Le Cercle du Phénix
commenta Julian. Nous sommes en présence d’un message
codé : Cylenius a crypté les mots permettant d’ouvrir la boîte. Cette
chasse au trésor ne se révèle pas aussi simple que nous le pensions…
— Mais
ce document ne sert à rien si nous ne pouvons pas le lire ! s’exclama
Jeremy, qui arborait pour le coup un air de chien battu. Quel besoin Cylenius
avait-il de le coder ? L’horloge était déjà suffisamment difficile à
trouver !
— Cela
n’a rien de surprenant, remarqua Julian. Comme je vous l’ai expliqué, les
adeptes considéraient l’alchimie comme une science sacrée, et ils multipliaient
les stratagèmes pour rendre obscurs leurs traités. La cryptographie était l’un
des moyens utilisés : certains alchimistes employaient des alphabets
composés tantôt de signes hermétiques, tantôt de lettres entremêlées de
chiffres ; d’autres écrivaient à rebours, ajoutaient au corps des mots des
lettres inutiles, ou au contraire supprimaient des lettres. D’autres encore
remplaçaient des membres de phrases entiers par des mots qu’ils inventaient, ou
désignaient les opérations, les produits et les appareils par de simples
lettres de l’alphabet. Il semblerait cependant que Cylenius n’ait utilisé
aucune de ces méthodes, conclut Julian en relisant le parchemin, ce qui ne nous
facilite pas la tâche.
— Quoi
qu’il en soit, un message codé se déchiffre, rétorqua Nicholas dont l’assurance
ne faiblissait jamais. Tout code a une clé de décryptage, il suffit de
découvrir celle-ci.
— C’est
plus facile à dire qu’à faire, objecta Julian qui fixait toujours le parchemin.
Tout dépend de la complexité du code employé. À première vue, compte tenu de la
disposition des lettres, celui-ci me semble particulièrement difficile à
décrypter.
Jeremy releva la tête et lui lança un regard plein
d’espoir.
— Vous
donnez l’impression de connaître le sujet, Lord Ashcroft. Pensez-vous être
capable de décoder ce texte ?
— Je
l’ignore. J’ai eu l’occasion par le passé de m’intéresser à la cryptographie,
reconnut-il comme à regret, et son visage s’assombrit d’étonnante façon, mais
je suis loin d’être un spécialiste en la matière. Je dois étudier en détail ce
message.
Megan paraissait perplexe.
— Comment
crypte-t-on un document ?
— Les
méthodes de chiffrement reposent sur deux principes essentiels : la
substitution et la transposition, lui expliqua gentiment Julian. Substituer
signifie qu’on remplace certaines lettres par d’autres, ou par des symboles.
Transposer équivaut à permuter les lettres du message afin de le rendre
inintelligible. Il peut exister des substitutions mono-alphabétiques, dans
lesquelles on remplace chaque lettre du message par une lettre différente, ou
poly-alphabétiques…
— Ça
a l’air drôlement compliqué ! lâcha Megan sans réfléchir, les yeux
écarquillés devant le bizarre assemblage de lettres.
Surpris, les autres la dévisagèrent d’un air
réprobateur.
Julian sourit.
— Pas
forcément. Comme je l’ai dit, la complexité des codes est variable. Certains
sont très simples à déchiffrer, d’autres demandent des mois, voire des années
d’étude pour en découvrir la clé.
— Mais
nous n’avons pas tout ce temps devant nous ! s’écria Jeremy, consterné.
— Vous
avez raison, approuva Cassandra. Nous devons agir le plus vite possible. Chacun
doit tenter sa chance dès ce soir, et l’un de nous finira bien par percer le
secret de ce message.
Des copies du parchemin furent aussitôt rédigées, et le
groupe entier s’attela avec ardeur au décryptage du mystérieux document.
Cette flambée d’enthousiasme collectif se consuma
toutefois assez vite. Le lendemain, tout le monde, à l’exception de Julian,
avait renoncé à déchiffrer le code, la difficulté de la tâche paraissant
insurmontable aux novices qu’ils étaient en matière de cryptographie.
— Je
crois que nos espoirs reposent désormais exclusivement sur Julian, confia
Cassandra à Andrew, alors qu’ils se trouvaient tous les deux seuls au salon
avant le dîner. Je ne sais s’il a progressé dans le décryptage, on ne l’a pas
vu depuis hier soir.
L’air lointain, Andrew hocha la tête sans répondre.
Debout devant la porte-fenêtre, il contemplait le parc d’un regard absent
depuis une bonne demi-heure. Cassandra, inquiète, s’approcha de lui.
— Tu
sembles
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