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Le bouffon des rois

Le bouffon des rois

Titel: Le bouffon des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Francis Perrin
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d’intervenir :
    « Sire, ne vous y fiez pas, son goût en musique est
déplorable ! »
    Voir ces deux puissants rois éclater de rire à cette
insolence restera pour moi un des plus forts moments de toutes mes années
bouffonnes.
    « Votre bouffon me plaît, trancha Henry VIII. Je
le préfère à votre connétable.
    — Je n’en fais pas le même usage, rétorqua François.
    — Comment le nommez-vous ?
    — Mon bouffon ? Triboulet !
    — Non, votre connétable.
    — Le duc Charles de Bourbon.
    — Méfiez-vous-en ! Si j’avais un tel sujet, je ne
lui laisserais pas longtemps la tête sur les épaules.
Méfiez-vous-en ! »
    Pendant que Madame, Marguerite et Françoise de Foix
faisaient d’éblouissantes apparitions, couvertes de pierreries, montrant leurs
gorges parfaites, lançant des modes bientôt suivies par toute l’Angleterre, les
jours passaient et le traité n’était pas traité. Un après-midi, voulant briller
devant ces dames, Henry VIII attrapa François I er par le
cou :
    « Mon frère, je veux lutter avec vous. »
    François I er était un fort bon lutteur mais,
courtoisement, se laissa d’abord vaincre puis, oubliant toute diplomatie et
refusant d’être humilié devant ce parterre de femmes, plus adroit et moins
lourd que son adversaire, il le jeta au tapis. Rouge, mortifié, le roi
d’Angleterre exigea sa revanche mais les reines eurent vite fait de
s’interposer en voyant que tout allait s’envenimer.
    Enfin, l’entrevue se termina par une messe solennelle dite
par le cardinal Wolsey à la fin de laquelle les deux souverains communièrent
ensemble pendant que les hérauts proclamaient au son des trompettes :
    « Paix éternelle entre les deux royaumes ! »
    J’eus à peine le temps de converser quelques instants avec
Thomas More. Il m’est apparu tel que me l’avait décrit Érasme, un homme à
l’allure sévère mais d’une douce détermination, n’élevant jamais la voix,
ignorant la colère, gardant souvent un silence réfléchi qui avait beaucoup plus
de puissance que des longs discours.
    Le 24 juin, nous assistons à une émouvante séparation
avec moult promesses de se revoir souvent.
     
    Qui est roi
de l’hypocrisie ?
    C’est Henry.
    Qui est en
plein désarroi ?
    C’est
François.
     
    Cette rencontre restera dans l’Histoire comme l’entreprise de
prestige la plus coûteuse et la plus inutile d’où nous ne tirâmes même pas
l’ombre d’un avantage. Quand je repense à ces trois semaines de fastes étalés,
je ne peux m’empêcher de constater l’immense gâchis. Tout cet ensemble
n’étourdit plus, il révolte. Pour en arriver à ce piètre résultat, à ce
lamentable échec : Henry VIII refusa de s’engager. Il fallait s’y
attendre mais il fit bien pire, ce qui démontrait clairement qu’il était
vraiment une sorte de despote aveugle à la politique cauteleuse.
    Des espions nous rapportèrent qu’Henry, nous ayant tout
juste quittés et avant de s’embarquer pour l’Angleterre, prit le chemin de
Gravelines où l’attendait Charles Quint. Ils s’entendirent pour dépouiller le
royaume de France, Henry aurait le Nord et Charles la Bourgogne et le Midi. Ils
promirent de se revoir un an après à Calais pour mettre à exécution leur odieux
projet.
    Charles Quint, qui se vantait de ce que le soleil ne se
couchât pas sur ses États, allait au bout de sa devise : «  Plus
outre. Encore plus loin. »
     
    Mon cousin
est en train de payer cher
    Son élégance,
son charme et sa gloire.
    L’empereur et
son ami le roi d’Angleterre
    N’apprécient
guère les lutteurs de foire.
     
    Il était bien difficile de décrocher ne serait-ce que
l’ombre d’un sourire à mon roi qui était contraint de se rendre à
l’évidence : son désaccord avec Charles Quint grandissait d’heure en heure
et il était temps de réagir.
    Dans la série « Je trahis le roi de France »,
voilà qu’entre en scène le pape Léon X qui s’allie en secret avec
l’empereur. Mais cela n’altère en rien la bonne humeur de François I er qui n’est pas du genre à se laisser abattre, au contraire : il construit.
Il ordonne que l’on mette en chantier la construction du château de Chambord,
un projet magnifique qui non seulement va coûter une somme astronomique, mais
qui ne sera pas achevé avant deux bonnes dizaines d’années.
    Notre douce petite reine nous fit la bonne surprise de
mettre au monde une jolie petite Magdeleine pour

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