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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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rien n’a rien, rétorquai-je avec une mimique insouciante. Et puis, Ugolin est un homme plein de ressources. Il aurait pu te surprendre.
    —    Je ne te le fais pas dire : il a occis trois de mes hommes, et des bons.
    —    Tu ne m’en vois pas vraiment désolé.
    Il prit une gourde suspendue au pommeau de sa selle, la déboucha et but quelques gorgées. Puis il me la tendit.
    —    À ta place, j’aurais fait la même chose, dit-il en regardant droit devant.
    —    C’est-à-dire ? demandai-je après avoir avalé un peu de vin.
    —    Essayer de prévenir l’Ordre des Neuf qui se terre à Mont-ségur. Si tes compagnons avaient réussi à fuir, c’est bien ce qu’ils auraient fait, non ?
    Je lui rendis la gourde en hochant la tête. Il ne servait plus à rien de nier l’évidence.
    —    J’espérais surtout qu’Ugolin mette Pernelle à l’abri, avouai-je. Le reste était accessoire.
    —    Faire passer la vie de ton amie avant la tienne. L’intention t’honore. À l’évidence, la petite t’est chère. On me dit que Simon lui a déjà fait subir des outrages passablement sordides.
    —    Ton demi-frère est. créatif quand vient le temps d’extirper des aveux.
    Guillaume soupira profondément et fit claquer sa langue.
    —    Je sais. Il est devenu le plus immonde des hommes. Parfois, je me demande s’il a encore une âme.
    —    Oh, il en a une, ricanai-je. Le moment venu, il en mesurera la valeur, je te l’assure. Mais il sera trop tard.
    —    Tu sais de quoi tu parles, on dirait, rétorqua-t-il en me dévisageant.
    —    Plus que tu ne le crois.
    Je me retournai et désignai Ugolin et Pernelle de la tête.
    —    C’est moi que Montfort veut, pas eux. Je suppose qu’il ne sert à rien de te demander de les relâcher ?
    —    Pourquoi savais-je que tu ferais cette demande ? dit-il en souriant. Tu sais bien que je ne peux pas.
    —    Tu as peur de ton Simon ?
    —    Franchement ? Oui, un peu.
    —    Puis-je les voir, au moins ?
    —    Je vais bientôt ordonner la halte. Je t’accorde cinq minutes avec eux.
    Il interpella un de mes gardes.
    —    Accompagne sire Gondemar auprès de son compagnon. Il a droit à cinq minutes.
    Le soldat me fit signe de le suivre.
    —    Guillaume ? demandai-je avant de m’éloigner, conscient que je venais de l’interpeller par son prénom, tel l’ami qu’il aurait pu devenir en d’autres circonstances.
    Il me toisa et haussa les sourcils en attendant la suite.
    —    Merci.
    —    De quoi ?
    —    D’avoir volontairement limité le châtiment d’Ugolin. Cela ne m’a pas échappé. Tu aurais pu laisser Thury le tuer. Et merci d’avoir permis à Pernelle de le soigner. Tu es un homme de bien.
    —    Je te l’ai dit : point n’est besoin d’être un monstre pour faire la guerre. Il y aura toujours une place pour la civilité. Mais si tu tentes autre chose, je ne pourrai plus les protéger. Sinon, je perdrai le contrôle sur les troupes et, surtout, sur Pierrepont et ma famille. Entends-tu bien ceci ?
    —    Je comprends.
    Il inclina poliment la tête en guise de salutation, éperonna sa monture et remonta le convoi jusqu’à l’avant. Il avait raison, évidemment. Pierrepont et Thury étaient des chiens enragés. Guiburge ne valait guère mieux. Guillaume avait réussi à les contrôler en leur offrant du sang, mais, la prochaine fois, il devrait les satisfaire pleinement.
    Avec mon gardien, je remontai le convoi jusqu’à Ugolin. Je fus secoué en apercevant le teint cireux du colosse. Les lèvres pincées par la douleur, il essaya de me sourire. Je notai qu’on lui avait laissé les mains libres afin qu’il puisse se tenir en selle.
    —    On t’a écharpé à cause de moi. Je suis désolé.
    C’est tout ce que je trouvai à dire à celui que j’avais envoyé au martyre.
    —    Ne te morfonds pas, dit-il d’une voix faible. Ça ira. Bientôt, avec l’aide de dame Pernelle, je serai comme neuf.
    —    Je sais. Celui qui viendra à bout de ta carcasse n’est pas encore né, essayai-je de blaguer.
    Je consultai Pernelle du regard.
    —    Il se remettra, me confirma-t-elle. Les plaies sont propres et nettes. Dans quelques jours, elles seront refermées. Il en conservera de belles cicatrices.
    —    Grâce au maudit onguent qui pue, ricana Ugolin avant de grimacer de douleur.
    —    Tu sais ce que Montbard disait des

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