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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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de son grand-père, dit-il avec une
explosion soudaine d'ardeur.
    Puis riant à la fois et rougissant, il se hâta
de rentrer et me laissa à mes pensées.
    Ce fut ainsi que j'appris pour la première
fois, mes chers enfants, que mon bon camarade avait été percé par
les flèches du petit dieu.
    Quand un homme ne compte que vingt ans,
l'amour jaillit en lui, ainsi que la citrouille dont parle
l'Écriture et qui poussa en une seule nuit.
    Je vous aurais mal raconté mon histoire, si je
ne vous avais pas fait comprendre que mon ami était un jeune homme
franc, au cœur chaud, tout de premier mouvement, chez qui la raison
était rarement de faction en présence de ses penchants.
    Un homme de cette sorte est aussi peu capable
de s'éloigner d'une jeune fille attrayante que l'aiguille de fuir
l'aimant.
    Il aime, tout comme l'alouette chante, tout
comme joue un chaton.
    Or, un garçon à l'esprit lent et lourd comme
moi, et dans les veines duquel le sang avait toujours coulé avec
quelque froideur, quelque réserve, peut entrer dans l'amour ainsi
qu'un cheval entre dans un cours d'eau aux rives en talus, degré
par degré, mais un homme tel que Ruben frappe du talon un seul
instant sur le bord, et l'instant d'après, il s'est lancé jusqu'aux
oreilles dans l'endroit le plus profond.
    Le ciel seul sait quelle mèche avait mis le
feu à l'étoupe.
    Tout ce que je puis dire, c'est que depuis ce
jour, mon camarade était mélancolique et assombri une heure, puis
gai, et plein d'entrain l'heure suivante.
    Il n'avait plus rien de son flot constant de
bonne humeur, il devenait aussi piteux qu'un poussin qui mue, chose
qui m'a toujours paru un des plus singuliers résultats de ce que
les poètes ont appelé le joyeux état de l'amour.
    Mais, il faut le dire, en ce monde, joie et
plaisir se touchent de si près, qu'on dirait qu'ils sont à
l'attache dans des stalles contiguës, et qu'une ruade suffirait
pour faire tomber la cloison qui les sépare.
    Voici un homme aussi plein de soupirs qu'une
grenade est bourrée de poudre.
    Il fait triste figure ; il a l'air
abattu. Son esprit va à l'aventure et si vous lui faites remarquer
qu'il est très malheureux dans cet état, il vous répondra, vous
pouvez en être certain, qu'il ne l'échangerait pas pour les
Puissances ni pour les Principautés du ciel.
    Pour lui les larmes sont de l'or, et le rire
n'est que de la fausse monnaie.
    Mais, mes chers enfants, c'est peine perdue
pour moi que de vous expliquer une chose que moi-même je n'entends
point.
    Si comme je l'ai entendu dire, il est
impossible de trouver deux empreintes du pouce qui soient
identiques, comment espérer de faire coïncider les pensées et les
sentiments les plus intimes de deux êtres.
    Toutefois, il est une chose que je puis
affirmer comme vraie, c'est que quand je demandai la main de votre
grand-mère, je ne m'abaissai point à prendre la mine d'un homme qui
mène un enterrement.
    Elle me rendra ce témoignage que j'allai à
elle avec la figure souriante, bien que j'eusse tout de même une
petite palpitation au cœur, et je lui dis…
    Mais diantre, ou me suis-je laissé
entraîner ?
    Qu'y a-t-il de commun entre tout cela et la
ville de Taunton, et la révolte de 1685 ?
    Le mercredi soir, 17 juin, nous apprîmes que
le Roi, (c'était ainsi qu'on désignait Monmouth dans tout l'Ouest)
était campé à moins de dix milles de là, avec toutes ces forces, et
que le lendemain matin, il ferait son entrée dans la fidèle ville
de Taunton.
    On s'ingénia tant qu'on put, comme vous le
pensez bien, pour lui souhaiter la bienvenue d'une façon qui fût
digne de la ville d'Angleterre la plus attachée aux Whigs et au
Protestantisme.
    Un arc de plantes vertes avait déjà été dressé
à la porte de l'ouest.
    Il portait cette devise : « Bienvenue au
Roi Monmouth ! »
    Un second s'élevait depuis l'entrée de la
place du Marché jusqu'à la fenêtre la plus haute de l'hôtellerie du
Blanc-Cerf
, avec ces mots en grandes lettres écarlate
« Salut au Chef Protestant. »
    Un troisième, si je m'en souviens bien,
surmontait l'entrée de la cour du château, mais je ne me rappelle
plus la devise qui s'y lisait.
    L'industrie du drap et de la laine est, ainsi
que je vous l'ai dit, la principale occupation de la ville.
    Les marchands n'avaient pas ménagé leurs
marchandises.
    Ils les avaient étalées à profusion pour
embellir les rues.
    De riches tapisseries, des velours lustrés, de
précieux brocarts flottaient aux

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