Le bûcher de Montségur
est investie le 7 septembre par les troupes de Trencavel qui pénètrent dans le bourg où elles sont accueillies avec joie ; la révolte est si bien dirigée contre l’Église autant que contre les Français que trente-trois prêtres pris dans le bourg sont massacrés par la population malgré le sauf-conduit donné à eux par le vicomte. Le siège dura plus d’un mois. Malgré les attaques vigoureuses de Trencavel qui tentait de réduire la cité par des travaux de sape et des tirs de machines, Carcassonne résista. Le 11 octobre, l’avance d’une armée royale commandée par Jean de Beaumont força les assiégeants à lever le camp, et l’armée de Trencavel et une partie des habitants du bourg quittèrent Carcassonne après avoir ravagé le couvent des Frères prêcheurs et l’abbaye Notre-Dame et mis le feu à plusieurs quartiers.
Retiré dans Montréal et à son tour assiégé, Raymond Trencavel se vit forcé à négocier. Le comte de Toulouse n’avait pas bougé ; il attendait la suite des événements. Sommé par Pierre-Amiel et Raymond du Fauga de porter secours au sénéchal selon les engagements pris par lui au traité de Meaux, il avait demandé à réfléchir. Il n’était pas allé jusqu’à se soulever à son tour et voler au secours de son cousin : il guettait une meilleure occasion. De concert avec le comte de Foix, il s’entremit auprès des représentants du roi pour négocier une paix honorable pour Raymond Trencavel, qui fut autorisé à repartir en Espagne avec armes et bagages.
Les villes qui s’étaient soulevées furent sévèrement châtiées : le bourg de Carcassonne complètement incendié, Limoux, Montréal et Montoulieu saccagés ; les autres payèrent de lourdes contributions. L’armée royale monta vers les Corbières et obtint la soumission des seigneurs de Pierrepertuse et de Cucugnan, puis celle des seigneurs de Niort.
Raymond VII, dont l’attitude pendant la révolte avait paru plus qu’écivoque aux Français, se vit obligé de se rendre à Paris pour y renouveler ses serments de fidélité au jeune roi Louis IX (à présent âgé de 25 ans) ; il jura de faire la guerre à tous les ennemis du roi, de chasser les hérétiques et les faidits , et de prendre et de détruire Montségur. De plus, le comte donnait des gages de sa loyauté au légat en faisant la paix avec le comte de Provence, qu’il attaquait pour : servir la politique de l’empereur Frédéric II, ennemi juré du pape.
De toute évidence, Raymond VII ne tenait à aucun prix à se brouiller avec le roi à ce moment-là et voulait effacer la fâcheuse impression qu’avait pu produire la révolte de Trencavel. Cette révolte était arrivée trop tôt ; et il faut croire que ni les années ni les malheurs n’avaient pu détruire la vieille rivalité entre les comtes de Toulouse et les Trencavel : le jeune Raymond n’avait pas consulté son cousin, et ce dernier ne l’avait pas soutenu. Il est vrai qu’il préparait une opération de grande envergure et son heure n’était pas encore venue.
Raymond VII avait renoncé à l’espoir de reconquérir son indépendance par une résistance locale condamnée d’avance à l’échec : il avait déjà fait l’impossible, et sa victoire sur les troupes de Montfort l’avait amené au traité de Meaux. Ce n’est qu’en affaiblissant d’une façon durable la puissance des rois de France qu’il pouvait rendre à son pays sa liberté et sa prospérité ; il n’avait aucune chance d’y parvenir par ses propres forces. Il songeait donc à des combinaisons politiques plus vastes : ce n’était pas Trencavel et Olivier de Termes qui pouvaient chasser les Français du pays ; c’étaient le roi d’Angleterre, l’empereur d’Allemagne et une ligue de grands vassaux qui, en cas de victoire, pourraient dicter leurs conditions à la France. Pour assoupir les soupçons du pape et du roi, le comte de Toulouse était prêt à toutes les soumissions et à toutes les manifestations d’orthodoxie ; du reste, les souverains qu’il se cherchait pour alliés étant tous catholiques, il tenait moins que jamais à passer pour un protecteur de l’hérésie.
De plus, il avait, du pape, deux faveurs importantes à obtenir : la permission d’enterrer son père et celle de répudier sa femme. Il était assez vain, en effet, de vouloir secouer le joug des Français, si de toute façon le Languedoc devait, après la mort du comte, tomber
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