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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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implacablement un point devant lui, sans dévier le regard.
    « Da Lucca, signore. »
    Lowell se lança alors dans des compliments sur la beauté de la région indiquée. Le vagabond ne manifeste aucune surprise à l’entendre s’exprimer dans sa langue. Comme tous les fiers Italiens, il s’attendait à ce que le monde entier connaisse son parler. Qui en était incapable n’était pas digne d’une conversation.
    Lowell réitéra ses questions. Il était important de connaître le nom du monsieur dont le portrait était publié dans le journal, expliqua-t-il, afin de retrouver sa famille et d’organiser son enterrement.
    « Nous croyons que ce malheureux venait de Lucques, lui aussi, dit-il d’une voix triste. Il mérite d’être enterré dans un cimetière catholique, auprès des siens. »
    Le mendiant prit un certain temps pour peser le pour et le contre, puis il pivota péniblement sur son coude jusqu’à pouvoir désigner du doigt avec lequel il pêchait sa nourriture le massif portail de l’église derrière lui.
     
    Le prélat catholique auquel ils s’étaient adressés était un homme dont la corpulence n’altérait en rien la dignité.
    « Lonza, je crois qu’il s’appelait Lonza, dit-il en leur rendant le journal. Il venait ici… Oui, Grifone Lonza.
    — Vous l’avez connu personnellement ? demanda Lowell avec espoir.
    — Il connaissait cette église, monsieur Lowell, répondit le prêtre d’un air bénin. Le Vatican nous a confié la gestion d’une fondation à l’intention des immigrants, nous leur prêtons des fonds. De même, nous remettons à ceux qui doivent rentrer dans leur patrie une petite somme pour le voyage. Il va de soi que nous ne pouvons pas secourir tout le monde. » Il en avait plus à dire, mais se restreignit de lui-même. « Quelle affaire vous fait rechercher cet homme, messieurs, et pourquoi son portrait est-il dans le journal ?
    — Nous pensons qu’il est mort, mon père, et que la police cherche à l’identifier, répondit le Dr Holmes.
    — Ah. Je crains que vous ne trouviez pas mes paroissiens ni ceux des autres églises du quartier très désireux de collaborer avec la police. Je rappellerai qu’elle n’a rien fait pour que justice soit rendue après l’incendie du couvent des ursulines. Dès qu’un crime est commis, ce sont les pauvres, les catholiques irlandais, que l’on vient harceler, ajouta-t-il avec cette tension des mâchoires propre aux hommes du clergé lorsqu’ils sont en colère. On les a envoyés mourir à la guerre pour des nègres qui, aujourd’hui, leur volent leur travail. Et, pendant ce temps-là, les riches restaient chez eux, moyennant un modique forfait.
    — M. Lonza souhaitait retourner en Italie ? s’enquit Lowell.
    — Je ne saurais dire ce que chacun souhaite au fond de son cœur. Si je me rappelle bien, il venait ici pour chercher la nourriture que nous offrons régulièrement. Il empruntait aussi à court terme des sommes censées le remettre à flot. Personnellement, si j’étais italien, je souhaiterais retourner auprès des miens. Mes paroissiens sont irlandais pour la plupart. Je crains que les Italiens ne se sentent pas bien accueillis par eux non plus. D’après nos estimations, ils sont moins de trois cents à vivre à Boston et dans les environs. Ce sont eux les plus miséreux. Ils ont besoin de notre compassion et de notre charité. Mais plus les immigrés affluent, moins il y a de travail pour les gens en place. Vous devinez les troubles qui peuvent s’ensuivre.
    — Savez-vous si M. Lonza avait de la famille ici, mon père ? » demanda Holmes.
    Le prélat secoua d’abord la tête d’un air songeur, puis se reprit :
    « Ah oui, il y avait parfois un monsieur qui lui tenait compagnie. Lonza était assez porté sur la bouteille, je dois dire, il avait besoin d’être surveillé. Quel était son nom, déjà ? Un nom tout à fait italien. » Le prélat alla à son bureau. « Nous devrions l’avoir quelque part car il a emprunté de l’argent, lui aussi. Ah, voilà. C’est un professeur de langue. Je me rappelle qu’il prétendait avoir travaillé autrefois à l’université de Harvard, mais j’aurais tendance à en douter. Il a touché cinquante dollars au cours des dix-huit mois passés. » Il lut en le déformant le nom inscrit sur sa fiche : « Pietro Bak-ee. »
     
    Nicholas Rey était en train d’interroger des enfants loqueteux qui jouaient à s’éclabousser avec

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