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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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d’autre ?
    Elle se tut quelques instants, puis reprit :
    —  Vous
n’êtes pas obligé de venir à Prague avec nous. Le voyage risque d’être très
dangereux. Vous devez penser à Laura, à vos proches, et uniquement à eux. S’il
vous arrivait malheur…
    Julian eut un sourire sans joie.
    —  Actuellement,
seule la pensée de ma fille parvient à m’apporter un peu de réconfort.
J’aimerais la rejoindre, elle me manque tellement… Mais malgré cela, je sens
que je dois aller au bout de cette aventure. Je vous accompagnerai donc à
Prague. Peut-être pourrai-je vous être utile là-bas. De plus, vous faites
partie de mes proches, Cassandra…
    La jeune femme posa sa main sur celle de Julian et la pressa doucement.
    Autour
d’eux, le silence tissa ses fils, formant un cocon protecteur autour de leurs
cœurs en ruines.

Troisième
partie

Chapitre I
    De longues traînées roses et mauves commençaient à teindre le ciel de
Prague, annonçant le crépuscule. Accoudée à la fenêtre, Cassandra contemplait
d’un œil morne le panorama qui s’étendait sous ses yeux : au pied de
l’hôtellerie serpentait la Vltava, enjambée par le pont Charles, tandis que se
découpaient fièrement sur l’autre rive le Château de Prague et la cathédrale
Saint-Guy. Des milliers de fenêtres emprisonnaient le soleil couchant, et des
auréoles dorées brillaient à la pointe des tours. Toute la ville baignait dans
une atmosphère empreinte de mystère et de romantisme. N’eût été la gravité de
la situation, Cassandra aurait savouré sans retenue ce magnifique tableau.
    Surexcitée,
Angelia ne cessait de s’affairer à travers la chambre, ouvrant une armoire,
fermant le tiroir d’une commode, déplaçant un objet.
    Excédée
par ce remue-ménage, Cassandra fit volte-face et apostropha sèchement sa sœur.
    —  Cesse
de courir partout, tu me donnes le tournis.
    —  Que
veux-tu, je ne tiens pas en place ! Voilà des années que je ne m’étais pas
autant amusée. Et j’ai tant de vêtements à ranger !
    —  Personne
ne t’a contrainte à voyager avec six malles, et encore moins à changer de tenue
cinq fois par jour. Nous ne sommes pas à Londres, tu n’as pas d’obligations
mondaines ici !
    —  Ce
n’est pas parce que nous sommes en voyage qu’il faut se laisser aller, répondit
Angelia d’un air choqué. Ne le prends pas comme une critique, mais tu devrais
davantage prendre soin de toi et te préoccuper de ta garde-robe.
    Cassandra fronça les sourcils. La mine enjouée, sa sœur vint se poster
devant elle, mains sur les hanches.
    —  Ma
chérie, tu es si acariâtre depuis notre départ de Londres ! Tu respires la
maussaderie et la mélancolie. Tu penses encore à cet Andrew Ward ?
    Cassandra se raidit. Elle voulut répondre mais Angelia continuait déjà
sur sa lancée :
    —  Je
conçois très bien que sa mort t’attriste, mais regardons les choses en
face : vous n’aviez aucun avenir ensemble, c’était l’évidence même. Des
femmes de notre trempe, belles et brillantes, ne peuvent que s’abaisser en se
liant durablement à un homme, et je ne parle même pas du mariage qui constitue
le plus sûr moyen de gâcher sa vie. Car tu sais comme moi qu’aussitôt mariée,
ton argent, tes biens, tes possessions, passeraient en intégralité aux mains de
ton époux, et que tu deviendrais complètement dépendante de lui sur le plan
matériel. Pire encore, tu devrais renoncer à ta liberté d’action et de pensée,
ne plus avoir d’idées propres, n’être qu’obéissance et soumission. Le mariage
est une prison à laquelle tu es condamnée pour le restant de ton existence.
Non, ma chérie, aucun homme ne vaut de tels sacrifices. Le mariage ne peut se
justifier que lorsque certaines conditions sont réunies : le futur époux
doit être extrêmement riche, mais aussi extrêmement âgé. Mon défunt mari, Lord
Robert Killinton – que Dieu ait son âme – réunissait ces deux qualités
indispensables. Le cher homme…, murmura-t-elle d’un ton rêveur.
    —  Quel
cynisme ! lança Cassandra, écœurée.
    Angelia haussa les épaules en la couvrant d’un regard apitoyé.
    —  Le
sentimentalisme est l’opium des faibles, assena-t-elle doctement en passant sa
main dans ses cheveux couleur de nuit. Souviens-toi, ma chérie, les hommes
n’existent que pour satisfaire nos caprices et nous permettre d’atteindre les
buts que nous nous sommes fixés. Accessoirement, nous pouvons

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