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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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ce vêtement. Depuis que je m’étais mis en quête de la Vérité, il n’avait cessé de croiser ma route.
    Les chevaliers du Temple étaient une quinzaine à peine, mais ils semblaient considérer avoir préséance sur les quelque deux cents cavaliers qui composaient notre convoi. Je ne pouvais m’empêcher d’admirer cette arrogance. Malgré leur courage et leur férocité qui étaient devenus objets de légende, ils n’avaient aucune chance de survie si le combat éclatait. Les hommes de Guillaume des Barres et d’Alain de Pierrepont étaient des soldats compétents et finiraient par les tailler en pièces. Pourtant, tout dans leur attitude montrait qu’ils ne céderaient pas d’un pouce.
    Il est vrai qu’ils étaient craints et respectés par toute la chrétienté. On ne s’attaquait pas impunément à eux et ils le savaient. Quiconque avait la fâcheuse idée de les mettre à mal devait en répondre directement au pape, duquel ils dépendaient. Mais ils faisaient face au demi-frère, au fils, à la sœur et à l’ami de Simon de Montfort, qui avaient aussi une haute opinion d’eux-mêmes et de la place qui leur revenait. Je ressentis une satisfaction perverse en apercevant Guy de Montfort, toujours aussi dénué de courage physique, faire reculer sa monture et, l’air de rien, se placer derrière les autres.
    Je ne savais pas comment interpréter la confrontation qui se déroulait au devant du convoi. Dans le Sud, aux dires de Ravier de Payns, les Templiers avaient toujours refusé de lever la main contre les hérétiques et avaient tacitement pris leur parti. Ils avaient trouvé moult esquives et excuses pour ne pas s’impliquer. Plusieurs d’entre eux étaient même cathares et certains appartenaient aux familles fondatrices des Neuf. Je n’avais toutefois aucune raison de penser qu’il en allait de même dans le Nord. Au contraire, je devais présumer qu’ils étaient du côté des croisés. Après tout, ils avaient tous fait vœu de fidélité au pape et, à ce titre, je devais m’en méfier. Quiconque était loyal à Innocent était mon ennemi. Je songeai que quelque chose avait pu changer et qu’ils étaient peut-être venus pour me prendre en charge afin de me mener directement devant le légat, ou même le pape en personne. Si oui, je le saurais sous peu.
    Le chemin était trop étroit pour permettre la circulation dans les deux sens, ce qui eût dénoué l’impasse. Quelqu’un devrait donc finir par s’écarter, sinon nous serions encore là dans une semaine. Pour la première fois depuis qu’ils voyageaient ensemble, Pierrepont et des Barres paraissaient s’entendre et faisaient front commun. À en juger par la façon dont ils gesticulaient, leur indignation était grande. Devant eux, sous son heaume à nasal, le meneur des templiers restait impassible. Nullement impressionné, le menton relevé, il toisait son interlocuteur comme s’il n’était qu’une vulgaire vermine à écraser du talon sans plus d’égards. Lorsqu’Alain, excédé, monta le ton et fit mine de dégainer son épée, quinze longues lames templières surgirent à l’unisson, scintillantes dans la lumière froide de la lune. Des Barres lui posa la main sur l’avant-bras pour le retenir et, après quelques instants de tension, il se ravisa.
    La discussion s’étira durant d’interminables minutes, le ton devenant de plus en plus aigre. Dans les rangs, les soldats s’agitaient, tendus. Je réalisai soudain que je tenais peut-être la chance que j’avais espérée. Si la situation atteignait un point de nonretour et qu’une bataille éclatait, elle serait brève. Les templiers entraîneraient certes bon nombre d’opposants avec eux dans la mort, mais tout courageux et redoutables qu’ils fussent, ils seraient massacrés en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Toutefois, pendant un bref instant, l’attention qu’on portait à Ugolin et Pernelle se relâcherait. Ils devraient en profiter pour s’enfuir. Je cherchai le Minervois du regard. Il hocha imperceptiblement la tête pour me signifier qu’il avait eu la même idée que moi. La façon dont Pernelle tenait sa monture m’indiquait qu’elle était prête à le suivre.
    Aux aguets, le corps tendu comme la corde d’un arc, je reportai mon attention vers l’avant de la colonne, attendant ma chance. Le meneur des templiers tenait bon et, après quelques minutes de négociations, des Barres, l’air sombre et le visage crispé,

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