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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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prendre ses jambes à son cou. Mais sa fuite s’est soldée par une chute à travers la fenêtre.
    — Qu’est-ce qui a bien pu l’effrayer à ce point ? demanda Holmes.
    — Compte tenu qu’il était mort depuis deux semaines quand le révérend Talbot a été assassiné, nous pouvons considérer comme un fait certain que ce n’est pas lui qui a tué le juge Healey », déclara Fields.
    Lowell se mit à tirailler sur sa moustache d’un air pensif.
    « Peut-être qu’il connaissait le meurtrier et craignait de se voir associé à lui. Qu’il le connaissait même très bien.
    — Et le fait de le connaître l’a effrayé autant que nous a effrayés, nous, le fait de connaître Dante, renchérit Holmes. Bon, comment nous y prenons-nous pour découvrir son nom avant la police ? »
    Longfellow, qui était resté silencieux pendant la plus grande partie de cet échange, fit remarquer :
    « Nous possédons sur la police deux avantages évidents, mes amis. Nous savons qu’il a reconnu en Dante la source d’inspiration de ces meurtres horribles et, aussi, que les vers de Dante lui sont venus tout naturellement aux lèvres en un moment de crise. Nous pouvons donc supposer que c’était un mendiant italien, versé en littérature. Italien donc catholique. »
     
    Inerte, telle une statue sacrée, le chapeau rabattu sur les yeux et les oreilles, un homme aux joues recouvertes d’une barbe de trois jours était allongé sur le trottoir devant la cathédrale de la Sainte-Croix, l’une des églises catholiques les plus anciennes de Boston. Affalé dans la position la plus confortable que permît l’ossature humaine, il mangeait à même un pot de terre. Un passant lui posa une question. Il ne tourna pas la tête ni ne répondit.
    « Monsieur… » S’étant agenouillé, le passant lui montra l’illustration publiée dans le journal. « Vous connaissez cet homme, monsieur ? »
    Le vagabond dévia le regard juste ce qu’il fallait pour jeter un coup d’œil au dessin, tandis que son interlocuteur extirpait un insigne de dessous son manteau.
    « Je m’appelle Nicholas Rey, monsieur, et je suis un agent de la police municipale. Il est important que je sache le nom de cet homme. Il est mort. Il ne court pas d’ennuis. S’il vous plaît, le connaissez-vous personnellement, ou connaissez-vous quelqu’un qui le connaisse ? »
    L’homme plongea son pouce et son index dans son pot et en retira un morceau de nourriture qu’il lâcha dans sa bouche. Puis il fit rouler brièvement sa tête en un mouvement de dénégation parfaitement indifférent.
    L’agent recommença au bas de la rue, là où s’étirait une bruyante file de carrioles de bouchers et de marchands des quatre-saisons.
    Dix minutes à peine s’étaient écoulées qu’un omnibus déversait ses passagers à une station voisine. Deux messieurs, dont l’un tenait un journal plié à la page du portrait, abordèrent à leur tour l’immuable désœuvré.
    « Mon bon ami, pouvez-vous nous dire si vous connaissez ce monsieur ? » demanda Oliver Wendell Holmes d’une voix affable.
    La récurrence des faits ébranla la rêverie de l’oisif sans vraiment la briser.
    Lowell se plia en avant.
    « Monsieur ? »
    Holmes approcha le journal du vagabond.
    « Je vous en prie, cher monsieur, dites-nous si son visage vous est connu et nous passerons joyeusement notre chemin. »
    Aucune réaction.
    « Vous faut-il une trompe acoustique ? » cria Lowell.
    Visiblement, la méthode employée ne menait nulle part. L’homme pêchait dans son pot une pincée de nourriture non identifiable et la faisait glisser au fond de sa gorge sans seulement prendre la peine de l’avaler.
    « Incroyable ! déclara Lowell à Holmes qui s’était écarté. Trois jours de recherches sans aucun résultat. On ne me dira pas que cet inconnu avait beaucoup d’amis.
    — Nous avons passé les Colonnes d’Hercule du quartier élégant, fit observer Holmes. Ne traînons pas ici davantage. »
    Cependant, il ne semblait pas décidé à partir. Quand il avait présenté le journal au vagabond, il avait vu un éclat briller dans son œil. Maintenant, il venait de remarquer, pendue à son cou, la médaille de San Paolino, saint patron de Lucques, en Toscane, et il gardait les yeux fixés sur elle. Lowell suivit la direction de son regard.
    « D’où êtes-vous, monsieur ? » demanda-t-il au pauvre hère en italien.
    L’homme continuait de fixer

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