Le Cercle du Phénix
jeune femme que par celle
d’Andrew. Que faisait-elle avant de vous rencontrer ?
— Je
l’ignore. Elle aussi d’ailleurs, puisqu’elle souffre d’amnésie…
— D’amnésie,
vraiment ? l’interrompit Nicholas, l’air captivé.
— Oui,
lorsqu’elle est arrivée chez nous, elle ne se rappelait que de son prénom. Elle
n’a aucun souvenir de son enfance. Cela la perturbait beaucoup à l’époque,
peut-être est-ce toujours le cas du reste. Je me rappelle qu’elle faisait
souvent de terribles cauchemars, et que ses hurlements réveillaient alors toute
la maison.
— Tout
cela est plutôt triste, non ? Et inhabituel.
Megan haussa les épaules.
— Peut-être,
concéda-t-elle d’un ton maussade sans autres commentaires.
Ferguson la fixait toujours, et son regard perçant la
mettait de plus en plus mal à l’aise. Elle ne comprenait pas où il voulait en
venir.
— Combien
de temps Cassandra est-elle restée chez vous ? poursuivit-il.
— Jusqu’à
la mort de mon père, cinq ans plus tard.
À sa grande surprise, Megan crut distinguer une lueur de compassion
dans les yeux de Nicholas, peut-être parce que lui-même avait récemment perdu
son père.
— Et
votre mère ?
— Elle
est morte peu après ma naissance, souffla Megan.
— Vous
êtes orpheline ? Pardonnez-moi, je l’ignorais.
— Oh,
ce n’est pas grave, ne vous excusez pas, le rassura la jeune fille d’un ton
dégagé. Andrew s’est tellement bien occupé de moi par la suite que je n’ai
assurément nulle raison de me plaindre.
Un silence songeur s’abattit entre eux, seulement
troublé par des éclats de voix assourdis provenant de l’intérieur du manoir.
Andrew et Jeremy poursuivaient une discussion animée dans le salon.
— Qu’a
fait Cassandra après avoir quitté votre foyer ? reprit Nicholas.
— Elle
a débuté sa carrière de voleuse, répliqua Megan avec mépris.
— De
voleuse ?
— Oui.
Cassandra n’est qu’une vulgaire cambrioleuse qui œuvrait sous le pseudonyme
d’« Artémis ». Une cambrioleuse plutôt douée cependant, je dois le
reconnaître. Aucune serrure ne lui résistait, aucun bâtiment ne lui était
inaccessible. Mais elle s’est retirée du métier il y a quelques années et mène
à présent une vie… honorable, ajouta-t-elle d’un ton ironique, même si ce
manoir regorge de pièces secrètes dans lesquelles le butin dont elle n’a pas
voulu se séparer est sans aucun doute dissimulé.
— Artémis…,
murmura pensivement Nicholas. Oui, ce nom m’est familier… Elle a connu son
heure de gloire à une époque avant de disparaître subitement des manchettes des
journaux… Cette révélation ne me surprend guère en vérité. Le passé de
Cassandra explique sa réticence à laisser la police se mêler de l’affaire qui
nous occupe. Et c’est vraisemblablement une de ses anciennes connaissances, un
receleur peut-être, qu’elle est allée voir pour en savoir plus sur l’horloge de
Cylenius.
— Vous
saisissez vite, approuva la jeune fille.
— Cassandra
est une femme tout à fait fascinante, déclara Nicholas d’un air appréciateur.
Megan baissa les yeux, cherchant à dissimuler sa colère
grandissante.
— Si
je puis me permettre, M. Ferguson, pour un avocat, vous ne semblez guère
épris de justice et de droiture !
— Mon
métier m’a appris à ne pas porter de jugements hâtifs sur les individus, voilà
tout. Pourquoi détestez-vous Cassandra à ce point ?
Megan releva la tête et planta son regard furieux dans
celui de Nicholas.
— Vous
tenez vraiment à le savoir ? Parce qu’elle rend mon frère malheureux,
qu’elle le fait souffrir sans pitié depuis des années, qu’elle se moque de lui
et de ses sentiments en permanence ! Excusez-moi de ne pas la trouver
exceptionnelle ! Andrew est tombé amoureux de Cassandra dès qu’il l’a
rencontrée, mais elle n’a jamais daigné lui accorder le moindre regard !
Par sa faute, il se consume à petit feu. Il est trop gentil, je crois que cet
amour à sens unique finira par le tuer…
Megan se tut brusquement, regrettant déjà ses paroles.
Jamais elle n’aurait dû parler ainsi d’Andrew. Les peines de cœur de son frère
ne regardaient en rien Nicholas. Celui-ci savait décidément mener un
interrogatoire.
L’avocat, pour sa part, semblait très amusé par l’accès
de colère de la jeune fille.
— Si
je puis me permettre à mon tour, Miss Ward, vous
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