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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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liste de ses employés qui avaient fait la guerre, en se fondant sur l’ Annuaire des régiments du Massachusetts dans la guerre de rébellion. Enfin, dans la soirée, les Amis de Dante au grand complet se rendraient à la réception du gouverneur en l’honneur des soldats de Boston, y compris Nicholas Rey qui s’était battu pendant la guerre. Peut-être y glaneraient-ils des renseignements sur les soldats fréquentant le foyer.
    Surveillant M. Greene du coin de l’œil, MM. Longfellow, Lowell et Holmes se dispersèrent dans les salons bondés et, sous divers motifs, s’employèrent à interroger d’anciens combattants sur le soldat décrit par leur ami.
    « On se croirait dans l’arrière-salle d’une taverne ! se plaignit Lowell en chassant de la main une volute de fumée.
    — Est-ce bien vous qui parlez comme ça ? se moqua Holmes. L’homme qui se vante de griller dix cigares par jour et donne le nom de muse au plaisir ressenti ?
    — Qui se plaît à humer chez autrui l’odeur de ses propres vices ? rétorqua Lowell du tac au tac. Tenez, dirigeons-nous là-bas pour nous désaltérer. »
    Le Dr Holmes enfonça les mains dans les poches de son gilet de soie moirée.
    « Pas un seul des soldats à qui j’ai parlé ne connaît quelqu’un correspondant à la description de Greene. Au mieux, ils ont vu un type exactement comme ça pas plus tard que l’autre jour, mais ils ignorent son nom et les lieux qu’il fréquente. Espérons que Rey aura eu plus de chance.
    — Mon cher Wendell, Dante était un homme de grande dignité. L’un des secrets de cette dignité est qu’il ne faisait jamais rien dans la précipitation. Vous ne le trouvez jamais en train de se hâter. Il me semble que c’est une excellente règle, en ce qui nous concerne.
    — Et vous êtes le premier à la suivre ? » s’enquit Holmes avec un petit rire ironique.
    Lowell s’offrit une gorgée de bordeaux méditative avant de reprendre :
    « Dites-moi, Holmes, avez-vous jamais eu une Béatrice ?
    — Je vous demande pardon, Lowell ?
    — Je veux dire… une femme qui aurait incendié les impressionnantes profondeurs de votre imagination.
    — Eh bien… mon Amelia ! »
    Lowell éclata d’un rire bruyant.
    « Voyons, Holmes, une épouse ne saurait être une Béatrice ! N’avez-vous jamais fait de folies ? Fiez-vous à mon jugement, car j’ai ceci en commun avec Pétrarque, Dante et Byron, d’avoir été désespérément amoureux avant l’âge de dix ans. Seul mon cœur connaît les douleurs que j’ai endurées.
    — Que dirait Fanny si elle vous entendait, Lowell !
    — Pfuitt ! Dante avait Gemma, la mère de ses enfants, mais elle n’était pas la source de son inspiration ! Savez-vous comment ils se sont rencontrés ? Longfellow en doute, mais je soutiens que Gemma Donati est la dame dont il parle dans La Vita Nuova, qui le console de la perte de Béatrice. Vous voyez cette jeune dame, là-bas, dans le coin ? »
    Holmes suivit le regard de Lowell et découvrit une mince jeune femme dont les cheveux aile de corbeau brillaient de mille éclats sous les lustres étincelants.
    « 1839, Allston Gallery… je m’en souviens encore. Jamais mes yeux ne s’étaient posés sur une créature aussi belle… un peu comme cette beauté qui enchante les amis de son mari. Ses traits dénotaient la plus pure race juive. Son teint était mat, son visage transparent. On y voyait passer le moindre sentiment comme, sur la prairie, l’ombre du nuage. De là où je me trouvais, ses yeux disparaissaient dans le creux sombre de l’arcade sourcilière et la pénombre de son teint, de sorte que vous n’en saisissiez qu’une splendeur estompée et mystérieuse. Mais quels yeux ! J’en tremblais presque. Cette unique vision séraphique a plus enflammé mon inspiration de poète que…
    — Était-elle seulement intelligente ?
    — Ciel, comment le saurais-je ? Quand elle a battu des paupières dans ma direction, je n’ai pas trouvé en moi la force de lui dire un mot. Il n’y a qu’une chose à faire avec les femmes coquettes, Wendell : prendre ses jambes à son cou. Plus de vingt-cinq ans ont beau s’être écoulés, je ne l’ai toujours pas bannie de ma mémoire. Chacun de nous a sa Béatrice, je vous assure, qu’elle existe bel et bien ou ne vive que dans l’esprit de son admirateur. »
    Comme Rey s’approchait d’eux, Lowell s’interrompit.
    « Les vents nous sont favorables, monsieur le

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