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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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croirais qu’un esprit démoniaque est lancé à nos trousses.
    — Concentrons nos recherches sur les rapports qui existent entre ces meurtres et le cercle des Amis de Dante, dit Lowell. Faisons le compte des gens au courant du calendrier de la traduction. »
    Lowell se mit à feuilleter le cahier dans lequel ils avaient consigné leurs résultats, tout en caressant distraitement l’objet posé à côté de lui : un boulet de canon tiré par les Anglais sur Boston contre les troupes du général Washington.
    Quelqu’un frappa de petits coups à la porte d’entrée. Ni Fields ni lui n’y prêtèrent attention.
    « J’ai adressé un mot à Houghton pour lui demander de vérifier qu’aucune épreuve de la traduction n’avait quitté Riverside, dit l’éditeur. Nous savons que ces massacres sont tous inspirés de chants que nous n’avions pas fini de traduire. Longfellow doit continuer à livrer ses épreuves comme si de rien n’était. De votre côté, où en êtes-vous avec votre jeune Sheldon ? »
    Lowell se rembrunit.
    « Il ne m’a toujours pas fait signe, et personne ne l’a vu sur le campus. Il n’y a que lui qui puisse nous renseigner sur ce fantôme avec qui il parlait. »
    Fields se leva et vint se pencher près de Lowell.
    « Jemmy, ce fantôme, comme vous dites, êtes-vous bien certain de l’avoir vu ?
    — Pourquoi cette question ? Je vous l’ai déjà dit, je l’ai vu plusieurs fois : dans le Yard en train de m’observer, un autre jour attendant Bachi, et enfin se disputant avec Edward Sheldon ! »
    Fields ne put dissimuler son agacement.
    « Si je dis ça, c’est parce que nous sommes tous dans un état de grande appréhension, mon cher Lowell. En ce qui me concerne, les nuits ne m’offrent que de malheureuses bribes de sommeil. »
    Lowell referma son cahier d’un coup sec.
    « Me diriez-vous que je l’ai imaginé ?
    — Pour l’amour du ciel ! s’écria l’éditeur. Vous m’avez vous-même raconté que vous aviez cru voir Jennison aujourd’hui. Et Bachi, et votre première épouse. Jusqu’à votre petit garçon. »
    Les lèvres de Lowell se mirent à trembler.
    « Attention, Fields. C’est la dernière fois que vous me parlez sur ce ton…
    — Ne vous énervez pas, Lowell, je vous en prie. J’ai élevé la voix involontairement… je ne voulais pas dire ça.
    — Je suppose que vous savez mieux que nous ce qu’il convient de faire. Après tout, nous ne sommes que des poètes ! Mais vous, vous ne pouvez pas ignorer comment quelqu’un a pu être au courant du calendrier de la traduction !
    — Qu’insinuez-vous par là, monsieur Lowell ?
    — Simplement ceci : qui, en dehors de ses membres, a une connaissance intime des activités du cercle des Amis de Dante ? Les démons qui travaillent à l’imprimerie, les typographes qui composent les plaques et les relieurs : des gens qui dépendent tous de Ticknor et Fields
    — Ah ça ! s’écria Fields ahuri. Vous n’allez pas renverser les rôles ! »
    Au même instant, la porte donnant sur le cabinet de travail s’ouvrit.
    « Messieurs, j’ai peur de devoir vous interrompre », déclara Longfellow en faisant entrer Nicholas Rey.
    L’horreur se répandit sur les traits de Fields et de Lowell. Ce dernier se lança immédiatement dans l’énumération des raisons pour lesquelles Rey ne pouvait pas les livrer à la police. Comme Longfellow se contentait de sourire, ce fut Rey qui interrompit la litanie.
    « Je vous en prie, professeur Lowell, messieurs, je suis venu pour vous demander l’autorisation de vous aider dans votre enquête. »
    Oubliant leur dispute, Lowell et Fields accueillirent le policier avec chaleur.
    « Comprenez-moi bien, messieurs, déclara le nouveau venu sans détour. Je n’agis que pour arrêter le massacre. »
    À quoi Lowell répondit après une longue pause :
    « Ce n’est pas notre seul objectif, mais nous n’arriverons à rien sans votre aide, ni vous sans la nôtre. Cette canaille imprime le sceau de Dante sur tout ce qu’elle touche. Vous iriez droit à votre perte si vous l’attaquiez sans un traducteur àvos côtés. »
    Laissant les trois hommes à leur conversation, Longfellow partit retrouver Greene dans son cabinet. Ils en étaient au troisième chant depuis qu’ils s’étaient mis à la tâche ce matin-là, à six heures, et ils n’avaient pas levé le nez jusqu’à midi. Longfellow n’avait pris que le temps d’envoyer un mot à

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