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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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les aimer, à
condition de veiller à ce que les sentiments ne prennent jamais le pas sur
notre raison. Du reste, l’amour est éphémère, seuls les liens du sang sont
indestructibles. C’est pourquoi il est si important que toi et moi restions
toujours unies face à l’adversité !
    Elle adressa à sa sœur un sourire lumineux. Cassandra soupira, accablée.
Une boule se forma soudain dans sa gorge. L’évocation d’Andrew avait ravivé sa
douleur. Elle se tourna précipitamment vers la fenêtre afin de masquer son
trouble.
    Angelia
s’était remise à papillonner à travers la pièce, sa jupe vermeil virevoltant à
chacun de ses pas.
    —  Pourquoi
désires-tu tellement obtenir la pierre philosophale ? lui demanda
brusquement Cassandra. Tu possèdes déjà plus d’argent que tu ne peux en
dépenser.
    —  Ce
n’est pas tant l’or qui m’intéresse que l’immortalité. Ne craindre ni la
maladie ni la mort et conserver ma beauté pour l’éternité, tels sont les
objectifs qui motivent ma quête.
    Elle s’arrêta devant le miroir et observa son reflet avec ravissement.
Cassandra réprima un sourire devant le spectacle de sa fatuité.
    La jeune femme lui jeta un regard en coin.
    —  Et
puis, ainsi que je te l’ai déjà expliqué, je souhaite que nous partagions cette
immortalité. As-tu entendu parler des jumeaux de la mythologie grecque, Castor
et Pollux ? Selon la légende, ils étaient si attachés l’un à l’autre
qu’ils ne voulaient pas être séparés, même après leur mort. Zeus, leur père,
exauça ce vœu : il plaça les jumeaux dans le ciel et en fit la
constellation des Gémeaux. Quelle fabuleuse histoire, soupira-t-elle d’un air
extatique. Comme j’aimerais que toi et moi devenions aussi des étoiles
jumelles !
    Cette idée donna la chair de poule à Cassandra. Elle n’avait pour sa part
aucun désir d’être coincée avec sa sœur pour l’éternité.
    —  Navrée
de ternir ce tableau idyllique, mais tu sembles oublier un détail qui a son
importance.
    —  Lequel ?
    —  Eh
bien moi ! répliqua Cassandra avec agacement. Ne t’est-il pas venu à
l’esprit que je ne souhaitais peut-être pas accéder à l’immortalité ? Et
que je désire encore moins te voir y accéder, toi ? Si la pierre
philosophale existe réellement, jamais je ne la laisserai tomber entre tes
mains !
    Le sourire d’Angelia s’effaça, ses traits se contractèrent, et ses
prunelles prirent un reflet métallique.
    —  Que
tu le veuilles ou non, martela-t-elle froidement en fixant sa sœur dans les
yeux, je l’obtiendrai. Je travaille sur cette affaire depuis plus de cinq ans,
j’y ai englouti des fortunes, il est absolument impensable que j’échoue si près
du but.
    Un instant, Cassandra avait oublié à quel point Angelia pouvait être
dangereuse. Une brusque sensation d’étouffement s’empara d’elle, en même temps
qu’elle ressentait le besoin irrépressible de quitter la pièce. Elle gagna
vivement la porte et sortit sans laisser à Angelia le temps de réagir.
    Une
fois dans le couloir, elle respira plus librement, mais son répit fut de courte
durée. Du coin de l’œil, elle perçut un mouvement sur le palier ; un homme
braquait son regard d’aigle dans sa direction, la main posée sur la crosse de
son pistolet. Cassandra soupira. Depuis le début de leur voyage, elle et ses
amis étaient soumis à une surveillance constante de la part des membres du
Cercle du Phénix. Leurs moindres faits et gestes étaient scrupuleusement
rapportés à Angelia, et cette situation commençait à devenir pesante.
    Exaspérée,
Cassandra décida d’aller prendre l’air. Elle ne connaissait pas Prague et
c’était l’occasion ou jamais de visiter la ville puisqu’ils repartaient le
lendemain matin de bonne heure. Une agréable promenade en perspective si elle
parvenait à faire abstraction de la présence des hommes d’Angelia sur ses
talons.
    Cassandra
descendit l’escalier de l’hôtel, traversa le hall et déboucha dans la rue
qu’elle remonta d’un pas pressé en direction du pont Charles ; la nuit
n’allait pas tarder à tomber, et il était fort probable qu’Angelia impose une
fois de plus un couvre-feu.
    Sur
l’autre rive, la haute colline que couronnait l’immense château des rois de
Bohême était nappée des dernières lueurs du soleil. Cassandra franchit le pont Charles,
s’attardant devant les statues qui ponctuaient le parcours, et en particulier
celle de

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