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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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aurait cassé en deux sur sa cuisse. Allez ! À cheval !
    —    On te réclame, dis-je en souriant.
    —    On dirait bien, oui. Que veux-tu ? J’ai un charme irrésistible et on apprécie ma compagnie.
    —    Ugolin, lançai-je avec empressement, dis à Pernelle que.
    Je m’interrompis. Quel message pouvais-je faire passer à mon
    amie d’enfance ? Que je tenais à elle ? Que je l’aimais tendrement ?
    —    Je le lui dirai, coupa le colosse en m’adressant un sourire entendu, mais elle sait déjà tout ça. Et elle est aussi soulagée que moi de te savoir redevenu toi-même.
    On le poussa sans ménagement jusqu’à son cheval. Il se contenta d’un ricanement menaçant avant d’aider Pernelle à monter en selle puis d’en faire autant.
    Quelques minutes après, le convoi se mit en marche. J’étais heureux d’avoir regagné la confiance de mes chers compagnons.
    Pourtant, la responsabilité de nous tirer de notre mauvais pas tout en sauvant la Vérité me pesait. Le Cancellarius Maximus n’était plus. Les Neuf du Nord non plus. Ceux du Sud étaient décimés et ignoraient ma situation. Si je parvenais à prévenir Eudes et Esclarmonde, ils pourraient certainement intervenir. Mais comment le faire ? J’étais prisonnier de la famille de Montfort et surveillé de près.
    Je n’allais tout de même pas m’en remettre à la bonne volonté de Métatron. L’archange me détestait depuis le premier jour et ne souhaitait que mon échec. Je ne pouvais pas prier. J’étais seul et j’en étais réduit à espérer un miracle.
    Ce miracle, il pointa le bout de son nez le lendemain. Il me faudrait beaucoup de temps pour le comprendre.
    Orléans était déjà à douze lieues derrière nous et je considérais avec angoisse que, au rythme auquel nous progressions, nous atteindrions Carcassonne dans une quinzaine de jours tout au plus. Deux semaines. C’était tout ce dont je disposais pour m’extraire de la situation dans laquelle je me trouvais. À l’opposé, Guillaume des Barres, qui avait tout naturellement pris le commandement, était impatient d’arriver et forçait le pas. Malgré la tombée du soir, il ne semblait pas vouloir s’arrêter. Quelques-uns de ses hommes tenaient des torches allumées qui éclairaient la voie devant eux. Je notai avec intérêt que la cassette contenant le suaire était maintenant attachée à sa selle. Ceci devait passablement contrarier Guillot, dont l’importance venait d’être réduite.
    Autour de moi, les soldats de Pierrepont partageaient l’humiliation publique de leur maître, relégué au statut de second. Fourbus, affamés et de fort mauvaise humeur, ils ne se faisaient pas prier pour grommeler leurs récriminations. À quelques reprises, mes nouveaux gardiens avaient utilisé le moindre prétexte pour m’asséner quelques coups. Un gargouillement monta de mon ventre, me rappelant que je n’avais rien avalé depuis la mauvaise bouillie d’orge du matin.
    Nous chevauchions à un bon rythme lorsque des bruits de galop s’élevèrent à l’avant du convoi et furent presque aussitôt suivis d’une conversation au ton fort peu amène. Au même moment, tous s’immobilisèrent dans la plus complète confusion, les montures manquant de se heurter les unes contre les autres.
    J’étirai le cou pour voir ce qui se passait et je pus déterminer que Pierrepont, des Barres, Thury, Guy et Guiburge faisaient face à un groupe de cavaliers qui réclamaient le passage. Leur attitude était claire : ils n’entendaient pas céder un cheveu d’espace.
    La lune choisit ce moment pour sortir de derrière les nuages. J’observai plus attentivement les nouveaux venus et je ne sus si je devais m’inquiéter ou me réjouir de ce que je voyais. Car ils ne m’étaient pas inconnus. Loin de là. La première chose que je vis fut le baucent au bout d’une hampe ; puis l’écu blanc orné d’une croix pattée dans la partie supérieure ; et enfin le manteau blanc portant le même symbole à la hauteur de l’épaule gauche.
    Ce manteau, j’en avais appris la glorieuse histoire auprès du père Prelou, puis de mon maître d’armes. Je l’avais vu pour la première fois à Quéribus, ensuite à Montségur. Je l’avais côtoyé dans le temple des Neuf. J’avais connu ceux qui avaient l’honneur de le revêtir. J’avais vu Bertrand de Montbard le porter fièrement après l’avoir abandonné par loyauté. J’avais regardé sire Ravier être inhumé avec

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