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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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songerait à utiliser à moins d’être aussi déterminé - et désespéré - que moi. Me fiant à ma connaissance de la disposition des bâtiments à l’intérieur de l’enceinte, je tenais pour acquis que ce que je cherchais était situé aux environs du donjon et c’est dans cette direction que j’avançai.
    Un léger clapotis me confirma que je touchai au but. Avant de m’approcher davantage, je consultai le ciel. Le soleil n’était pas encore levé, mais ses premières lueurs se profilaient déjà à l’horizon, lui donnant de chatoyantes teintes roses, mauves et bleues. Ce moment de la nuit est celui où l’attention est à son plus bas. Celui où se glisser subrepticement quelque part est le plus facile. Celui où l’attaque surprend le plus et cause beaucoup de dommages. Mais je n’avais que quelques minutes pour en profiter. Si je ne procédais pas maintenant, je serais contraint d’attendre la nuit suivante. Déjà, chaque pas que je faisais risquait d’alerter les gardes. Heureusement, le sifflement du vent en couvrait le bruit.
    Je scrutai le sommet de la muraille et attendis mon moment. Il fallut quelques minutes pour que les silhouettes de deux sentinelles y apparaissent, se dirigeant l’une vers l’autre. Les deux hommes se croisèrent en échangeant quelques mots puis s’éloignèrent dans des directions opposées pour poursuivre leur ronde. Ayant eu à l’observer de près, je connaissais le rythme des tours de garde dont, ironiquement, Véran avait été le responsable. J’avais même interrogé plusieurs gardes lorsque Raynal avait volé les parchemins. À moins que les choses aient changé depuis mon départ, je savais donc qu’il leur faudrait environ quatre minutes pour repasser.
    Saisissant ma chance, je sortis de ma cachette et traversai rapidement les quelques toises qui me séparaient de la muraille, contre laquelle je plaquai le dos, plus exposé que jamais. Si, d’aventure, mon calcul avait été mauvais et qu’un garde passait à ce moment précis, il risquait fort de m’apercevoir. Heureusement, j’avais vu juste.
    Je tendis l’oreille pour repérer l’endroit d’où provenait le bruit de l’eau. Je pris sur ma gauche et longeai le mur massif aussi subrepticement que je le pouvais jusqu’à ce que j’aperçoive une crevasse dans le roc sur lequel reposait la construction. Je m’accroupis à son entrée et l’examinai. Elle était basse et étroite, mais si je me tortillais un peu, je réussirais sans doute à m’y glisser. Un ruisselet d’eau s’en écoulait et je me penchai pour en puiser dans le creux de ma main et la humer. Je plissai le nez en constatant qu’elle empestait la pourriture. C’était de bon augure.
    Mon attention fut attirée par quelque chose de pâle coincé entre deux cailloux. J’étirai le bras pour prendre ce qui s’avéra être un bout de tissu, que je rejetai dans le ruisselet. Je hochai la tête, satisfait. J’avais trouvé l’endroit que je cherchais. Il ne me restait qu’à y entrer. Je préférais ne pas penser à ce que je trouverais à l’intérieur.
    J’étirai le cou une dernière fois pour m’assurer qu’aucun garde ne venait sur le chemin de ronde, m’allongeai sur le côté et me mis à ramper pour me glisser dans la crevasse.
    L’intérieur était noir et, après quelques pas, je n’y vis goutte. Je m’étais attendu à la puanteur, mais elle me frappa, plus épaisse qu’un mur de pierre. J’eus beau me couvrir le nez et la bouche avec un pan de ma capeline, le haut-le-cœur qui s’empara de moi était plus puissant que ma volonté et je vomis le peu que mon estomac contenait. Haletant, je m’assis et attendis que le jour se lève.
    Le soleil fut peut-être pris de pitié pour moi, car il ne me laissa pas languir. Sa lumière naissante me révéla le spectacle d’horreur que j’avais anticipé, me confirmant de la plus cruelle des façons que j’avais bien trouvé l’entrée de Montségur. Cette fosse a été aménagée sous l’autel, au cas où on devrait disposer d’un cadavre , m’avait appris sire Ravier après qu’Ugolin et moi étions intervenus in extremis pour empêcher Montbard d’y être précipité. Elle donne sur un puits naturel qui s’enfonce profondément dans la montagne. Cette crevasse était la sortie de ce puits.
    La cavité rocheuse était toute petite et, à quelques coudées de moi se trouvait la source de la puanteur. Depuis ma résurrection, j’avais vu plus que

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