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Le bouffon des rois

Le bouffon des rois

Titel: Le bouffon des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Francis Perrin
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satisfaisant ma curiosité plutôt
qu’en honorant mes commandes. J’aurais dû être plus consciencieux. Merci du
fond de mon cœur si fatigué pour tout ce que vous faites en faveur des arts.
Continuez à protéger les artistes, ils ne vous paieront jamais d’ingratitude.
Durant mes soixante-huit ans d’existence, j’ai toujours cru que j’apprenais à
vivre, je me suis trompé : j’apprenais à mourir. »
    Mon roi tenant toujours la main de Léonard, de son bras
droit entoura délicatement la tête du vieillard, qui, doucement, ferma ses yeux
et expira dans un léger souffle à peine audible, ce qui rendit à son visage la
paisible image d’un long voyage vers la quiétude de l’éternité.
    Et le 28 juin 1519, à Francfort, les sept princes
électeurs, après avoir rempli leurs poches en ayant touché de l’argent des deux
partis en compétition, revêtus de leur costume de drap écarlate, au son des
cloches et sous la menace des vingt mille hommes d’armes et canons du roi
Charles d’Espagne logés à trois lieues autour de la ville, choisirent pour
empereur celui qui savait leur parler.
    Le pâle jeune homme, petit-fils de Maximilien, devint ainsi
Charles Quint, roi d’Espagne, de Flandre, de Naples, de la Sicile et empereur
d’Allemagne.
    Il est désormais tout-puissant et c’est le moment propice
pour lui d’essayer de récupérer la Bourgogne et pourquoi pas de faire valoir
ses prétentions sur la Provence et le Dauphiné.
    François I er ne témoigna aucune mauvaise
humeur de l’échec de son élection. Louise déplora l’argent perdu mais le roi de
France n’avait pas de temps à perdre pour regretter les faits accomplis et
chercha tout de suite les moyens de faire face à la formidable coalition que
représentait à lui seul, contre le royaume de France, le nouvel empereur.
    La première chose à faire était de se rapprocher de son
« frère anglais ». Henry VIII, dont l’intérêt était d’éviter que
François I er et Charles Quint ne s’unissent et surtout
d’empêcher que l’un devienne plus puissant que l’autre, ne put que se réjouir
en apprenant la venue des ambassadeurs de François I er et de
Charles Quint pour lui demander audience. Il savait fort bien qu’ils venaient
solliciter l’un et l’autre une entrevue personnelle de souverain à souverain.
Il allait donc agir comme l’arbitre de la situation et entendait bien tirer
parti de cette position.
    Je t’ai dit que je m’étais toujours méfié du roi
Henry VIII déjà célèbre par sa cupidité et sa versatilité. Sans l’avoir
jamais vu, mais informé des descriptions et récits des ambassadeurs, j’étais
capable de lire dans ses arrière-pensées comme dans un livre. Il avait tout de
même épousé la tante de Charles Quint et, par ce fait, lui accordait une plus
grande cordialité qu’à François I er qui n’ignorait pas que
l’empereur eût déjà fait des offres alléchantes à son oncle par alliance.

Le chancelier d’Angleterre, le cardinal Wolsey, qui comptait
bien sur l’appui de l’empereur pour être nommé pape « quand le Médicis
aura avalé sa bulle », avait déjà organisé une entrevue secrète avec
Charles Quint dès qu’Henry VIII aurait rencontré François I er sur le territoire français. Cette rencontre restera célèbre sous le nom de Camp
du Drap d’or.
    Françoise de Châteaubriant conseilla à son bel amant de
montrer sa force, sa puissance et sa richesse en déployant un luxe propre à
rendre jaloux tous les souverains de la terre, le persuadant que le roi
d’Angleterre serait tellement ébahi qu’il n’hésiterait pas un seul instant à
s’allier à un roi capable d’organiser d’aussi coûteuses et somptueuses
rencontres.
    Après quatre jours de voyage, le cortège royal, avec à sa
tête deux litières superbement décorées, dans l’une la reine, dans l’autre la
belle Françoise, arriva dans une plaine où se dressaient trois cents tentes de
drap d’or et d’argent, véritables palais de toile subitement surgis du sol pour
former une ville de rêve.
    Il y eut, en réalité, non pas un seul, mais bien deux
camps : le premier à Ardres préparé par le roi de France qui avait d’abord
envisagé de faire construire un palais royal mais ses architectes l’en avaient
heureusement dissuadé.
    Le camp français se composait donc d’un immense pavillon de
soixante pieds carrés, revêtu d’un drap d’or frisé, l’intérieur doublé

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