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Le bouffon des rois

Le bouffon des rois

Titel: Le bouffon des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Francis Perrin
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se refusait à croire que sa maîtresse,
la maîtresse en titre du roi de France, osât lui faire porter les cornes de
cerf qu’il savait si bien débusquer lors de ses parties de chasse. Louise
utilisa les grands moyens en lui révélant le nom d’un de ses amants :
l’amiral de Bonnivet. Le même Bonnivet qui avait attiré l’attention du roi sur
la beauté de Françoise de Châteaubriant. C’était la pure vérité : depuis
quelque temps, Bonnivet faisait cocu le roi de France.
    François ne le crut pas, mais le doute le rongeait. Usant
d’un stratagème tant de fois employé, il déclara un matin qu’il partait pour
Fontainebleau courir… le cerf, évidemment, pendant quatre jours… et il s’en
revint le soir même, m’ordonnant de l’accompagner jusqu’à la chambre de Madame
de Châteaubriant et de rester à l’extérieur pour empêcher quiconque d’y entrer
ou d’en sortir. Comme par hasard, il se trouvait que, ce soir-là, Madame
recevait dans son lit son galant amiral où ils se livraient tous deux à des
jeux fort actifs. Quand ils entendirent soudain « mon cousin »
frapper à la porte en s’annonçant :
    « Ouvrez, ma mie, ouvrez, ouvrez au roi ! »
    Nous entendîmes un mouvement d’affolement vite couvert par la
voix de la favorite qui ne trahissait aucune panique :
    « Un moment, je vous prie ! »
    Nulle issue sauf la vaste cheminée garnie en été d’un
buisson de branchages, de feuillages et de fleurs. C’était la cachette la plus
sûre et Bonnivet s’y réfugia en chemise, tout heureux que cette scène n’ait pas
eu lieu en plein hiver. Françoise se hâta d’aller ouvrir à son royal
amant : « Vous m’avez fait bien attendre, ma mie, dit François tout
souriant en constatant qu’ils n’étaient que tous les deux, mais souffrez qu’avant
de vous rendre les hommages qui vous sont dus, je satisfasse un besoin qui me
presse. » Et se dirigeant vers la cheminée, mon royal cousin arrosa
abondamment le paravent de verdure et de roses et Bonnivet de surcroît. Il se
mit ensuite à la besogne avec la belle Françoise durant plus d’une heure et
s’en fut entièrement satisfait tandis que le malheureux amiral, tout ruisselant
d’embruns, se réfugiait, transi, dans la chaleur du lit de Madame de
Châteaubriant où ils purent reprendre leurs ébats royalement interrompus.
    Deuxième épisode de la série : la trahison du
connétable de Bourbon. À l’intérieur du royaume, le duc constituait à lui seul
une force qu’il pouvait à son gré rendre redoutable. Sans être le plus proche
héritier de la Couronne, il était le plus fort des princes de sang, possédant
un pouvoir considérable.
    Je ne me suis jamais aventuré à le moquer ni à le
contrefaire, connaissant trop bien son caractère impulsif et la certitude de
son impunité. Déjà fort grand seigneur, il avait épousé la fille de
Louis XI, une princesse maladive et tordue qui lui apporta des biens
immenses. La duchesse mourut, n’ayant réussi qu’à mettre au monde des enfants
moribonds, tous enterrés au bout de quelques jours. Il était stipulé par
contrat que si la duchesse mourait sans héritier, ses biens reviendraient à la
Couronne. Louise ne manqua pas de sauter sur cette belle occasion de trouver de
l’argent pour financer la guerre contre Charles Quint. Mais le duc prétendait
garder ces provinces que Madame soutenait lui appartenir en qualité de cousine
de la défunte.
    Le duc pouvait se remarier et les domaines passer à ses
enfants, ce qui aurait été catastrophique pour la couronne de France. Trouvant
le connétable à son goût, Louise s’offrit même en remariage, ce qui eût tout
arrangé. Mais le connétable repoussa sa proposition et devint alors d’une
surprenante grossièreté qui laissa toute la cour médusée :
    « J’avais déjà épousé une femme très laide, ce n’est
certes pas pour me retrouver entre les bras d’une femme qui a perdu sa
jeunesse. Cela me suffit pour me dégoûter définitivement des femmes et n’en
veux plus jamais côtoyer. »
    Devant une telle insolence, Madame n’hésita plus : elle
intenta un procès en restitution à l’intraitable connétable, procès auquel se
joignit François I er pour lui réclamer toutes ses possessions
comme échues au domaine royal. Pour se venger du roi de France et de sa mère,
le connétable s’allia avec l’empereur, assuré du concours d’Henry VIII et
du nouveau pape Clément VII. Il proposa

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