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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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âpre. À quoi j'ai répondu que si je
vendais mon épée, je ne vendais pas mon honneur. Il est bon que des
cavaliers de fortune fassent voir ce qu'est pour eux un contrat…
comment dites-vous… inviolable pour toute la durée de la guerre.
Alors on redevient parfaitement libre de changer son
payeur-général. Pourquoi pas ?
    – C'est vrai, mon ami, c'est vrai, répondit
Saxon. Les mendiants d'Italiens et de Suisses ont fait du métier un
vrai commerce. Ils se sont vendus avec tant de sans-gêne, corps et
âme, à celui qui a la bourse la mieux garnie, que nous devons nous
montrer chatouilleux sur le point d'honneur. Mais vous vous
rappelez la poignée de main d'autrefois que pas un homme du
Palatinat n'était de force à échanger avec vous. Voici mon
capitaine, Micah Clarke. Il faut qu'il voie quelle chaude bienvenue
peut vous faire un Allemand du Nord.
    Le Brandebourgeois montra ses dents blanches
dans un ricanement en me tendant sa large main brunie. Dès que la
mienne y fut enfermée, il mit brusquement toute sa force à la
serrer, si bien que le sang se porta vivement aux ongles, et que
j'eus toute la main paralysée, impuissante.
    –
Donner wetter !
s'écria-t-il
en riant à gorge déployée au sursaut de douleur et de surprise que
j'avais fait. C'est une grosse farce à la Prussienne et les gamins
d'Angleterre n'ont pas assez d'estomac pour cela.
    – À vrai dire, fis-je, c'est la première fois
que j'ai vu cet amusement et je ne demanderais pas mieux que de m'y
exercer sous un maître aussi capable.
    – Comment ? Encore une fois ?
s'écria-t-il, mais vous devez être encore tout échaudé de la
première. Eh bien, je ne vous la refuserai pas, quoique, après
cela, vous n'ayez plus la même force pour serrer la poignée de
votre sabre.
    En disant ces mots, il tendit sa main, que je
saisis avec force, pouce contre pouce, en levant le coude pour
mettre toute ma force dans cette pression.
    Ainsi que je l'avais remarqué, son artifice
consistait à paralyser l'autre main par un grand et brusque
déploiement de force.
    J'y résistai en déployant moi-même toute la
mienne.
    Pendant une ou deux minutes, nous restâmes
immobiles, nous regardant dans les yeux.
    Puis, je vis une goutte de sueur rouler sur
son front.
    Je fus alors certain qu'il était vaincu.
    La pression diminua lentement.
    Sa main devint inerte, molle pendant que la
mienne continuait à se serrer si bien qu'enfin, d'une voix
grognonne et étouffée, il fut contraint de me demander de le
lâcher.
    – Diable et Sorcellerie ! s'écria-t-il en
essuyant le sang qui sortait goutte à goutte sous ses ongles,
j'aurais mieux fait de mettre mes doigts dans un piège à rats. Vous
êtes le premier qui ait pu échanger une vraie poignée de mains avec
Antoine Buyse.
    – Nous produisons du muscle en Angleterre
aussi bien que dans le Brandebourg, dit Saxon qui riait aux éclats
en voyant la déconfiture du soldat allemand. Hé, tenez, j'ai vu ce
jeune garçon prendre à bras-le-corps un sergent de dragons de
grandeur naturelle et le jeter dans une charrette aussi aisément
qu'il eût fait d'une pelletée de terre.
    – Pour fort, il l'est ! grogna Buyse, qui
tordait encore sa main paralysée, aussi fort que Goetz à la main de
fer. Mais à quoi sert la force toute seule pour le maniement d'une
arme ? Ce n'est pas la force du coup, mais la manière dont il
est porté, qui produit l'effet. Tenez, votre sabre est plus lourd
que le mien, à première vue, et cependant ma lame ferait une
entaille plus profonde. Eh ! n'est-ce pas un jeu plus digne
d'un guerrier que ne l'est un amusement d'enfants, comme un
serrement de main, et le reste ?
    – C'est un jeune homme modeste, dit Saxon, et
pourtant je parierais pour son coup contre le vôtre.
    – Quel enjeu ? grogna l'Allemand.
    – Autant de vin que nous pourrons en boire en
une séance.
    – Ce n'est pas peu dire, en effet, fit Buyse,
un couple de gallons pour le moins. Eh bien soit. Acceptez-vous la
lutte ?
    – Je ferai ce que je pourrai, dis-je, bien que
je n'aie guère l'espoir de frapper aussi fort qu'un vieux soldat
éprouvé.
    – Que le diable emporte vos compliments !
cria-t-il d’un ton rageur. Ce fut avec de douces paroles que vous
avez pris mes doigts dans ce piège à imbéciles que voilà.
Maintenant voici mon vieux casque d'acier espagnol. Comme vous le
voyez, il porte une ou deux traces de coups, et une nouvelle marque
ne lui fera pas grand mal. Je le pose ici sur cette chaise qui

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