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Le bouffon des rois

Le bouffon des rois

Titel: Le bouffon des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Francis Perrin
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Éléonore d’Autriche, qu’il sera obligé d’épouser plus tard tant
pour raison d’État que pour la remercier de ses bienfaits.
    On a de son séjour trop long et trop injuste conservé des
échos que les historiens nous ont abondamment contés. Il en est de pittoresques
que je ne saurais te relater mais qui démontrent bien que sa grande infortune
ne lui avait point fait perdre une vigueur que nul ne put jamais mettre en
défaillance. Il devait laisser, en partant, pantelantes, inconsolées, nombre de
ces généreuses Espagnoles.
    La plupart des dames de Madrid, toutes compatissantes, émues
par ses malheurs, par sa peine et par ses pleurs, toutes prêtes à consoler ce
captif séduisant, se mirent à l’ouvrage avec tant d’allégresse qu’il ne sut à
quel sein il vouerait son amour. Les geôliers complaisants fermaient leurs yeux
sévères et les jours plus riants succédant aux nuits folles firent du roi de
France un prisonnier comblé jusqu’au jour où l’envoyé de l’implacable Charles
Quint vint lui lire les conditions que celui-ci lui avait dictées :
    « Que le roi de France rendît toutes ses terres à
monsieur de Bourbon, et en plus, la Provence et le Dauphiné. Que le roi de
France remît à l’empereur le duché de Bourgogne, le comté d’Auxerre, de Mâcon,
la vicomté d’Auxonne, le ressort de Saint-Laurent, la seigneurie de
Bar-sur-Aube et d’autres terres françaises. Qu’il abandonnât la ville de
Thérouanne et celle de Hesdin ; qu’il perdît ses droits de suzeraineté sur
la Flandre et l’Artois ; qu’il renonçât à toutes ses prétentions sur le
royaume de Naples, le duché de Milan, le comté d’Asti, la seigneurie de Gênes.
Qu’il restituât au roi d’Angleterre toutes les villes de France qu’il lui avait
enlevées ; qu’il rétablît le prince d’Orange dans sa principauté
confisquée. Qu’il payât toutes les indemnités pécuniaires que Charles Quint avait
promis de payer à Henry VIII. Sinon, il porterait la guerre jusqu’à
Paris. »
    Le roi écouta jusqu’au bout sans la moindre réaction et
répondit avec hauteur et ironie :
    « Je suis marri que l’empereur votre maître vous ait
donné la peine de venir en poste de si loin pour m’apporter articles si
déraisonnables. Vous lui direz que j’aimerais mieux mourir prisonnier que
d’accorder ses demandes. Mon royaume est encore en son entier ; je ne
veux, pour ma délivrance, l’endommager. Si l’empereur veut traiter avec moi, il
faut qu’il parle un autre langage. »
    Le lendemain de cette entrevue, il fut transféré de la
grande tour de Los Lujanes, où il disposait d’un appartement spacieux, pour le
tout dernier étage de l’étroit donjon de l’Alcazar dans une chambre où l’on
pouvait juste loger un lit, un coffre, un fauteuil, une table et deux chaises.
Il fut privé de toutes les visites qui avaient rendu sa captivité acceptable et
qui n’étaient plus maintenant que souvenirs charmants.
    Charles Quint ne donnait aucune nouvelle et refusait
obstinément l’entrevue avec son captif tant que tout n’aurait pas été conclu
avec les envoyés de la régente Louise de Savoie qui, afin de rappeler à tout
instant la royauté et la grandeur à son César, lui envoyait des tentures à
fleurs de lys, ornées de l’écusson royal et de la Salamandre symbolique. Elle
lui adressait aussi des lettres tendres et rassurantes. Marguerite lui envoyait
du linge précieux et des fourrures ainsi que des livres et des poèmes de sa
composition mal rimés mais passionnés.
    Les ambassadeurs délégués à Tolède par Louise n’obtenaient
que des refus de Charles Quint. Il ne voulait rien négocier et renforçait même
ses conditions. François I er , de son côté, interdisait de se
dessaisir du moindre territoire.
    « Il ne faut rien céder. Pas un seul petit morceau de
la France. Dussé-je mourir entre ces murailles ! »
    Fatigué par la chaleur torride, étouffant dans ce petit
espace clos, il tomba gravement malade, terrassé par de fortes fièvres
accompagnées d’atroces maux de tête qui le forcèrent à s’écrouler sur son lit
sans pouvoir se relever.
    Le propre médecin de l’empereur, assisté de deux de ses
collègues français, fut envoyé sans tarder au chevet du malade. Charles Quint
craignait de perdre son précieux otage. Il n’avait pas tort. L’état de son
captif était désespéré : un abcès s’était formé dans la tête de
François I er qui

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