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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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cet
enfer pour le plonger dans un autre. Maigre consolation : de victime, il
était devenu bourreau.
    Il
vivait alors comme un somnambule, sans attaches, sans espoir, sans passion,
coupé du monde réel, plongé dans un sommeil perpétuel dont il ne tentait même
pas de s’extraire. Jusqu’à ce que sa rencontre avec Julian brisât le carcan qui
l’emprisonnait, et que là, enfin, il trouvât un sens à sa vie.
    Et
qu’avait-il fait ensuite ? Il s’était enfui. De son plein gré, il avait
renoncé au bonheur qui s’offrait à lui. Julian avait vu juste : la peur
dictait sa conduite.
    Conscient
de la précarité de leur relation, il avait pleinement savouré chaque seconde
passée avec Julian. Dans son for intérieur, il était convaincu que l’amour que
celui-ci lui portait volerait en éclats au contact de la boue de son passé.
Mais il s’était mépris : lorsque cet instant redoutable était arrivé,
Julian, à sa grande surprise, ne l’avait pas quitté. Mieux encore, il ne l’en
avait aimé que plus.
    Alors
la crainte s’était insinuée en lui, semblable à une bête sauvage nichée dans
ses entrailles qui l’aurait lacéré de l’intérieur sans jamais lui laisser de
répit. Le sentiment d’avoir une chance extraordinaire ne cessait d’être
contrebalancé par l’angoisse de perdre ce bonheur. C’était comme les deux faces
d’une même pièce : d’un côté, la félicité ; de l’autre, la peur
constante, dévastatrice, qui constituait son revers. La première ne pouvait
aller sans la seconde. Dès le début, il avait senti confusément qu’il ne
méritait pas l’amour que lui offrait Julian, et ce sentiment n’avait fait que
croître avec le temps, le plongeant dans un malaise auquel il ne parvenait pas
à s’arracher.
    La
douleur devenant insoutenable, il avait décidé de fuir, annihilant du même coup
ce qu’il se sentait incapable de construire. Les souillures de son corps et de
son âme, le poids de ses crimes rendaient impossible tout avenir avec Julian.
Le poids de ses crimes…
    Gabriel
eut un haut-le-corps. Il se rappelait… Une scène enfouie dans sa mémoire venait
de resurgir en pleine lumière, un visage oublié dansait devant ses yeux comme
pour lui indiquer le chemin à suivre. Il resta immobile, comme assommé. Oui, il
savait à présent ce qu’il devait faire, et cette soudaine illumination effaça
en lui le doute et la crainte.
    Longtemps,
très longtemps, il demeura sans bouger à contempler la maison. Puis, après un
dernier regard, il fit demi-tour et replongea dans la foule dense et bruyante.
    Il était temps pour lui d’affronter son passé et d’expier ses fautes.
     
    *
     
    Les préparatifs du voyage venaient de s’achever au manoir Jamiston, et le
départ pour Londres, où le groupe devait prendre le train, était imminent.
    Cassandra
enfilait son manteau de velours noir dans le hall lorsqu’elle fut rejointe par
Jeremy.
    —  Avez-vous
vu Lord Ashcroft ? s’enquit-il. Nous ne le trouvons nulle part.
    La jeune femme leva la tête, surprise.
    —  Il
était dans le salon il y a un quart d’heure à peine.
    —  Il
n’y est plus. Le salon est désert, tout comme sa chambre, le bureau, le salon
de musique, la salle à manger, la salle de billard et la bibliothèque. J’espère
qu’il ne s’est pas trop éloigné, il ne faudrait pas que nous manquions le
train.
    Mue par une idée subite, Cassandra se dirigea vers le couloir.
    —  Je
crois savoir où le chercher.
    Sans expliciter davantage sa pensée, elle gagna la tour où Gabriel avait
été enfermé les premiers jours de sa détention au manoir. Comme elle s’y
attendait, la porte de la mansarde était entrouverte.
    Elle
poussa le battant. Julian était là, assis sur le bord du lit de fer-blanc, le
regard éteint.
    Cassandra
vint s’installer à ses côtés mais ne souffla mot. Son ami et elle partageaient
la même souffrance, une souffrance intolérable que le langage humain échouait à
retranscrire.
    D’une
voix étrangement lointaine, Julian rompit le premier le silence.
    —  Depuis
le jour où je l’ai rencontré, j’ai l’impression d’être à la dérive… Je le
sentais si loin de moi… et j’étais incapable de le ramener…
    Une note de désespoir perça dans sa voix.
    —  Qu’allons-nous
faire maintenant, Cassandra ?
    Les traits de la jeune femme se crispèrent douloureusement.
    —  Tenter
de survivre, je suppose, murmura-t-elle. Que pouvons-nous faire

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