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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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cicatrices ? lui demandai-je. Que chacune est un trophée qui donne la mesure de l’homme qui les porte.
    —    Le vieux diable en avait plusieurs, et des belles, fit-il.
    Je les dévisageai à tour de rôle, ne sachant que dire d’autre.
    —    Si j’avais su, jamais je ne vous aurais demandé de. finis-je par murmurer.
    Pernelle se pencha sur sa monture, saisit ma main infirme et la serra.
    —    Mais tu ne savais pas, justement, dit-elle avec douceur. Tu as fait ce que tu croyais juste. Chacun de nous a subi des blessures dans cette aventure, mais la chair n’a aucune importance. Gondemar, sans être un Parfait, Ugolin est cathare et il le sait. Et puis, en prêtant le serment des Neuf, nous savions que nous mettions notre vie en jeu. Alors, cesse de t’en faire avec nous et songe plutôt à un moyen de récupérer la seconde part. Tu verras, Dieu ne nous abandonnera pas.
    —    Cela reste à voir, répondis-je, dépité. J’ai perdu confiance en lui depuis longtemps.
    Elle m’adressa un regard enflammé par la foi. J’aurais voulu avoir la même. Une autre. N’importe laquelle. Mais j’en étais privé. Dieu ne m’apportait ni secours, ni consolation.
    —    Mais lui a toujours confiance en toi, c’est tout ce qui compte. Dieu ne nous a pas imposé toutes ces épreuves pour nous oublier en cours de route. Accomplis sa volonté et il fera le reste.
    À l’avant du convoi, une voix forte ordonna la halte, alors que nous aurions pu continuer encore une bonne heure. Je compris que Guillaume avait commandé cet arrêt hâtif afin de ne pas surmener Ugolin.
    Mon garde m’indiqua que mes cinq minutes étaient écoulées et je quittai mes amis. Dès que nous mîmes pied à terre, les soldats s’installèrent pour la nuit, allumant les feux, nourrissant et abreuvant les chevaux. Deux d’entre eux me passèrent des fers aux chevilles. Un autre me donna un morceau de pain, qui me fit presque envier le foin de Sauvage, et une gourde d’eau.
    —    Me voilà revenu au régime du prisonnier, on dirait, notai-je, ne suscitant qu’un grondement impatient.
    Mes gardes s’installèrent à proximité, me gardant à l’œil tout en avalant d’épaisses tranches de pain frais garnies de lard et de légumes bouillis. Ils avaient acheté ces victuailles aux nombreux marchands qui ne cessaient d’engraisser le convoi. Je ravalai la salive qui me remplit la bouche.
    De là où j’étais, je vis des Barres se faufiler entre les groupes qui s’étaient formés, prenant le temps d’adresser un bon mot par-ci, de tapoter une épaule par-là. Je pus lire sur le visage de ses hommes un respect et une affection réels. Il se rendit jusqu’à Pernelle, près de laquelle il s’accroupit. Les deux discutèrent quelques instants en jetant de temps à autre un coup d’œil vers Ugolin. Le colosse était allongé sur le ventre pour ne pas rouvrir les plaies de son dos. Sous sa couverture, il semblait déjà dormir. Des Barres hocha la tête, l’air satisfait, puis prit congé de mon amie avec un geste élégant pour retraverser le camp dans ma direction.
    —    J’ai ordonné qu’on porte du vin et un repas convenable à ton compagnon, m’informa-t-il lorsqu’il fut près de moi.
    —    Merci. J’aimerais pouvoir en mériter autant, fis-je, dépité, en considérant mon bout de pain.
    —    Tu comprendras que les apparences exigent que je te retire tes privilèges. Tu peux au moins conserver ta couverture.
    —    C’est déjà ça de pris.
    Il porta le regard vers Pernelle et j’y lus de l’admiration.
    —    Cette Parfaite est une redoutable guérisseuse, affirma-t-il.
    —    Tu ne crois pas si bien dire. Deux fois déjà, elle m’a sauvé la vie : un carreau d’arbalète dans le crâne et Ignis sacer, dis-je. En tout, je m’en suis sorti avec une senestre récalcitrante.
    —    C’est peu, mais sois prudent. Tu sais ce qu’on dit : tierce fois, c’est droit.
    —    Ton demi-frère s’assurera sans doute que ma prochaine agonie soit la bonne, rétorquai-je, mi-figue, mi-raisin.
    —    Nous verrons bien, soupira-t-il avant de s’en retourner vers la tête du convoi.
    Je n’avais rien avalé depuis le matin et je crevais de faim. Je mangeai mon pain sans m’attarder sur sa qualité et le rinçai avec quelques gorgées d’une eau qui, pour une fois, était fraîche.
    Pendant que la nuit tombait, je tuai le temps en observant le camp. Les soldats

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