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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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croire.
    Je ne vis pas venir le pied que Pierrepont écrasa sur mon visage. Projetée vers l’arrière, ma tête cogna contre le mur de pierre et des étincelles multicolores dansèrent devant mes yeux. On m’empoigna par la chemise et on me mit debout. Ma joue gauche était en feu et je la sentais qui enflait déjà.
    —    Où sont la petite Parfaite et le gros cathare ? demanda Montfort en me secouant.
    —    Je vois que tu as eu le temps de discuter un peu plus avec tes complices, rétorquai-je d’une voix pâteuse.
    —    Où sont-ils ? répéta-t-il en me frappant violemment le dos contre la paroi.
    —    Honnêtement, je l’ignore, répondis-je en toussotant, le souffle à demi coupé. Ugolin connaît ces contrées comme le creux de sa main. S’il ne souhaite pas être retrouvé, il te sera plus facile de retourner dans le ventre de ta mère que de lui mettre la main au collet.
    Il hurla de fureur et me projeta par terre. J’atterris en me protégeant de mon mieux malgré les fers qui liaient toujours mes poignets. Une douleur me remonta du coude à l’épaule et je sentis que mon côté s’engourdissait. Il se pencha pour me ramasser et m’écrasa le visage contre la pierre humide.
    —    Écoute-moi bien, maudite engeance, gronda-t-il dans mon oreille. Tes amis peuvent bien rejoindre les Neuf de Montségur et les prévenir de ce qui se passe. Cela ne change rien à ta situation. Ta tâche n’en sera que plus ardue.
    —    Alors pourquoi désires-tu tant savoir où ils sont ?
    Il me tira la tête vers l’arrière pour me frapper le visage contre la pierre avant de poursuivre.
    —    Tu me ramènes la première part pour qu’elle soit détruite, elle aussi, ou ta Cécile crève. C’est aussi simple que cela. Et je te jure sur tous les saints du ciel qu’elle souffrira mille morts avant d’expirer. Tu m’as bien compris ?
    Je hochai la tête en signe d’assentiment. Je savais que ce qu’il disait était vrai. Sans prévenir, il m’abattit son poing sur la nuque à plusieurs reprises, avec plus de hargne encore qu’il l’avait fait lorsque j’étais son prisonnier aux portes de Toulouse. Puis il se retira, soufflant comme un bœuf, et me laissa glisser lentement contre le mur. Dès que je fus sur le sol, Thury m’enfonça son pied dans le ventre. La résine de sa torche coula et me brûla l’épaule et le cou sans que j’aie la force de réagir. Puis les trois firent demi-tour sans rien ajouter. Pierrepont frappa trois coups à la porte, qui s’ouvrit aussitôt. Ils sortirent sans se retourner, me laissant seul avec tout le poids du monde sur les épaules.
    Le sang avait presque cessé de couler de mon nez enflé. J’étais allongé sur la paillasse lorsque la porte s’ouvrit pour laisser entrer un nouveau visiteur. Il était seul et tenait un bougeoir à la main. Il s’approcha de moi. Je le dévisageai sans rien dire, mais mon dégoût devait être évident, car le templier ne put soutenir mon regard.
    —    Je voulais te dire que les choses ne sont pas toujours comme elles semblent, dit Véran.
    J’aurais dû me lever et l’écharper à mains nues sur-le-champ, mais je n’en fis rien. Une part de moi désirait comprendre ce qui s’était produit. Même s’il se trouvait devant moi, je n’arrivais toujours pas à accepter que Véran ait trahi les Neuf. Tout ce que j’avais vu de lui portait à croire le contraire. Et pourtant, il était là, parmi les croisés.
    Il tira un mouchoir de sa poche et me le tendit. J’en enveloppai mon nez lancinant.
    —    Ils t’ont bien amoché, remarqua-t-il d’un ton compatissant.
    Je le dévisageai à travers les larmes que me causait ma blessure.
    —    Comment as-tu pu ? Ils ont brûlé le suaire devant toi et tu n’as rien fait. Ne me dis pas que tu n’en connais pas la valeur ?
    —    J’en étais conscient, je te l’assure, répondit-il en haussant les épaules.
    —    Et pourtant.
    Je secouai la tête, dépité et à court de mots pour exprimer le dégoût que je ressentais.
    —    D’entre nous tous, tu étais celui qui avait la confiance aveugle de Ravier, repris-je d’une voix éteinte. Tu as porté son message au Cancellarius Maximus. Il acceptait que tu sois seul juge du moment de sa mort. Tu as pleuré quand il s’est éteint. Il te traitait comme son fils. Il t’aimait.
    Des muscles tressautèrent sous la peau de sa joue, trahissant sa nervosité.
    —    Et je

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