Église cherchait ces preuves pour les détruire. Heureusement, au fil des siècles, elles avaient été si bien cachées que leur emplacement n’était plus connu avec certitude. Seules des légendes circulaient encore parmi les hérétiques qui vivaient en marge de la chrétienté, parmi lesquels se trouvaient ceux qui sont devenus les cathares. Toutes parlaient des ruines du temple du roi Salomon, à Jérusalem, où la Vérité aurait été enfouie. Vous savez déjà que les grandes familles du Sud ont pris prétexte des croisades contre les musulmans pour déléguer en Terre sainte quelques-uns de leurs membres, menés par sire Hugues de Payns. Ainsi est né l’Ordre des pauperes commilitones Christi Templique Solomonici 5 . Après des années de recherches, les premiers Templiers ont enfin retrouvé les parchemins et le suaire dans une pièce secrète aménagée sous les ruines du temple. Ils les ont gardés en sécurité en Terre sainte. Ainsi est né l’Ordre des Neuf, dont vous êtes tous de nobles représentants. Quand la menace des Sarrasins est devenue intenable, la Vérité a été séparée en deux parts et ramenée en terre natale par Bertrand de Montbard et le frère Baroche, pour être déposée à Montségur et à Gisors, où tout avait été préparé longtemps à l’avance pour la recevoir. C’était en l’an 1187.
    Je notai au passage que Norbert n’avait pas désigné l’année en faisant référence au martyre de Jésus, comme le faisaient tous ceux qui étaient impliqués dans la sauvegarde de la Vérité.
    —    Depuis, continua-t-il, les deux parts ont été protégées de l’Église, qui n’a jamais cessé de les chercher. Je ne vous apprends rien en vous disant que la croisade lancée contre les cathares n’était qu’un prétexte utilisé par Innocent III pour s’emparer par la force de ce que ses prédécesseurs n’avaient pas réussi à obtenir par la sournoiserie.
    Il fit une pause et nous dévisagea gravement.
    —    Il est maintenant en voie d’y parvenir. Déjà, la seconde part n’est plus que cendres et la première lui sera bientôt livrée. Sous peu, la Vérité ne sera plus, et c’est fort bien. Car ainsi l’ont voulu les familles fondatrices.
    Ce qu’il venait de dire ne me surprenait pas outre mesure. Le comportement de Jacques de Payraud m’avait déjà appris que Norbert et ses hommes souhaitaient la disparition de la Vérité. Le vieil homme me l’avait lui-même confirmé lors de notre conversation.
    —    Et

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