Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
Gisors, je n’ai jamais pu avertir Montségur que j’avais localisé ce que je croyais être l’autre Ordre. Tu sembles aussi oublier que ce n’est qu’à Toulouse que j’ai retrouvé la piste de la seconde part et que celle qui me l’a révélée est morte. Jusqu’à preuve du contraire, les Neuf de Montségur n’ont aucune idée qu’elle a été exhumée. Même en admettant le contraire, logiquement, ils ne se seraient pas contentés de me tuer. Ils auraient surtout essayé de récupérer la cassette qu’ils connaissent bien, qui était juste là, attachée à ta selle. À leurs yeux, elle serait mille fois plus importante que moi. Or, tu l’as dit toi-même, personne ne s’y est intéressé.
    Je fis une pause pour bien laisser pénétrer des arguments dont je n’étais pas peu fier.
    —    M’est avis qu’en cet instant même, terminai-je, les Neuf de Montségur veillent simplement sur la première part sans se douter de quoi que ce soit et qu’ils pensent avant tout à la façon de refaire leurs rangs. Alors dis-moi, Guillaume, qui diable aurait pu concevoir le projet de m’occire ? Et, comme tu te le demandes si bien toi-même, pour quelle raison ?
    Des Barres laissa échapper un soupir qui rappelait le grondement d’un animal en cage, puis força un sourire.
    —    Tes arguments ont le mérite d’avoir du sens, concéda-t-il. Je connais quelques théologiens et autres grenouilles de bénitier qui en seraient impressionnés. Un peu plus et tu me ferais douter de ce qu’ont vu mes yeux.
    —    Si j’étais toi, répondis-je, je chercherais plutôt l’explication dans ma propre cour.
    —    Que veux-tu dire ?
    Le froncement de ses sourcils et son air perplexe me confirmèrent que j’avais enfin retenu son attention. Je poussai aussitôt mon avantage.
    —    M’est avis que la raison de l’embuscade se trouve du côté de ta famille. Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, ta furie de demi-sœur et ta femmelette de neveu étaient pris dans le même piège que nous. Le pauvre mignon en tremblait de peur.
    Une ombre de dédain traversa le visage de Guillaume, ce qui me causa une satisfaction certaine.
    —    Qui te dit que l’attentat ne leur était pas destiné ? insistai-je. Après tout, point n’est besoin de savoir que la seconde part de la Vérité est du convoi pour avoir une raison d’assassiner des Montfort. Tu sais aussi bien que moi que ton demi-frère traverse le Sud comme une épidémie de peste et qu’il sème la mort et la souffrance dans son sillon. Ses ennemis sont aussi nombreux que les arbres de cette forêt. D’ailleurs, ce ne serait pas la première fois que les cathares essaient de l’atteindre en frappant un membre de sa famille. C’est ce que Jaume a tenté de faire en route vers Gisors lorsqu’il voulut ouvrir le gosier du fils.
    —    Pourtant, on m’a dit que tu l’en avais empêché, rétorqua-t-il, visiblement perplexe. Tu te contredis toi-même.
    —    La mission de Jaume avait été décidée après mon départ de Montségur et je n’étais pas au courant. Or, j’avais besoin que le petit enculé reste vivant pour qu’il me conduise à la seconde part. Je ne me doutais pas qu’en faisant cela je jouais le jeu de son père.
    —    Arrrggghhh... gronda-t-il, irrité, en se prenant les cheveux à deux mains. Je vais devoir réfléchir à tout cela. En attendant, je ferai augmenter ta garde. Je m’en voudrais de devoir te ramener en morceaux à Simon.
    —    Ta sollicitude me touche.
    Sur l’entrefaite, un soldat s’approcha et interrompit notre discussion.
    —    Monsieur le comte, la route est ouverte.
    —    Alors tout le monde en selle, répondit Guillaume. Nous avons déjà perdu trop de temps.
    Il me désigna du menton.
    —    Qu’on ne les perde pas de vue un seul instant, lui et ses compagnons. Je veux trois gardes auprès de chacun d’eux en permanence. Et qu’ils soient avisés qu’ils en répondront de leur vie.
    —    Bien, sire, répondit l’homme, raide comme une lance, avant de faire demi-tour et de se mettre à aboyer des ordres.
    L’un des trois qui m’encadrait avait déverrouillé le bracelet de fer qui enserrait mon poignet gauche et l’avait refermé sur le sien, de sorte que, le cas échéant, personne ne pourrait m’enlever sans avoir d’abord tranché le bras de mon geôlier. Comble de malheur, celui qu’on avait assigné à cette tâche n’était nul

Weitere Kostenlose Bücher