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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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avait déjà servi sa fonction.
    Il s’esclaffa de bon cœur et secoua la tête. Le sourire qui traversait son visage était franc et atteignait ses yeux. Dès lors, je sus que ses menaces n’étaient que comédie.
    —    Pardieu, pour un homme qui a choisi de trahir la cause qu’il sert, tu as une belle morgue ! En d’autres circonstances, tu me serais sympathique.
    —    Dieu m’en préserve.
    —    Tu ferais bien de ne pas oublier, tout de même, que dame Cécile de Foix est entre nos mains et que sa vie, ainsi que celle de votre bâtard, ne tient qu’à notre bonne volonté. Et au succès de la mission que Simon te confiera, évidemment.
    Je l’observai longuement, étudiant son visage et tentant d’y percer son caractère.
    —    Pourquoi ai-je l’impression que tu n’es point homme à exécuter de telles menaces ? Tu n’es pas comme ton frère, c’est aussi clair que le nez au milieu de la figure. M’est avis que la barbarie te répugne.
    —    Disons que je préfère faire les choses de façon civilisée.
    Il tira son épée de son fourreau et j’eus un choc en reconnaissant Memento.
    —    Une bien belle arme, déclara-t-il avec une admiration sincère.
    —    Je te prie de faire attention à cette épée. Elle m’est très chère et j’aimerais qu’elle soit en bon état lorsque je la reprendrai. Les situations se retournent parfois plus vite qu’on ne l’escompte.
    —    Pas celle-ci. Tu livres les documents conservés à Montségur ou la jolie Cécile meurt. C’est aussi simple que cela. Et, le cas échéant, rien ne dit qu’elle expirera en douceur. Mon demi-frère n’est pas du genre à reculer devant son devoir. Je peux aisément l’imaginer en train d’extraire l’enfant du ventre de sa mère encore vivante pour le jeter aux ordures. Tu ne voudrais certainement pas assister à un tel spectacle.
    —    Assure-toi que ton neveu n’y soit pas non plus. La petite femmelette a le cœur bien trop sensible pour cela.
    —    Je sais, cracha-t-il avec dépit. Que veux-tu ? Chaque famille a son mouton noir. M’est avis que ce n’est pas par la semence de celui-là que le nom des Montfort sera perpétué.
    Il rengaina Memento sans jamais me quitter du regard. J’avais beau fanfaronner, des Barres me tenait par les génitoires. En cédant dans le temple de Gisors, j’avais fait passer la vie de Cécile avant la Vérité et cela lui disait tout ce qu’il avait besoin de savoir. Ma petite comédie ne l’avait pas trompé, mais elle m’avait fait du bien.
    —    Je te laisse méditer en paix, dit-il. Souviens-toi que je t’ai à l’œil.
    —    Je te ferai mes plus beaux sourires, alors.
    Il ricana en secouant la tête puis tourna les talons et rejoignit Pierrepont. Dans la lueur des flammes de leur feu, je les examinai. De toute évidence, les deux n’éprouvaient guère de sympathie l’un pour l’autre. Alain l’ignora, l’air boudeur, concentrant toute son attention sur la tranche de jambon qu’il avait étendue sur du pain. Quant à Guillaume, il entra en conversation avec Guy de Montfort et sa tante Guiburge sans faire cas du chef du convoi. La demi-sœur, le demi-frère et leur neveu. Mon sort était désormais une affaire de famille, ce qui n’annonçait rien de bon.
    On me laissa moisir encore une bonne heure avant de me nourrir. Cette fois, ce fut avec une prudence infinie que trois soldats me servirent mon ordinaire. Deux d’entre eux me tinrent en joue avec leur épée pendant que l’autre me libérait de mes fers pour que je puisse manger. Dès que j’eus terminé, ils ne me laissèrent même pas le temps de roter avant de me renchaîner.
    La nuit se déroula sans histoire et, au matin, un oignon, un peu de lard et de l’eau me furent servis dans les mêmes conditions. On allait me rattacher lorsque, d’un trait, je me mis debout. Aussitôt, je me retrouvai avec la pointe de trois épées appuyée sur la gorge.
    —    Allons, du calme, dis-je en écartant les mains. J’allais simplement profiter de l’occasion pour pisser.
    —    Bon, très bien, répondit un des soldats, un petit dodu à la barbe clairsemée.
    —    À moins que tu tiennes vraiment à admirer ma virilité, je préférerais le faire dans ce buisson, là-bas.
    —    Fais-le maintenant ou plus tard, dans tes braies, rétorqua-t-il. Peu me chaut. Mais tu ne bouges pas d’ici.
    Je haussai les épaules.
    —    Bon, comme tu

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