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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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père n'était entré dans la salle, où toute
la compagnie se leva et salua, pendant qu'il gagnait sa place.
    – Asseyez-vous, mes amis, dit-il, en faisant
un geste de la main… Colonel Saxon, nous sommes des gens simples,
et l'antique vertu du respect pour nos anciens n'est point
entièrement éteinte chez nous. J'espère, Ruth, reprit-il que tu as
pourvu aux besoins de nos hôtes ?
    Nous protestâmes d'une seule voix que nous
n'avions jamais été l'objet d'autant d'attention et
d'hospitalité.
    – C'est bien, c'est bien, dit le bon tisseur
de laine, mais vos assiettes sont nettes et vos verres vides.
William, veillez à cela. Un bon travailleur sait toujours découper
à table. Si un de mes apprentis n'arrive pas à faire plat net, je
sais que je ne tirerai pas grand chose de lui quand il maniera
l'outil à carder et le chardon à foulon. Les muscles et les nerfs
se font avec des matériaux… Une tranche de ce quartier de bœuf,
William… À propos de cette bataille d'Obergranstock, colonel, quel
fut le rôle qu'y joua ce régiment de Pandous dans lequel vous aviez
une commission ?
    Sur une question de ce genre, vous pouviez
vous imaginer que Saxon avait bien des choses à dire.
    Les deux hommes ne tardèrent pas à s'enfoncer
dans une discussion animée où les incidents de la Dune de Roundway
et de la bande de Marston furent mis en parallèle avec les
résultats d'une vingtaine d'affaires aux noms impossibles à
prononcer, dans les Alpes de Styrie et sur les bords du Danube.
    Dans sa vaillante jeunesse, Maître Timewell
avait commandé d'abord un escadron, puis un régiment, pendant les
guerres du Parlement, depuis la bataille de Chalgrove jusqu'à la
lutte finale à Worcester, en sorte que ces aventures militaires,
sans avoir autant de diversité et d'étendue que celles de son
interlocuteur, étaient suffisantes pour lui permettre de formuler
et défendre des opinions précises.
    Au fond, elles étaient les mêmes que celles du
soldat de fortune, mais lorsque leurs idées différaient sur quelque
détail, aussitôt s'engageait un feu croisé d'expressions
militaires.
    Il était tant question d'estacades, de
palissades, de comparaisons entre la cavalerie légère et la grosse
cavalerie, entre piquiers et mousquetaires, entre lansquenets et
lanciers que l'oreille du profane était étourdie de ce torrent de
mots.
    Enfin, à propos d'un détail de fortification,
le Maire traça le plan de ses ouvrages avancés avec des cuillers et
des fourchettes, pendant que Saxon ouvrait ses parallèles avec des
lignes de morceaux de pain, les poussait rapidement en traverses et
chemins couverts, pour s'établir sur l'angle rentrant de la redoute
du Maire.
    De là partit une nouvelle discussion au sujet
des contre mines, ce qui eût pour effet de donner au débat un
redoublement d'ardeur.
    Pendant que cette dispute amicale avait lieu
entre les anciens, Sir Gervas Jérôme et
Mistress
s'étaient
mis à causer d'un bout de la table à l'autre.
    – Mes chers enfants, j'ai rarement vu une
figure aussi belle que celle de cette demoiselle puritaine.
    Elle était belle de cette sorte de beauté
modeste et virginale où les traits doivent leur charme au charme de
l'âme qui les illumine.
    Le corps, dans sa perfection de forme,
semblait n'être que l'expression de l'esprit accompli qui
l'habitait.
    Sa chevelure brun foncé tombait en arrière
depuis son front large et blanc, qu'embellissaient deux sourcils
fortement marqués, et de grands yeux bleus et pensifs.
    L'ensemble de ses traits avait un caractère de
douceur qui faisait songer à la tourterelle.
    Néanmoins il y avait dans la bouche une
fermeté, dans le menton une délicate saillie qui indiquaient qu'en
des temps de trouble et de danger, la petite demoiselle saurait se
montrer la digne descendante du soldat Tête-Ronde et du magistrat
puritain.
    Je suis certain qu’en des circonstances où des
matrones, à la voix plus forte et plus autoritaire, se seraient
vues réduites au silence, la jeune fille du Maire, avec sa douce
voix, n'aurait pas été longtemps à perdre son accent de
conciliation et à laisser apparaître l'énergie naturelle qu'elle
cachait.
    Je fus fort diverti en observant le mal que
Sir Gervas se donnait pour causer avec elle, car la demoiselle et
lui appartenaient à des mondes si profondément divers, qu'il lui
fallait toute sa galanterie, tout son esprit, pour se maintenir sur
un terrain où ses propos fussent intelligibles pour elle.
    – Sans

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